Bulletin of Physical Education

Bulletin d'Éducation Physique

 

November  1957

 

Contents :

Table des Matières:

The Life Divine

The spiritual Evolution VI

-Sri Aurobindo

La Vie Divine

L'évolution Spirituelle VI

-Sri Aurobindo

Questions and Answers

-The Mother

Entretiens

-La Mère

Report on the Quarter

Rapport Trimestriel

Illustrations

 

 

The Life Divine

 

THE SPIRITUAL EVOLUTION

 

These six chapters of The Life Divine of which the French translation is also given here form the last section of the book comprising Chapters XXIII-XXVIII of Vol. II, Part II and bear the general title, "The Spiritual Evolution". Sri Aurobindo gives here a general outline of the spiritual evolution of mankind and the transformation that will make a divine life upon earth possible.

 

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Les six chapitres de La Vie Divine dont nous publions ici la traduction sous le titre général: L'Évolution Spirituelle, sont les derniers de l'œuvre intégrale: les chapitres XXIII à XXVIII de la deuxième partie. Sri Aurobindo y donne une vue d'ensemble de l'évolution spirituelle de l'humanité et de la transformation qui rendra possible la vie divine sur la terre.


The Life Divine

THE SPIRITUAL EVOLUTION

 VI

THE DIVINE LIFE {continued)

 

In the gnostic or divine being, in the gnostic life, there will be  a close and complete consciousness of the self of others, a consciousness of their mind, life, physical being which are felt as if they were one's own. The gnostic being will act, not out of a surface sentiment of love and sympathy or any similar feeling, but out of this close mutual consciousness, this intimate oneness. All his action in the world will be enlightened by a truth of vision of what has to be done, a sense of the will of the Divine Reality in him which is also the Divine Reality in others, and it will be done for the Divine in others and the Divine in all, for the effectuation of the truth of purpose of the All as seen in the light of the highest Consciousness and in the way and by the steps through which it must be effectuated in the power of the Supernature. The gnostic being finds himself not only in his own fulfilment, which is the fulfilment of the Divine Being and Will in him, but in the fulfilment of others; his universal individuality effectuates itself in the movement of the All in all beings towards its greater be- coming. He sees a divine working everywhere, what goes out from him into the sum of that divine "working, from the inner Light, Will, Force that works in him, is his action. There is no separative ego in him to initiate anything; it is the Transcendent and Universal that moves out through his universalised individuality into the action of the universe. As he does not live for a separate ego, so too he does not live for the purpose of any collective ego, he lives in and for the Divine in himself, in and for the Divine in the

La Vie Divine

L'ÉVOLUTION SPIRITUELLE

VI

LA VIE DIVINE (suite)

 

DANS la vie gnostique, l'être gnostique ou divin aura une -B— conscience intime et complète du moi des autres, une conscience de leur être mental, vital et physique qu'il sentira comme les siens propres. L'être gnostique n'agira pas avec un sentiment superficiel d'amour et de sympathie, ou tout autre sentiment de cette sorte, mais avec la conscience d'une étroite réciprocité, d'une intime unité. Son action dans le monde sera tout entière illuminée par la vérité de la vision de ce qui doit être fait, par la perception de la volonté de la Réalité Divine en lui, qui est aussi la Réalité Divine dans les autres, et il agira pour le Divin dans les autres et le Divin en tout, pour que s'accomplisse la vérité du dessein du Tout, telle qu'elle sera vue dans la lumière de la plus haute Conscience, avec la méthode et le chemin à suivre pour qu'elle s'accomplisse dans le pouvoir de la Supranature. L'être gnostique se trouve lui-même non seulement dans son propre accomplissement, qui est l'accomplissement de l'Être Divin et de la Volonté Divine en lui, mais dans l'accomplissement des autres; son individualité universelle se réalise par le mouvement même du Tout dans tous les êtres vers un plus grand devenir. Il voit partout l'œuvre divine; tout ce qui émane de lui pour se joindre à la somme de l'œuvre divine, tout ce qui vient de la lumière, la volonté et la force intérieures qui œuvrent en lui, est son action. Il n'y a pas d'ego séparatif en lui pour prendre l'initiative de quoi que ce soit; c'est le Transcendant et l'Universel qui se meuvent à travers son individualité universalisée, et à

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collectivity, in and for the Divine in all beings. This universality in action, organised by the all-seeing Will in the sense of the realised oneness of all, is the law of his divine living.

It is, then, this spiritual fulfilment of the urge to individual perfection and an inner completeness of being that we mean first when we speak of a divine life. It is the first essential condition of a perfected life on earth, and we are therefore right in making the utmost possible individual perfection our first supreme business. The perfection of the spiritual and pragmatic relation of the individual with all around him is our second preoccupation; the solution of this second desideratum lies in a complete universality and oneness with all life upon earth which is the other concomitant result of an evolution into the gnostic consciousness and nature. But there still remains the third desideratum, a new world, a change in the total life of humanity or, at the least a new perfected collective life in the earth-nature. This calls for the appearance not only of isolated evolved individuals acting in the unevolved mass, but of many gnostic individuals forming a new kind of beings and a new common life superior to the present individual and common existence. A collective life of this kind must obviously constitute itself on the same principle as the life of the gnostic individual. In our present human existence there is a physical collectivity held together by the common physical life-fact and all that arises from it, community of interests, a common civilisation and culture, a common social law, an aggregate mentality, an economic association, the ideals, emotions, endeavours of the collective ego with the strand of individual ties and connections running through the whole and helping to keep it together. Or, where there is a difference in these things, opposition, conflict, a practical accommodation or an organised compromise is enforced by the necessity of living together; there is erected a natural or a constructed order. This would not be the gnostic divine way of collective living; for there what would bind and hold all together would be, not the fact of life creating a sufficiently united social consciousness, but a common consciousness consolidating a common life, All will be united by the evolution of the Truth-consciousness  

travers lui se projettent dans l'action de l'univers. Il ne vit pas pour l'ego séparé, pas plus qu'il ne vit pour les fins d'un ego collectif quelconque; il vit dans et pour le Divin qui est en lui, dans et pour le Divin en la collectivité, dans et pour le Divin en tous les êtres. Cette universalité dans l'action, organisée par la Volonté qui voit tout, et avec le sens de l'unité réelle de toutes choses, est la loi de l'existence divine.

Par vie divine nous entendons donc, en premier lieu, un accomplissement spirituel de l'aspiration à la perfection individuelle, et une plénitude intérieure de l'être. C'est la première condition essentielle d'une vie parfaite sur la terre, et nous avons donc raison quand nous faisons de la perfection individuelle la plus haute possible, notre tâche première et suprême. La perfection des relations spirituelles et pratiques de l'individu avec tout ce qui l'entoure est notre seconde préoccupation; la solution de cet autre desideratum se trouve dans une universalité et une unité complètes avec toute vie sur la terre, ce qui est l'autre résultat concomitant de l'évolution lorsque l'on passe à une conscience et une nature gnostiques. Mais il reste encore le troisième desideratum, un monde nouveau, un changement dans la vie totale de l'humanité, ou, pour le moins, une vie collective nouvelle et parfaite dans la Nature terrestre. Ceci exige non seulement l'apparition d'individus évolués agissant isolément sur la masse non évoluée, mais d'un grand nombre d'individus gnostiques formant une nouvelle espèce d'êtres et une nouvelle vie commune supérieure à l'existence individuelle et commune présente. Une vie collective de ce genre doit évidemment se constituer sur le même principe que la vie de l'individu gnostique. Dans notre existence humaine présente, il existe une collectivité physique dont la cohésion est assurée par le fait d'une vie physique commune, avec tout ce qui en découle : communauté d'intérêts, civilisation et culture communes, lois sociales communes, mentalité agrégée, associations économiques, idéaux, émotions et efforts de l'ego collectif, avec la trame des relations et des liens individuels qui court à travers le tout et aide à assurer sa cohésion. Et s'il y a une divergence, une opposition, un conflit dans ces choses, un accommodement pratique est imposé ou un compromis s'organise devant

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in them; in the changed way of being which this consciousness would bring about in them, they will feel themselves to be embodiments of a single self, souls of a single Reality, illumined and motived by a fundamental unity of knowledge, actuated by a fundamental unified will and feeling, a life expressing the spiritual Truth would find through them its own natural forms of becoming. An order there would be, for truth of oneness creates its own order: a law or laws of living there might be, but these would be self-determined, they would be an expression of the truth of a spiritually united being and the truth of a spiritually united life. The whole formation of the common existence would be a self-building of the spiritual forces that must work themselves out spontaneously in such a life: these forces would be received inwardly by the inner being and expressed or self-expressed in a native harmony of idea and action and purpose.

An increasing mechanisation, a standardisation, a fixing of all into a common mould in order to ensure harmony is the mental method, but that would not be the law of this living. There would be a considerable free diversity between different gnostic communities, each would create its own body of the life of the spirit: there would be, too, a considerable free diversity in the self-expression of the individuals of a single community. But this free diversity would not be a chaos or create any discord; for a diversity of one Truth of knowledge and one Truth of life would be a correlation and not an opposition. In a gnostic consciousness there would be no ego-insistence on personal idea and no push or clamour of personal will and interest: there would be instead the unifying sense of a common Truth in many forms, a common self in many consciousnesses and bodies; there would be a universality and plasticity which saw and expressed the One in many figures of itself and worked out oneness in all diversities as the inherent law of the Truth-consciousness and its truth of nature. A single Consciousness-Force, of which all would be aware and see themselves as its instruments, would act through all and harmonise their action together. The gnostic being would feel a single consonant Force of supernature acting in all: he would accept its formation in himself and obey or use the knowledge and power

la nécessité de vivre ensemble; un ordre naturel ou artificiel se construit. Tel ne sera pas le mode gnostique ou divin d'existence collective, car là, ce qui liera l'ensemble et lui donnera sa cohésion, ce ne sera pas le fait que la vie crée une conscience sociale suffisamment unie, mais le fait qu'une conscience commune consolide une vie commune. Tous seront unis par le développement de la Conscience de Vérité en eux, et avec la transformation que cette conscience apportera dans leur manière d'être, ils se sentiront les incarnations d'un moi unique, les âmes d'une seule Réalité. Illuminée et mue par une unité fondamentale de connaissance, animée par une volonté et un sentiment fondamentalement unifiés, la vie exprimera la Vérité spirituelle et trouvera, à travers eux, ses propres formes naturelles de devenir. Il y aura un ordre, car la vérité de l'unité crée son ordre propre, il se peut aussi qu'il y ait une ou plusieurs lois pour régler la vie, mais celles-ci seront spontanément déterminées, elles seront l'expression de la vérité d'un être spirituellement unifié, l'expression de la vérité d'une vie spirituellement unifiée. La formation tout entière de l'existence commune sera l'œuvre des forces spirituelles qui doivent s'exprimer spontanément dans une vie comme celle-là, ces forces seront reçues intérieurement par l'être intérieur et seront exprimées ou s'exprimeront spontanément dans une harmonie naturelle d'idée, d'action et de but.

La méthode mentale consiste à mécaniser toujours davantage, à standardiser, à fixer tout dans un moule commun afin d'obtenir l'harmonie, mais telle ne sera pas la loi de la vie gnostique. Il y aura une libre et considérable diversité entre les différentes communautés gnostiques, chacune donnera un corps particulier à la vie de l'Esprit, il y aura aussi une libre et considérable diversité dans l'expression propre des individus d'une même communauté. Mais cette libre diversité ' ne sera pas un chaos, elle ne créera aucune discorde, car la diversité dans une même Vérité de connaissance, une même Vérité de vie, sera une corrélation, non une opposition. Dans une conscience gnostique il n'y aura pas affirmation égoïste d'une idée personnelle, ni poussée, ni clameurs d'une volonté ou d'un intérêt personnel, mais au contraire, le sens unificateur d'une Vérité commune sous de multiples formes, d'un

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it gave him for the divine work, but he would be under no (Urge or compulsion to set the power and knowledge in him against the power and knowledge of others or affirm himself as an ego striving against other egos. For the spiritual self has its own in- alienable joy and plenitude inviolable in all conditions, its own infinity of truth of being : that it feels always in fullness whatever may be the outward formulation. The truth of the spirit within would not depend on a particular formation, it would have no need, therefore, to struggle for any particular outward formulation and self-affirmation: forms would arise of themselves plastically, in suitable relation to other formulations and each in its own place in the whole formulation. Truth of gnostic consciousness and being establishing itself can find its harmony with all other truth of being around it. A spiritual or gnostic being would feel his harmony with the whole gnostic life around him, whatever his position in the whole. According to his place in it he would know how to lead or to rule, but also how to subordinate himself, both would be to him an equal delight: for the spirit's freedom, because it is eternal, self-existent and inalienable, can be felt as much in service and willing subordination and adjustment with other selves as in power and rule. An inner spiritual freedom can accept its place in the truth of an inner spiritual hierarchy as well as in the truth, not incompatible with it, of a fundamental spiritual equality. It is this self-arrangement of Truth, a natural order of the spirit, that would exist in a common life of different degrees and stages of the evolving gnostic being. Unity is the basis of the gnostic consciousness, mutuality the natural result of its direct awareness of oneness in diversity, harmony the inevitable power of the working of its force. Unity, mutuality and harmony must therefore be the inescapable law of a common or collective gnostic life. What forms it might take would depend upon the will of evolutionary manifestation of the Supernature, but this would be its general character and principle.

This is the whole sense and the inherent law and necessity of the passage from the purely mental and material being and life to the spiritual and supramental being and life, that the liberation, perfection, self-fulfilment for which the being in the Ignorance is

moi commun en de multiples corps, de multiples consciences; il y aura une universalité et une plasticité qui voient et expriment l'Un en de multiples formes de lui-même et qui manifestent l'unité dans toutes les diversités, parce que c'est la loi inhérente à la Conscience de Vérité et à la vérité de sa nature. Une unique Conscience-Force, que tous percevront et dont ils se verront les instruments, agira à travers eux tous et harmonisera leur action. L'être gnostique sentira qu'une Force unique de la Supranature agit à l'unisson partout, il acceptera son action en lui-même et lui obéira ou utilisera la connaissance et le pouvoir qu'elle lui donne pour l'œuvre divine, mais rien ne pourra le pousser ou le forcer à dresser le pouvoir et la connaissance qui sont en lui, contre la connaissance ou le pouvoir des autres, ou à s'affirmer comme un ego en lutte contre d'autres ego. Car le Moi spirituel possède sa propre joie inaliénable, sa plénitude inviolable quelles que soient les circonstances, et l'infinitude de la vérité propre de son être, et cela il le sent toujours et pleinement, quelle que soit la formulation extérieure. La vérité de l'Esprit au-dedans ne dépendra pas d'une formation particulière; elle n'aura donc pas besoin de lutter pour se formuler et s'affirmer au-dehors d'une manière particulière, — les formes se manifesteront d'elles-mêmes plastiquement, dans une relation appropriée aux autres formulations, et chacune à sa place dans la formulation totale. La vérité de la conscience et de l'être gnostique, lorsqu'elle s'établit, peut trouver l'harmonie avec les vérités de tous les autres êtres qui l'entourent. Un être spirituel ou gnostique sentira son harmonie avec toute la vie gnostique autour de lui, quelle que soit sa position dans le tout. Selon sa place dans l'ensemble, il saura comment commander ou gouverner, mais aussi comment se subordonner; les deux lui donneront une égale félicité, car la liberté de l'Esprit, parce qu'elle est éternelle; existant en soi et inaliénable, peut être sentie tout autant dans le service, la subordination volontaire et l'ajustement avec les autres moi, que dans le pouvoir et l'autorité. Une liberté spirituelle intérieure sait accepter sa place dans la vérité d'une hiérarchie spirituelle intérieure et aussi dans la vérité d'une égalité spirituelle fondamentale, et l'une n'est pas incompatible avec l'autre. C'est cet arrangement spontané de la

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seeking can only be reached by passing out of his present nature of Ignorance into a nature of spiritual self-knowledge and world- knowledge. This greater nature we speak of as Supernature because it is beyond his actual level of consciousness and capacity; but in fact it is his own true nature, the height and completeness of it, to which he must arrive if he is to find his real self and whole possibility of being. Whatever happens in Nature must be the result of Nature, the effectuation of what is implied or inherent in it, its inevitable fruit and consequence. If our nature is a fundamental Inconscience and Ignorance arriving with difficulty at an imperfect knowledge, an imperfect formulation of consciousness and being, the results in our being, life and action and creation must be, as they now are, a constant imperfection and insecure half result, an imperfect mentality, an imperfect life, an imperfect physical existence. We seek to construct systems of knowledge and systems of life by which we can arrive at some perfection of our existence, some order of right relations, right use of mind, right use and happiness and beauty of life, right use of the body. But what we achieve is a constructed half-rightness mixed with much that is wrong and unlovely and unhappy, our successive constructions, because of the vice in them and because mind and life cannot rest permanently anywhere in their seeking, are exposed to destruction, decadence, disruption of their order, and we pass from them to others which are not more finally successful or enduring, even if on one side or another they may be richer and fuller or more rationally plausible. It cannot be otherwise, because we can construct nothing which goes beyond our nature; imperfect, we cannot construct perfection, however wonderful may seem to us the machinery our mental ingenuity invents, however externally effective. Ignorant, we cannot construct a system of entirely true and fruitful self-knowledge or world- knowledge : our science itself is a construction, a mass, of formulas and devices; masterful in knowledge of processes and in the creation of apt machinery, but ignorant of the foundations of our being and of world-being, it cannot perfect our nature and therefore cannot perfect our life.

Our nature, our consciousness is that of beings ignorant of  

Vérité, un ordre naturel de l'Esprit, qui existera dans une vie commune où se trouvent réunis différents degrés et différents stades de l'être gnostique en évolution. L'unité est la base de la conscience gnostique, l'entente mutuelle le résultat naturel de sa perception directe de l'unité dans la diversité, et l'harmonie le pouvoir irrésistible de sa force dans l'action. Unité, entente mutuelle et harmonie doivent donc être la loi inéluctable d'une vie gnostique commune ou collective. La forme qu'elle prendra, dépendra de la volonté de la Supranature dans sa manifestation évolutive, mais tel sera son caractère général et son principe.

Le sens profond, la loi inhérente et la nécessité du passage de l'être et de la vie depuis le niveau purement mental et matériel jusqu'au niveau spirituel et supramental, c'est que la libération, la perfection, l'accomplissement de soi recherchés par l'être dans le monde de l'ignorance, ne peuvent être atteints que s'il sort de sa nature d'ignorance présente pour entrer dans une nature de connaissance spirituelle de soi et du monde. Nous appelons Supranature cette nature plus haute, parce qu'elle est au-delà de son niveau actuel de conscience et de ses possibilités actuelles; mais en fait, c'est sa vraie nature propre, le sommet et l'accomplissement auxquels il lui faut parvenir s'il doit trouver son moi réel et les possibilités totales de son être. Tout ce qui arrive dans la Nature est nécessairement le résultat de la Nature, la manifestation de ce qui est impliqué ou inhérent en elle, son fruit et sa conséquence inévitables. Si notre nature est une inconscience et une ignorance fondamentales qui arrivent avec difficulté à une connaissance imparfaite, une expression imparfaite de la conscience et de l'être, il doit en résulter nécessairement dans notre être, notre vie, notre action et notre création, tels qu'ils sont à présent, une imperfection constante et des effets incertains, incomplets, une mentalité imparfaite, une existence imparfaite, une vie physique imparfaite. Nous essayons de construire des systèmes de connaissance et des systèmes de vie pour tenter de parvenir à une certaine perfection dans notre existence, un certain ordre correct dans nos relations, à un emploi correct du mental, un usage correct de la vie et du bonheur et de la beauté de la vie, à un emploi correct du corps. Mais nous ne parvenons qu'à une

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each other, separated from each other, rooted in a divided ego, who must strive to establish some kind of relation between their embodied ignorances, for the urge to union and forces making for union are there in Nature. Individual and group harmonies of a comparative and qualified completeness are created, a social cohesion is accomplished, but in the mass the relations formed are constantly marred by imperfect sympathy, imperfect under- standing, gross misunderstandings, strife, discord, unhappiness. It cannot be otherwise so long as there is no true union of consciousness founded upon a nature of self-knowledge, inner mutual knowledge, inner realisation of unity, concord of our inner forces of being and inner forces of life. In our social building we labour to establish some approach to unity, mutuality, harmony, because without these things there can be no perfect social living; but what we build is a constructed unity, an association of interests and egos enforced by law and custom and imposing an artificial constructed order in which the interests of some prevail over the interests of others and only a half accepted half enforced, half natural half artificial accommodation keeps the social whole in being. Between community and community there is a still worse accommodation with a constant recurrence of the strife of collective ego with collective ego. This is the best that we can do and all our persistent readjustments of the social order can bring us nothing better than an imperfect structure of life.

It is only if our nature develops beyond itself, if it becomes a nature of self-knowledge, mutual understanding, unity, a nature of true being and true life that the result can be a perfection of ourselves and our existence, a life of true being, a life of unity, mutuality, harmony, a life of true happiness, a harmonious and beautiful life. If our nature is fixed in what it is, what it has already become, then no perfection, no real and enduring happiness is possible in earthly life, we must seek it not at all and do the best we can with our imperfections, or we must seek it else- where, in a supraterrestrial hereafter, or we must go beyond all such seeking and transcend life by an extinction of nature and ego in some Absolute from which this strange and unsatisfactory being of ours has come into existence. But if in us there is a  

semi-rectitude artificielle et mélangée de beaucoup de faussetés, de laideurs et de tristesses. Nos constructions successives, à cause de leur vice et parce que le mental et la vie ne peuvent s'arrêter nulle part de façon permanente dans leur recherche, voient constamment leur ordre menacé de dislocation, de décadence, de destruction, et nous passons de l'une à l'autre, à" beaucoup d'autres qui finalement ne réussissent ni ne durent davantage, même si par un côté ou un autre elles sont plus riches, plus complètes ou plus rationnellement plausibles. Il ne peut en être autrement, parce que nous ne pouvons rien construire qui aille au-delà de notre nature. Imparfaits, nous ne pouvons construire la perfection, si merveilleux que puissent nous paraître les mécanismes inventés par notre ingéniosité mentale et quelle que soit leur efficacité extérieure. Ignorants, nous ne pouvons construire un système de connaissance de soi et du monde entièrement vrai et fécond; notre science elle-même est une construction, une masse de formules et d'expédients; maîtresse dans la connaissance des procédés et la création de mécanismes appropriés, mais ignorante des fondations de notre être et de l'être du monde, elle ne peut pas perfectionner notre nature et, par conséquent, elle ne peut pas rendre notre vie parfaite.

Notre nature, notre conscience est celle d'êtres ignorants les uns des autres, séparés les uns des autres, enracinés dans un ego divisé, qui doivent faire effort pour établir une sorte de relation entre leurs ignorances incarnées; car l'élan vers l'union et les forces qui travaillent à l'union sont là dans la Nature. Des harmonies individuelles et des harmonies de groupe, d'une perfection relative et restreinte, sont créées, une cohésion, sociale s'établit; mais dans l'ensemble, les relations formées sont constamment défigurées par une sympathie imparfaite, une compréhension imparfaite, de grossiers malentendus, des conflits, des discordes, des malheurs. Il ne peut en être autrement aussi longtemps qu'il n'y a pas une véritable union de conscience, une union fondée sur une nature qui possède la connaissance de soi, la connaissance mutuelle intérieure, la réalisation intérieure de l'unité, et qui exprime la concorde des forces intérieures de notre être et des Forces intérieures de notre vie. Dans notre organisation

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spiritual being which is emerging and our present state is only an imperfection or half-emergence, if the Inconscient is a starting- point containing in itself the potency of a superconscience and supernature which has to evolve, a veil of apparent Nature in which that greater consciousness is concealed and from which it has to unfold itself, if an evolution of being is the law, then what we are seeking for is not only possible but part of the eventual necessity of things. It is our spiritual destiny to manifest and become that supernature,—for it is the nature of our true self, our still occult, because unevolved, whole being. A nature of unity will then bring inevitably its life-result of unity, mutuality, harmony. An inner life awakened to a full consciousness and to a full power of consciousness will bear its inevitable fruit in all who have it, self-knowledge, a perfected existence, the joy of a satisfied being, the happiness of a fulfilled nature.

An innate character of the gnostic consciousness and the instrumentation of supernature is a wholeness of sight and action, a unity of knowledge with knowledge, a reconciliation of all that seems contrary in our mental seeing and knowing, an identity of Knowledge and Will acting as a single power in perfect unison with the truth of things; this inborn character of supernature is the foundation of the perfect unity, mutuality, harmony of its action. In the mental being there is a discord of its constructed knowledge with the real or the whole truth of things, so that even what is true in it is often or is eventually ineffective or only partially effective. Our discoveries of truth are overthrown, our passionate effectuations of truth are frustrated, often the result of our action becomes part of a scheme we did not intend for a purpose whose legitimacy we would not acknowledge, or the truth of the idea is deceived by the actual outcome of its pragmatic success. Even if there is a successful realisation of the idea, yet because the idea is incomplete, an isolated construction of the mind separate from the one and whole truth of things, its success must sooner or later end in disillusionment and a new endeavour, The discordance of our seeing and our notions with the tn'' truth and the whole truth of things, the partiality and superficiality of our mind's deceptive constructions, is the cause of  

sociale nous nous efforçons .péniblement de nous approcher de l'unité, de l'entente mutuelle, de l'harmonie, parce que sans elles il ne peut y avoir de vie sociale parfaite; mais nous n'édifions qu'une unité faite de pièces et de morceaux, une association d'intérêts et d'ego qui s'établit de force par la loi et la coutume, et qui impose un ordre artificiellement bâti où les intérêts de quelques-uns l'emportent sur les intérêts des autres, et c'est seulement un accommodement à demi accepté, à demi imposé, mi-naturel, mi-artificiel, qui empêche le tout social de s'écrouler. D'une communauté à l'autre, l'accommodement est pire encore, et nous assistons à la constante récurrence du conflit des ego collectifs entre eux. Nous ne pouvons rien faire de mieux, et tous nos rajustements perpétuels de l'ordre social ne peuvent rien nous apporter de mieux qu'une structure de vie imparfaite.

C'est seulement si notre nature se développe au-delà d'elle-même, si elle devient une nature qui possède la connaissance de soi, la compréhension mutuelle, l'unité, une nature qui soit vie vraie et être vrai, qu'une perfection de nous-mêmes et de notre existence peut s'établir, une vie d'être vrai, une vie d'unité, d'entente mutuelle, d'harmonie, une vie de bonheur vrai, une vie harmonieuse et belle. Si notre nature reste fixée dans ce qu'elle est, dans ce qu'elle est déjà devenue, alors aucune perfection, aucun bonheur réel et durable, ne sont possibles dans la vie terrestre, il est tout à fait vain de les rechercher et nous devons nous arranger de notre mieux avec nos imperfections, ou c'est ailleurs qu'il nous faut chercher perfection et bonheur, dans un au-delà supraterrestre, à moins qu'il ne faille dépasser toutes ces recherches et transcender la vie en abolissant la nature et l'ego dans un quelconque Absolu qui a donné le jour à cet être étrange et peu satisfaisant que nous sommes. Mais si, en nous, il y a un être spirituel en voie d'émergence et si notre état présent n'est qu'une imperfection, une émergence incomplète, si l'inconscient est un point de départ contenant en lui-même la puissance d'une supraconscience, d'une Supranature qui doit se développer dans l'évolution, s'il est le voile d'une Nature apparente où se cache une conscience plus grande et d'où cette conscience doit jaillir et se déployer, si une évolution de l'être est la loi, alors ce que

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our frustration. But there is also not only a discord of know- ledge with knowledge but of will with will and of knowledge with will in the same being, a division and disharmony between them, so that where the knowledge is ripe or sufficient, some will in the being opposes it or the will fails it; where the will is powerful, vehement or firmly or forcefully effective, knowledge guiding it to its right use is lacking. All kinds of disparity and maladjustment and incompleteness of our knowledge, will, capacity, executive force and dealing intervene constantly in our action, our working out of life, and are an abundant source of imperfection or ineffectivity. These disorders, defects and disharmonies are normal to a status and energy of Ignorance and can only be dissolved by a greater light than that of mind nature or life nature. An identity and authenticity and a harmony of truth with truth are the native character of all gnostic seeing and action; as the mind grows into the gnosis, our menial seeing and action lifted into the gnostic light or visited and ruled by it would begin to partake of this character and, even if still restricted and within limits, must become much more perfect and within these limits effective : the causes of our incapacity and frustration would begin to diminish and disappear. But also the larger existence will invade the mind with the potencies of a greater consciousness and a greater force, a bringing out of new powers of the being. Knowledge is power and act of consciousness. Will is conscious power and conscious act of force of being; both in the gnostic being will reach greater magnitudes than any we now know, a higher degree of themselves, a richer instrumentation : for wherever there is an increase of consciousness, there is an increase of the potential force and the actual power of the existence.

In the terrestrial formulation of Knowledge and Power, this correlation is not altogether apparent because there conscious- ness itself is concealed in an original Inconscience and the natural strength and rhythm of its powers in their emergence are diminished and disturbed by the discordances and the veils of the Ignorance. The Inconscient there is the original, potent and automatically effective Force, the conscious mind is only a small labouring agent; but that is because the conscious mind in us  

nous cherchons est non seulement possible, mais fait partie de la nécessité finale des choses. Notre destinée spirituelle est de devenir cette Supranature et de la manifester; — car cette Supranature est la nature de notre vrai moi, de notre être total qui n'est pas encore perceptible parce qu'il n'est pas encore évolué. Une nature fondée sur l'unité produira donc inévitablement dans la vie ses effets d'unité, d'entente mutuelle et d'harmonie. Une vie intérieure éveillée à la pleine conscience et à un plein pouvoir de conscience apportera à tous ceux qui la possèdent son fruit inévitable: la connaissance de soi, une existence parfaite, la joie d'un être satisfait, le bonheur d'une nature accomplie.

La conscience gnostique et les moyens d'expression de la Supranature, ont pour caractère inné une vision totale et une action totale, une unité des connaissances entre elles, une réconciliation de tout ce qui semble contradictoire dans notre façon mentale de voir et de connaître, une identité de la connaissance et de la volonté agissant comme un pouvoir unique et en parfait accord avec la vérité des choses, ce caractère inné de la Supranature est le fondement de l'unité parfaite, de la réciprocité et de l'harmonie parfaites de son action. Dans l'être mental, la connaissance acquise est en désaccord avec la vérité réelle ou totale des choses, si bien que même ce qui est vrai en elle s'avère en fin de compte souvent inefficace, ou seulement partiellement efficace. Les vérités que nous découvrons s'écroulent, nos réalisations passionnées de la vérité sont frustrées, le résultat de notre action devient souvent l'élément d'un plan que nous n'avions pas prévu, d'un dessein dont nous ne reconnaîtrions pas la légitimité, ou bien la vérité de l'idée est trahie par l'aboutissement réel de sa réussite pratique. Même si l'idée réussit à se réaliser, ce succès doit tôt ou tard finir par une désillusion et une nouvelle tentative, parce que l'idée était incomplète, une construction mentale isolée, séparée de la vérité une et totale des choses. Le désaccord de notre vision et de nos conceptions avec la vérité vraie et la vérité totale des choses, le caractère partiel et superficiel des constructions trompeuses de notre mental, sont les causes de notre échec. Mais en outre, dans le même être, il y a désaccord non seulement des connaissances entre elles, mais des volontés entre elles et entre

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has a limited individual action and the Inconscient is an immense action of a universal concealed Consciousness : the cosmic Force, masked as a material Energy, hides from our view by its insistent materiality of process the occult fact that the working of the Inconscient is really the expression of a vast universal Life, a veiled universal Mind, a hooded Gnosis, and without these origins of itself it could have no power of action, no organising coherence. Life-Force also in the material world seems to be more dynamic and effective than Mind; our Mind is free and fully powerful in idea and cognition only : its force of action, its power of effectuation outside this mental field is obliged to work with life and matter as instruments and, under the conditions imposed on it by life and matter, our mind is hampered and half effective. But even so we see that Nature-force in the mental being is much more powerful to deal with himself and with life and matter than Nature-force in the animal; it is the greater force of consciousness and knowledge, the greater emerged force of being and will that constitute this superiority. In human life itself the vital man seems to have a stronger dynamis of action than the mental man because of his superiority in kinetic life- force : the intellectual tends to be effective in thought but in- effective in power over the world, while the kinetic vital man of action dominates life. But it is his use of mind that enables him to arrive at a full exploitation of this superiority, and in the end the mental man by his power of knowledge, his science, is able to extend the mastery of existence far beyond what life in matter could accomplish by its own agencies or what the vital man could accomplish with his life-force and life-instinct without that increase of effective knowledge. An immensely greater power over existence and over Nature must come when a still greater consciousness emerges and replaces the hampered operations of the mental Energy in our too individualised and restricted force of existence.

A certain fundamental subjection of mind to life and matter and an acceptance of this subjection, an inability to make the law of Mind directly dominant and modify by its powers the blinder law and operations of these inferior forces of being, remains even

la connaissance et la volonté, une division et une désharmonie telles que même si la connaissance est mûre ou suffisante, elle est contrecarrée par quelque volonté dans l'être, ou bien c'est la volonté qui fait défaut; et si la volonté est puissante, impétueuse, son efficacité solide et vigoureuse, c'est la connaissance qui manque pour la guider dans son usage correct. Toutes sortes de disparités, de déréglages et d'infirmités dans notre connaissance, notre volonté, notre pouvoir, notre force d'exécution et nos procédés, interviennent constamment dans notre action et notre organisation de la vie, et ils sont une source abondante d'imperfection ou d'inefficacité. Ces désordres, ces défauts et ces désharmonies sont normaux pour une énergie et un statut qui appartiennent à l'ignorance,—ils ne peuvent être dissous que par une lumière plus grande que celle de la nature mentale et vitale. L'identité et l'authenticité, l'harmonie des vérités entre elles sont le caractère naturel à toute vision et toute action gnostiques. A mesure que le mental croîtra dans la Gnose, notre vision et notre action mentales, soulevées jusqu'à la lumière gnostique ou visitées et gouvernées par elle, commenceront à partager ce caractère et, même si elles sont encore restreintes et limitées, elles deviendront beaucoup plus parfaites et efficaces dans ces limites, les causes de notre impuissance et de nos échecs, commenceront à diminuer et à disparaître. En outre, une existence plus vaste prendra possession du mental avec les potentialités d'une conscience plus grande et d'une force plus grande, et fera apparaître de nouveaux pouvoirs dans l'être. La connaissance est pouvoir et acte de conscience, la volonté est pouvoir conscient et acte conscient de la force d'être, toutes deux atteindront dans l'être gnostique une amplitude plus grande que toutes celles que nous connaissons, un degré d'elles-mêmes plus élevé, leurs moyens d'expression seront plus riches, car partout où il y a accroissement de la conscience, il y a aussi accroissement de la force potentielle et du pouvoir réel de l'existence.

Dans la formulation terrestre de la Connaissance et du Pouvoir, cette corrélation n'est pas toujours évidente parce que la conscience elle-même y est cachée dans une inconscience originelle; la force et le rythme naturels de ces pouvoirs sont diminués lorsqu'ils

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in the midst of our greatest mental mastery over self and things; but this limitation is not insuperable. It is the interest of occult knowledge that it shows us—and a dynamic force of spiritual know- ledge brings us the same evidence—that this subjection of Mind to Matter, of the spirit to a lesser law of life is not what it at first appears to be, a fundamental condition of things, an inviolable and unalterable rule of Nature. The greatest, most momentous natural discovery that man can make is this that mind, and still more the force of the spirit, can in many tried and yet untried ways and in all directions—by its own nature and direct power and not only by devices and contrivances such as the superior material instrumentation discovered by physical Science—overcome and control life and matter. In the evolution of the gnostic supernature this direct power of consciousness, this direct action of the force of the being, its free mastery and control of life and matter, would be consummated and reach their acme. For the greater knowledge of the gnostic being would not be in the main an outwardly acquired or learned knowledge, but the result of an evolution of consciousness and of the force of consciousness, a new dynamisarion of the being. As a consequence, he would awake to and possess many things, a clear and complete knowledge of self, a direct knowledge of others, a direct knowledge of hidden forces, a direct knowledge of the occult mechanism of mind and life and matter, which are beyond our present attainment. This new knowledge and action of knowledge would be based on an immediate intuitive consciousness of things and an immediate intuitive control of things; an operative insight, now supernormal to us, would be the normal functioning of this consciousness, and an integral assured effectivity both in the mass of action and in its detail would be the outcome of the change. For the gnostic being would be in unison and communion with the Consciousness- Force that is at the root of everything : his vision and his will would be the channel of the supramental Real-Idea, the self-effective Truth-Force, his action would be a free manifestation of the power and workings of the root Force of existence, the force of an all-determining conscious spirit whose formulations of consciousness work out inevitably in mind, life and matter. Acting

émergent, et dérangés par les discordances et les voiles de l'Ignorance. Ici, l'Inconscient est la force originelle, puissante et automatiquement efficace, le mental conscient n'est qu'un petit agent travailleur; mais cela vient de ce que le mental conscient en nous a une action individuelle limitée, tandis que l'Inconscient est l'action immense d'une Conscience universelle cachée. La Force cosmique, masquée sous l'énergie matérielle, cache en effet à notre vue, par l'insistante matérialité de ses processus, le fait occulte que l'action de l'Inconscient est en réalité l'expression d'une vaste vie universelle, d'un mental universel voilé, d'une gnose enfouie, et si telles n'étaient pas ses origines, il n'aurait aucun pouvoir d'action, aucune cohésion organisatrice. La force vitale aussi, dans le monde matériel, semble être plus dynamique et plus efficace que le mental. Notre mental n'est libre et pleinement puissant que dans le domaine de l'idée et de la cognition; en dehors de ce domaine mental, sa force d'action et son pouvoir de réalisation sont obligés de travailler avec la vie et la matière comme instruments, du fait des conditions qui lui sont imposées par la vie et la matière, il est entravé et à demi efficace. Et cependant, nous voyons que la force de la Nature dans l'être mental a une action beaucoup plus puissante sur celui-ci et sur la vie et la matière, qu'elle n'en a dans l'animal, cette supériorité tient à l'émergence d'une force de conscience et de connaissance plus grande, d'une force d'être et de volonté plus grande. Dans la vie humaine elle-même l'homme vital semble avoir un dynamisme d'action plus fort que l'homme mental à cause de sa supériorité en force vitale cinétique; l'intellectuel est efficace dans la pensée, mais il tend à être inefficace dans son pouvoir sur le monde, tandis que l'homme d'action vital et cinétique domine la vie. Mais c'est l'emploi du mental qui lui permet d'exploiter pleinement cette supériorité, et finalement, par le pouvoir de sa connaissance, par sa science, l'homme mental est capable d'étendre sa maîtrise de l'existence très au-delà de ce que la vie dans la matière peut accomplir par ses propres moyens, ou de ce que l'homme vital peut accomplir avec sa force vitale et son instinct vital sans l'appoint de cette connaissance agissante. Un pouvoir immensément plus grand sur l'existence et sur la Nature doit venir quand une conscience

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in the light and power of the supramental knowledge, the evolving gnostic being would be more and more master of himself, master of the forces of consciousness, master of the energies of Nature, master of his instrumentation of life and matter. In the lesser status, the intermediate stages or formations of the evolving gnostic nature this power would not be present in its fullness : but in some degree of its activities it would be there; incipient and increasing with the ascent of the scale, it would be a natural concomitant of the growth of consciousness and knowledge.

A new power and powers of consciousness would be, then, an inevitable consequence of an evolution of Consciousness- Force passing beyond mind to a superior cognitive and dynamic principle. In their essential nature these new powers must have the character of a control of mind over life and matter, of the conscious life-will and life-force over matter, of the spirit over mind, life and matter, they would have the character also of a breaking down of the barriers between soul and soul, mind and mind, life and life : such a change would be indispensable for the instrumentation of the gnostic life. For a total gnostic or divine living would include not only the individual life of the being but the life of others made one with the individual in a common uniting consciousness. Such a life must have for its main constituting power a spontaneous and innate, not a constructed, unity and harmony, this can only come by a greater identity of being and consciousness between individual and individual unified in their spiritual substance, feeling themselves to be self and self of one self-existence, acting in a greater unitarian force of knowledge, a greater power of the being. There must be an inner and direct mutual knowledge based upon a consciousness of oneness and identity, a consciousness of each other's being, thought, feeling, inner and outer movements, a conscious communication of mind with mind, of heart with heart, a conscious impact of life upon life, a conscious interchange of forces of being with forces of being; in any absence or deficiency of these powers and their intimate light there could not be a real or complete unity or a real and complete natural fitting of each individual's being, thought, feeling, inner and outer movements with those of the indi-

plus grande encore, émergera et remplacera les opérations entravées de l'énergie mentale dans notre force d'existence trop individualisée et trop restreinte.

Au milieu même de notre maîtrise mentale la plus grande sur le moi et les choses, il subsiste une certaine sujétion fondamentale du mental à la vie et à la matière et une acceptation de cette sujétion, une impuissance à faire dominer directement la loi du mental et à modifier par ses pouvoirs la loi et les opérations plus aveugles des forces inférieures de l'être; mais cette limitation n'est pas insurmontable. L'intérêt de la connaissance occulte est de nous montrer — et la force dynamique d'une connaissance spirituelle nous apporte la même preuve, — que cette sujétion du mental à la matière, de l'Esprit à une loi inférieure de la vie, n'est pas ce qu'elle semble être tout d'abord, une condition fondamentale des choses, une règle inaltérable et inviolable de la Nature. La plus grande, la plus importante découverte naturelle que l'homme puisse faire, est que le mental, et plus encore la force de l'Esprit, peut de bien des manières connues et encore inconnues et dans toutes les directions, surmonter et maîtriser la vie et la matière par sa propre nature et son propre pouvoir direct, et pas seulement en se servant d'appareils et d'artifices tels que les instruments matériels supérieurs inventés par les sciences physiques. Avec l'évolution de la Supranature gnostique, ce pouvoir direct de la conscience, cette action directe de la force de l'être, son libre contrôle et sa libre maîtrise de la vie et de la matière trouveront leur achèvement et leur sommet. Car la connaissance plus grande de l'être gnostique ne sera pas dans l'ensemble une connaissance apprise ou extérieurement acquise, elle sera le résultat d'une évolution de la conscience et de la force de la conscience, une nouvelle dynamisation de l'être. L'être gnostique s'éveillera donc à beaucoup de choses qui "sont au-delà de notre portée actuelle, et il les possédera : une claire et complète connaissance du moi, une connaissance directe d'autrui, une connaissance directe des forces cachées, une connaissance directe du mécanisme occulte du mental, de la vie et de la matière. Cette nouvelle connaissance et cette nouvelle action de la connaissance seront basées sur une conscience intuitive immédiate des choses et sur une maîtrise

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viduals around him. A growing basis and structure of conscious unanimism, we might say, would be the character of this more evolved life.

Harmony is the natural rule of the spirit, it is the inherent law and spontaneous consequence of unity in multiplicity, of unity in diversity, of a various manifestation of oneness. In a pure and blank unity there could be indeed no place for harmony, for there is nothing to harmonise; in a complete or a governing diversity there must be either discord or a fitting together of differences, a constructed harmony. But in a gnostic unity in multiplicity the harmony would be there as a spontaneous expression of the unity, and this spontaneous expression .presupposes a mutuality of consciousness aware of other consciousness by a direct inner contact and interchange. In infrarational life harmony is secured by an instinctive oneness of nature and oneness of the action of the nature, an instinctive communication, an instinctive or direct vital- intuitional sense-understanding by which the individuals of an animal or insect community are able to co-operate. In human life this is replaced by understanding through sense-knowledge and mental perception and communication of ideas by speech, but the means that have to be used are imperfect and the harmony and co-operation incomplete. In a gnostic life, a life of super- reason and supernature, a self-aware spiritual unity, of being and a spiritual conscious community and interchange of nature would be the deep and ample root of understanding : this greater life would have evolved new and superior means and powers of uniting consciousness inwardly with consciousness; intimacy of consciousness communicating inwardly and directly with consciousness, thought with thought, vision with vision, sense with I sense, life with life, body-awareness with body-awareness, would be its natural basic instrumentation. All these new powers taking up the old outward instruments and using them as a subordinate means with a far greater power and to more purpose would be put to the service of the self-expression of the spirit in a profound oneness of being and life.

An evolution of innate and latent but as yet unevolved powers of consciousness is not considered admissible by the modern

intuitive immédiate des choses; une vision intérieure agissante, maintenant supranormale 'pour nous, sera le fonctionnement normal de cette conscience, et une efficacité intégrale et sans défaillance, à la fois dans l'ensemble de l'action et dans ses détails, sera le résultat de ce changement. Car l'être gnostique sera à l'unisson et en communion avec la Conscience-Force qui est à la source de toutes choses : sa vision et sa volonté seront le canal de l'Idée-Réelle supramentale, de la Force de Vérité dans sa réalisation spontanée; son action sera une libre manifestation du pouvoir et du jeu de la Force fondamentale de l'existence, la force d'un Esprit conscient qui détermine tout et dont les formulations de conscience s'expriment inévitablement dans le mental, la vie et la matière. Agissant dans la lumière et le pouvoir de la connaissance supramentale, l'être gnostique en évolution sera de plus en plus maître de lui, maître des forces de la conscience, maître des énergies de la Nature, maître de ses moyens d'expression dans la vie et la matière. Dans les états moins développés, les stades ou les formations intermédiaires de la nature gnostique en évolution, ce pouvoir ne sera pas présent dans toute sa plénitude, mais dans une certaine mesure il présidera à ses activités; naissant et se développant à mesure que les échelons de l'ascension sont gravis, il accompagnera naturellement la croissance de la conscience et de la connaissance.

Un nouveau pouvoir de conscience, ou de nouveaux pouvoirs, seront donc la conséquence inévitable d'une évolution de la Conscience-Force lorsqu'elle passe au-delà du mental à un principe cognitif et dynamique supérieur. De par leur nature essentielle, ces pouvoirs nouveaux doivent avoir pour caractère une maîtrise du mental sur la vie et la matière, de la volonté vitale et de la force vitale conscientes sur la matière, de l'Esprit sur le mental, la vie et la matière. Leur caractère sera aussi de briser les barrières entre âme et âme, mental et mental, vie et vie; un tel changement sera en effet indispensable pour une expression adéquate de la vie gnostique. Car une existence gnostique ou divine totale embrassera non seulement la vie individuelle de l'être, mais la vie des autres devenue une avec celle de l'individu dan? une conscience unificatrice commune. Une vie comme

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mind, because these exceed our present formulation of Nature and, to our ignorant preconceptions founded on a limited experience, they seem to belong to the supernatural, to the miraculous and occult; for they surpass the known action of material Energy which is now ordinarily accepted as the sole cause and mode of things and the sole instrumentation of the World-Force. A human working of marvels, by the conscious being discovering and developing an instrumentation of material forces overpassing anything that Nature has herself organised, is accepted as a natural fact and an almost unlimited prospect of our existence; an awaken- ing, a discovery, an instrumentation of powers of consciousness and of spiritual, mental and life forces overpassing anything that Nature or man has yet organised is not admitted as possible. But there would be nothing supernatural or miraculous in such an evolution, except in so far as it would be a supernature or superior nature to ours just as human nature is a supernature or superior nature to that of animal or plant or material objects. Our mind and its powers, our use of reason, our mental intuition and insight, speech, possibilities of philosophical, scientific, aesthetic discovery of the truths and potencies of being and a control of its forces are an evolution that has taken place: yet it would seem impossible if we took our stand on the limited animal consciousness and its capacities; for there is nothing there to warrant so prodigious a progression. But still there are vague initial manifestations, rudimentary elements or arrested possibilities in the animal to which our reason and intelligence with their extraordinary developments stand as an unimaginable journey from a poor and unpromising point of departure. The rudiments of spiritual powers belonging to the gnostic supernature are similarly there even in our ordinary composition, but only occasionally and sparsely active. It is not irrational to suppose that at this much higher stage of the evolution a similar but greater progression starting from these rudimentary beginnings might lead to another immense development and departure.

In mystic experience, — when there is an opening of the inner centres, or in other ways, spontaneously or by will or endeavour or in the very course of the spiritual growth,—new powers of

celle-ci doit avoir pour pouvoir constitutif principal une unité et une harmonie spontanées et innées, et non artificielles, ceci ne peut venir qu'avec une identité plus grande de l'être et de la conscience des individus entre eux, unifiés dans leur substance spirituelle, se sentant tous comme un même moi d'une existence unique, agissant tous avec une force de connaissance unitaire plus grande, un plus grand pouvoir de l'être. Dans cette vie gnostique, il doit y avoir une connaissance mutuelle intérieure et directe, basée sur une conscience d'unité et d'identité, chacun ayant conscience de l'être d'autrui, de ses pensées, ses sentiments, ses mouvements intérieurs et extérieurs, une communication consciente de mental à mental, de cœur à cœur, une pénétration consciente de vie à vie, un échange conscient de forces d'être à forces d'être. Si ces pouvoirs et leur lumière intime font défaut ou sont insuffisants, il ne peut y avoir d'unité réelle ou complète, ni d'ajustement naturel réel et complet de l'être de chaque individu, de ses pensées, ses sentiments, ses mouvements intérieurs et extérieurs avec ceux des individus qui l'entourent. Une base et une structure de plus en plus vaste d'unanimisme conscient, si l'on peut dire, sera le caractère de cette vie plus évoluée.

L'harmonie est le principe naturel de l'Esprit, c'est la loi inhérente et la conséquence spontanée de l'unité dans la multiplicité, de l'unité dans la diversité, d'une manifestation variée de l'unique. Dans une unité pure et vide il n'y aurait évidemment pas de placé pour l'harmonie, car il n'y aurait rien à harmoniser; dans une diversité complète ou prédominante il y aurait soit discorde, soit ajustement des différences, c'est-à-dire une harmonie artificielle. Mais avec l'unité gnostique dans la multiplicité, l'harmonie sera une expression spontanée de l'unité, et cette expression spontanée présuppose une interpénétration des consciences percevant les autres consciences par un contact et un échange intérieurs directs. Dans la vie infrarationnelle, l'harmonie est assurée par une unité naturelle instinctive, une communication instinctive, une compréhension sensorielle instinctive ou vitale et intuitive directe, grâce auxquelles les individus d'une communauté d'animaux ou d'insectes peuvent coopérer. Dans la vie humaine ceci fait place à une compréhension née d'une connaissance sensorielle,

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consciousness have been known to develop; they present them- selves as if an automatic consequence of some inner opening or in answer to a call in the being, so much so that it has been found necessary to recommend to the seeker not to hunt after these powers, not to accept or use them. This rejection is logical for those who seek to withdraw from life, for all acceptance of greater power would bind to life or be a burden on the bare and pure urge towards liberation. An indifference to all other aims and issues is natural for the God-lover who seeks God for His own sake and not for power or any other inferior attraction; the pursuit of these alluring but often dangerous forces would be a deviation from his purpose. A similar rejection is a necessary self-restraint and a spiritual discipline for the immature seeker, since such powers may be a great, even a deadly peril; for their supernormality may easily feed in him an abnormal exaggeration of the ego. Power in itself may be dreaded as a temptation by the aspirant to perfection, because power can abase as well as elevate; nothing is more liable to misuse. But when new capacities come as an in- evitable result of the growth into a greater consciousness and a greater life and that growth is part of the very aim of the spiritual being within us, this bar does not operate; for a growth of the being into supernature and its life in supernature cannot take place or cannot be complete without bringing with it a greater power of consciousness and a greater power of life and the spontaneous development of an instrumentation of knowledge and force normal to that supernature. There is nothing in this future evolution of the being which could be regarded as irrational or incredible; there is nothing in it abnormal or miraculous: it would be the necessary course of the evolution of consciousness and its forces in the pas- sage from the mental to the gnostic or supramental formulation of our existence. This action of the forces of supernature would be a natural, normal and spontaneously simple working of the new higher or greater consciousness into which the being enters in the course of his self-evolution; the gnostic being accepting the gnostic life would develop and use the powers of this greater consciousness, even as man develops and uses the powers of his mental nature.

d'une perception mentale et d'une communication des idées par la parole, mais les moyens auxquels il faut avoir recours sont imparfaits et l'harmonie et la coopération incomplètes. Dans la vie gnostique,— une vie de supraraison et de supranature, — la source vaste et profonde de la compréhension sera une unité de l'être spirituelle et spontanément consciente, une communauté de nature spirituelle et consciente, un échange spirituel et conscient entre natures. Cette vie plus grande fera naître des moyens et des pouvoirs nouveaux et supérieurs pour unir intérieurement une conscience à une autre; ses moyens d'expression naturels et fondamentaux seront une intimité de conscience communicant intérieurement et directement avec les autres consciences, une intimité de pensée à pensée, de vision à vision, de sens à sens, de vie à vie, de conscience du corps à conscience du corps. Tous ces pouvoirs nouveaux reprendront les vieux instruments extérieurs et les utiliseront comme des moyens subordonnés, avec une puissance bien plus grande et un dessein plus vaste, et ils serviront l'expression de l'Esprit dans une profonde unité de l'être et de la vie.

Le développement de pouvoirs de conscience innés et latents, mais qui ne sont pas encore apparus dans l'évolution, n'est pas considéré comme possible par la pensée moderne, et cela parce que ces pouvoirs dépasseraient la formulation présente de la Nature, et que pour nos préjugés ignorants basés sur une expérience limitée, ils semblent appartenir au surnaturel, au miraculeux et à l'occulte. Ils dépassent en effet l'action connue de l'énergie matérielle qui à présent est d'ordinaire tenue pour la seule cause, le seul mode des choses, et le seul moyen d'action de la force universelle. On admet comme un fait naturel et une perspective presque "illimitée de notre existence, que l'être conscient, par ses découvertes et son utilisation des forces matérielles, crée des merveilles humaines qui dépassent tout ce que la Nature avait à elle seule organisé, mais par contre, on n'admet pas qu'il soit possible d'éveiller, de découvrir, d'utiliser des pouvoirs de conscience et des forces spirituelles, mentales et vitales dépassant tout ce que la Nature ou l'homme ont déjà organisé. Une évolution de ce genre n'aurait pourtant rien de surnaturel

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It is evident that such an increase of the power or powers of consciousness would be not only normal but indispensable to a greater and more perfect life. Human life with its partial harmony, in so far as that is not maintained by the imposition of a settled law and order on the constituent individuals through a partly willing, partly induced, partly forced or unavoidable acceptance, reposes on the agreement of the enlightened or interested elements in their mind, heart, life-sense, an assent to a composite body of common ideas, desires, vital satisfactions, aims of existence. But there is in the mass of constituting individuals an imperfect understanding and knowledge of the ideas, life-aims, life-motives which they have accepted, an imperfect power in their execution, an imperfect will to maintain them always unimpaired, to carry them out fully or to bring the life to a greater perfection: there is an element of struggle and discord, a mass of repressed or un- fulfilled desires and frustrated wills, a simmering suppressed un- satisfaction or an awakened or eruptive discontent of unequally satisfied interests, there are new ideas, life-motives that break in and cannot be correlated without upheaval and disturbance; there are life-forces at work in human beings and their environment that are at variance with the harmony that has been constructed, and there is not the full power to overcome the discord and dislocations created by a clashing diversity of mind and life and by the attack of disrupting forces in universal Nature. What is lacking is a spiritual knowledge and spiritual power, a power over self; a power born of inner unification with others, a power over the surrounding or invading world-forces, a full-visioned and fully equipped power of effectuation of knowledge; it is these capacities missing or defective in us that belong to the very substance of gnostic being, for they are inherent in the light and dynamis of the gnostic nature.

But, in addition to the imperfect accommodation of the minds, hearts, lives of the constituting individuals in a human society, the mind and life of the individual himself are actuated by forces that are not in accord with each other; our attempts to accord them are imperfect, and still more imperfect is our force to put any one of them into integral or satisfying execution in

ou de miraculeux, sinon que ce serait l'oeuvre d'une supranature, d'une nature supérieure à la nôtre, tout comme la nature humaine est une supranature ou une nature supérieure à celle de l'animal, de la plante ou des objets matériels. Notre mental et ses pouvoirs, notre usage de la raison, notre intuition et notre pénétration mentales, la parole, nos philosophies, nos sciences, notre esthétique avec les possibilités qu'elles nous donnent de découvrir les vérités et les potentialités de l'être et de maîtriser ses forces, font partie d'une évolution qui a déjà eu lieu; elle semblerait cependant impossible si nous nous placions au point de vue de la conscience animale limitée et de ses capacités; car on ne voit chez l'animal rien qui rende plausible un progrès si prodigieux. Et pourtant, il y a dans l'animal de vagues manifestations initiales, des éléments rudimentaires ou des possibilités en suspens auprès desquelles notre raison et notre intelligence avec leurs développements extraordinaires, apparaissent comme un voyage inimaginable depuis un point de départ si pauvre et si peu prometteur. De même, les rudiments des pouvoirs spirituels propres à la Supranature gnostique sont déjà présents, même dans la constitution ordinaire de notre nature, mais leur activité n'est encore que fortuite et sporadique. Il n'est pas irrationnel de supposer qu'à ce stade très avancé de l'évolution, un progrès similaire mais plus grand, à partir de ces débuts rudimentaires, pourra conduire vers un autre développement immense, vers une ère nouvelle.

L'expérience mystique montre que de nouveaux pouvoirs de conscience se développent quand se produit l'ouverture des centres intérieurs, ou par d'autres moyens, spontanément, ou par la volonté et l'effort, ou simplement au cours de la croissance spirituelle. Ils viennent comme une conséquence automatique de l'ouverture intérieure, ou comme une réponse à un appel dans l'être, au point que l'on a trouvé nécessaire de recommander au chercheur de ne pas faire la chasse à ces pouvoirs, de ne pas les accepter, ni s'en servir. Ce rejet est logique pour ceux qui cherchent à se retirer de la vie; car toute acceptation de pouvoirs plus grands lierait à la vie ou alourdirait l'élan pur et nu vers la libération. L'indifférence pour tous les autres buts ou résultats,

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life. Thus the law of love and sympathy is natural to our consciousness; as we grow in spirit, its demand on us increases: but there is also the demand of the intellect, the push of the vital force and its impulses in us, the claim and pressure of many other elements that do not coincide with the law of love and sympathy, nor do we know how to fit them all into the whole law of existence or to render any or all of them either justly and entirely effective or imperative. In order to make them concordant and actively fruitful in the whole being and whole life, we have to grow into a more complete spiritual nature; we have, by that growth, to live in the light and force of a higher and larger and more integral consciousness of which knowledge and power, love and sympathy and play of life-will are all natural and ever-present accorded elements; we have to move and act in a light of Truth which sees intuitively and spontaneously the thing to be done and the way to do it and intuitively and spontaneously fulfils itself in the act, and the force,—taking up into that intuitive spontaneity of their truth, into its simple spiritual and supreme normality, the complexity of our forces of being and suffusing with their harmonised realities all the steps of Nature.

It should be evident that no rationalised piecing together or ingenuity of mental construction can accord or harmonise this complexity; it is only the intuition and self-knowledge of an awakened spirit that can do it. That would be the nature of the evolved supramental being and his existence; his spiritual sight and sense would take up all the forces of the being in a unifying consciousness and bring them into a normality of accorded action: for this accord and concord are the true normality of the spirit, the discord, the disharmony of our life and nature is abnormal to it although it is normal to the life of the Ignorance. It is indeed because it is not normal to the spirit that a knowledge within us is dissatisfied and strives towards a greater harmony in our existence. This accord and concord of the whole being, which is natural to the gnostic individual, would be equally natural to a community of gnostic beings; for it would rest on a union of self with self in the light of a common and mutual self-awareness. It is true that in the total terrestrial existence  

est naturel pour l'amant de Dieu qui cherche Dieu pour l'amour de Dieu et non pour acquérir des pouvoirs ou pour toute autre attraction inférieure; la poursuite de ces forces attrayantes mais souvent dangereuses, le détournerait de son but. Ce même rejet est une retenue nécessaire et une discipline spirituelle pour le chercheur qui n'est pas mûr; car de tels pouvoirs peuvent mettre en grand péril, et même en péril mortel; leur caractère supranormal peut facilement en effet nourrir dans le chercheur une exagération anormale de l'ego. L'aspirant à la perfection peut redouter le pouvoir en soi comme une tentation, car le pouvoir peut avilir aussi bien qu'élever; rien n'est plus susceptible d'abus. Mais si de nouvelles facultés font leur apparition comme un résultat inévitable de la croissance en une plus grande conscience et une vie plus grande, et si cette croissance est le but même de l'être spirituel au-dedans de nous, cet interdit ne tient plus; car la croissance de l'être en la Supranature et sa vie dans la Supranature, ne peut se produire ou s'achever sans apporter avec elle un pouvoir de conscience plus grand et un plus grand pouvoir sur la vie, un développement spontané des instruments de connaissance et de force qui sont normaux à cette Supranature. Dans cette évolution future de l'être il n'est rien qui puisse être considéré comme incroyable ou irrationnel; il n'y a rien d'anormal ou de miraculeux en elle; ce sera le cours nécessaire de l'évolution de la conscience et de ses forces lorsque nous passerons de la formulation mentale à la formulation gnostique ou supramentale de notre existence. Cette action des forces de la supranature sera le fonctionnement naturel, normal et spontanément simple de la nouvelle conscience plus haute et plus grande dans laquelle entre l'être au cours de sa propre évolution. En acceptant la vie gnostique, l'être gnostique développera et utilisera les pouvoirs de cette conscience plus grande; tout comme l'homme développe et utilise les pouvoirs de sa nature mentale.

Il est évident qu'un tel accroissement du ou des pouvoirs de la conscience sera non seulement normal mais indispensable à une vie plus .vaste et plus parfaite. La vie humaine avec son. harmonie partielle, — dans la mesure où cette harmonie n'est pas assurée par une loi ou un ordre établis qui sont imposés aux

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of which the gnostic life would he a part, there would be still continuing within it a life belonging to a less evolved order; the intuitive and gnostic life would have to fit into this total existence and carry into it as much of its own law of unity and harmony as may be possible. Here the law of spontaneous harmony might seem a part, there would be still continuing within it a life with the ignorant life around it would not be founded on a mutuality of self-knowledge and a sense of one being and common consciousness, it would be a relation of action of knowledge to action of ignorance. But this difficulty need not be so great as it seems now to us; for the gnostic knowledge would carry in . it a perfect understanding of the consciousness of the Ignorance, and it would not be impossible, therefore, for an assured gnostic life to harmonise its existence with that of all the less developed life co-existent with it in the earth-nature.

If this is our evolutionary destiny, it remains for us to see where we stand at this juncture in the evolutionary progression,— a progression which has been cyclic or spiral 'rather than in a straight line or has at least journeyed in a very zigzag swinging curve of advance,—and what prospect there is of any turn towards a decisive step in the near or measurable future. In our human aspiration towards a personal perfection and the perfection of the life of the race the elements of the future evolution are fore- shadowed and striven after, but in a confusion of half-enlightened knowledge, there is a discord between the necessary elements, an opposing emphasis, a profusion of rudimentary unsatisfying and ill-accorded solutions. These sway between the three principal preoccupations of our idealism,—the complete single development of the human being in himself, the perfectibility of the individual, a full development of the collective being, the perfectibility of society, and,- more pragmatically restricted, the perfect or best possible relations of individual with individual and society and of community with community. An exclusive or dominant emphasis is laid sometimes on the individual, some- times on the collectivity or society, sometimes on a right and balanced relation between the individual and the collective human whole. One idea holds up the growing life, freedom or perfection

individus de la société par une acceptation mi-volontaire, mi-provoquée, quand elle n'est pas obligatoire ou forcée, — repose sur l'accord des parties éclairées ou intéressées de leur mental, leur cœur, leur vie sensorielle, sur un assentiment à un ensemble composite d'idées communes, de satisfactions vitales et de désirs communs, sur une existence dont les buts sont communs. Mais la masse des individus qui composent la société a une compréhension et une connaissance imparfaites des idées, des buts et des principes de vie qu'elle a acceptés, son pouvoir est imparfait pour les mettre à exécution, sa volonté imparfaite pour les maintenir toujours intacts, les réaliser pleinement ou pour conduire la vie vers une perfection plus grande; il y a un élément de conflit et de discorde, une masse de désirs refoulés ou insatisfaits et de volontés frustrées, un ferment de mécontentement réprimé, parfois un éveil et une éruption furieuse des intérêts inégalement satisfaits; de nouvelles idées apparaissent, des mobiles de vie nouveaux qui ne peuvent trouver leur place sans commotion ni bouleversement; des forces vitales sont à l'œuvre dans les êtres humains et leur entourage, qui sont en désaccord avec l'harmonie déjà édifiée, et il manque un pouvoir suffisant pour surmonter les discordes et les dislocations créées par la diversité irréconciliable du mental et de la vie et par les attaques des forces de désagrégation dans la Nature universelle. Ce qui fait défaut, c'est une connaissance spirituelle et un pouvoir spirituel, le pouvoir sur soi-même, un pouvoir né de l'unification intérieure avec les autres, un pouvoir sur les forces universelles qui nous entourent ou nous envahissent, un pouvoir qui ait la pleine vision et tous les moyens nécessaires pour réaliser la connaissance. Ces pouvoirs qui nous manquent ou qui sont défectueux en nous, appartiennent à la substance même de l'être gnostique, car ils sont inhérents à la lumière et au dynamisme de la nature gnostique.

Mais outre l'ajustement imparfait du mental, du cœur et de la vie des individus qui composent une société humaine, le mental et la vie de l'individu lui-même sont mus par des forces qui ne s'accordent pas entre elles; nos tentatives pour les mettre d'accord sont imparfaites, et bien plus imparfaite encore notre force pour donner une expression satisfaisante ou intégrale dans

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of the human individual as the true object of our existence,— whether the ideal be merely a free self-expression of the personal being or a self-governed whole of complete mind, fine and ample life and perfect body, or a spiritual perfection and liberation. In this view society is there only as a field of activity and growth for the individual man and serves best its function when it gives as far as possible a wide room, ample means, a sufficient freedom or guidance of development to his thought, his action, his growth, his possibility of fullness of being. An opposite idea gives the collective life the first or the sole importance; the existence, the growth of the race is all the individual has to live for the society or for mankind, or, even, he is only a cell of the society, he has no other use or purpose of birth, no other meaning of his presence in Nature, no other function. Or it is held that the nation, the society, the community is a collective being, revealing its soul in its culture, power of life, ideals, institutions, all its ways of self-expression, the individual life has to cast itself in that mould of culture, serve that power of life, consent only to exist as an instrument for the maintenance and efficiency of the collective existence. In another idea the perfection of man lies in his ethical and social relations with other men; he is a social being and has to live for society, for others, for his utility to the race; the society also is there for the service of all, to give them their right relation, education, training, economic opportunity, right frame of life. In the ancient cultures the greatest emphasis was laid on the community and the fitting of the individual into the community, but also there grew up an idea of the perfected individual; in ancient India it was the idea of the spiritual individual that was dominant, but the society was of extreme importance because in it and under its moulding influence the individual had to pass first through the social status of the physical, vital, mental being with his satisfaction of interest, desire, pursuit of knowledge and right living before he could reach fitness for a truer self-realisation and a free spiritual existence. In recent times the whole stress has passed to the life of the race, to a search for the perfect society, and latterly to a concentration on the right organisation and scientific mechanisation of the life of man-

la vie à l'une quelconque d'entre elles. Ainsi la loi d'amour et de sympathie est naturelle à notre conscience, et à mesure que nous croissons dans l'Esprit, elle exige davantage de nous; mais il y a aussi les exigences de l'intellect, la poussée de la force vitale et ses impulsions en nous, la revendication et la pression de beaucoup d'autres éléments qui ne coïncident pas avec la loi d'amour et de sympathie, et nous ne savons pas non plus comment adapter tous ces éléments à la loi totale de l'existence, ni comment les rendre tous, ou même l'un d'entre ,eux, entièrement]et justement efficaces ou impératifs. Si nous voulons les faire concorder et qu'ils portent activement leurs fruits dans la totalité de l'être et la totalité de la vie, il nous faut croître en une nature spirituelle plus complète, et, par cette croissance, vivre dans la lumière et la force d'une conscience plus haute, plus vaste et plus intégrale dont la connaissance et le pouvoir, l'amour et la sympathie et le jeu de la volonté dans la vie, sont tous des éléments naturels et toujours présents, en parfait accord. Il nous faut nous mouvoir et agir dans la lumière de Vérité qui voit intuitivement et spontanément la chose à faire et le moyen de la faire, et qui intuitivement et spontanément s'accomplit dans l'acte et dans la force, parce qu'elle absorbe dans la spontanéité intuitive de leur vérité, dans sa simple normalité spirituelle et suprême, la complexité des forces de notre être, et qu'elle imprègne de leurs réalités harmonisées tous les degrés de la Nature.

Il devrait être évident qu'aucune combinaison rationnelle, aucune construction 'mentale si ingénieuse soit-elle, ne peut mettre d'accord ou harmoniser cette complexité; seule l'intuition, la connaissance spontanée de l'Esprit éveillé, en a le pouvoir. Telle sera la nature de l'être supramental évolué et de son existence; sa vision et son sens spirituels embrasseront toutes les forces de l'être dans une conscience, unificatrice et les amèneront normalement à une action concordante, car cet accord et cette concorde sont l'état normal vrai de l'Esprit; la discorde, la désharmonie de notre vie et de notre nature sont anormales pour lui, alors qu'elles sont normales pour la vie de l'ignorance. En fait, c'est parce qu'elles ne sont pas normales pour l'Esprit que la connaissance qui est en nous n'est pas satisfaite et qu'elle fait effort

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kind as a whole : the individual now tends more to be regarded only as a member of the collectivity, a unit of the race whose existence must be subordinated to the common aims and total interest of the organised society, and much less or not at all as a mental or spiritual being with his own right and power of existence. This tendency has not yet reached its acme everywhere, but everywhere it is rapidly increasing and heading towards dominance.

Thus, in the vicissitudes of human thought, on one side the individual is moved or invited to discover and pursue his own self-affirmation, his own development of mind and life and body, his own spiritual perfection, on the other he is called on to efface arid subordinate himself and to accept the ideas, ideals, will, instincts, interests of the community as his own. He is moved by Nature to live for himself and by something deep within him to affirm his individuality, he is called upon by society and by a certain mental idealism to live for humanity or for the greater good of the community. The principle of self and its interest is met and opposed by the principle of altruism. The State erects its godhead and demands his obedience, submission, subordination, self-immolation, the individual has to affirm against this exorbitant claim the rights of his ideals, his ideas, his personality, his con- science. It is evident that all this conflict of standards is a groping of the mental Ignorance of man seeking to find its way and grasping different sides of the truth but unable by its want of integrality in knowledge to harmonise them together. A unifying and harmonising knowledge can alone find the way, but that knowledge belongs to a deeper principle of our being to which oneness and integrality are native. It is only by finding that in ourselves that we can solve the problem of our existence and with it the problem of the true way of individual and communal living.

There is a Reality, a truth of all existence which is greater and more abiding than all its formations and manifestations; to find that truth and Reality and live in it, achieve the most perfect manifestations and formation possible of it, must be the secret of perfection whether of individual or communal being. This Reality is there within each thing and gives to each of its

pour établir une harmonie plus grande dans notre existence. Cet accord et cette concorde de l'être tout entier, qui sont naturels à l'individu gnostique, seront aussi naturels à une communauté d'êtres gnostiques; car ils reposeront sur l'union du moi de chacun avec le moi des autres, dans la lumière d'une conscience de soi commune et réciproque. Il est vrai que la vie gnostique ne sera qu'un élément de l'existence terrestre totale et qu'une vie continuera encore, appartenant à un ordre moins évolué; la vie intuitive et gnostique devra donc s'ajuster à cette existence totale et lui apporter autant qu'il est possible sa propre loi d'unité et d'harmonie. Ici la loi d'harmonie spontanée pourrait sembler inapplicable, puisque les relations de la vie gnostique avec la vie ignorante qui l'entoure, ne seront pas fondées sur une connaissance de soi réciproque ni sur la perception d'un être unique et d'une conscience commune, leurs rapports seront ceux d'une action dans la connaissance à une action dans l'ignorance. Mais cette difficulté ne sera pas nécessairement aussi grande qu'elle nous semble maintenant, car la connaissance gnostique portera en elle-même une compréhension parfaite de la conscience dans l'ignorance; il ne sera donc pas impossible à une vie gnostique bien établie d'harmoniser son existence avec celle de toute la vie moins développée qui coexiste avec elle dans la Nature terrestre.

Si telle est notre destinée évolutive, il nous reste à voir à quel point nous en sommes en ce moment critique de la progression évolutive, — progression cyclique ou en spirale plutôt qu'en ligne droite, ou qui tout au moins a suivi dans son voyage les zigzags d'une courbe très sinueuse,—et quelles sont les possibilités d'orientation vers une étape décisive dans un avenir plus ou moins proche. Notre aspiration humaine vers la perfection personnelle et la perfection de la vie de l'espèce, laisse présager les éléments d'une évolution future qu'elle s'efforce d'atteindre, mais dans la confusion d'une connaissance à demi éclairée; il y a désaccord entre les éléments nécessaires, une opposition des points de vue, une profusion de solutions aussi rudimentaires et peu satisfaisantes que mal accordées. Celles-ci oscillent entre les trois préoccupations principales de notre idéalisme : un développement complet et indépendant de l'être humain en lui-même,

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formations its power of being and value of being. The universe is a manifestation of the Reality, and there is a truth of the universal existence, a Power of cosmic being, an all-self or world-spirit. Humanity is a formation or manifestation of the Reality in the universe, and there is a truth and self of humanity, a human spirit, a destiny of human life. The community is a formation of the Reality, a manifestation of the spirit of man, and there is a truth, a self, a power of the collective being. The individual is a formation of the Reality, and there is a truth of the individual, an individual self, soul or spirit that expresses itself through the individual mind, life and body and can express itself too in something that goes beyond mind, life and body, something even that goes beyond humanity. For our humanity is not the whole of the Reality or its best possible self-formation or self-expression, —the Reality has assumed before man existed an infra-human formation and self-creation and can assume after him or in him a suprahuman formation and self-creation. The individual as spirit or being is not confined within his humanity; he has been less than human, he can become more than human. The universe finds itself through him even as he finds himself in the universe, but he is capable of becoming more than the universe, since he can surpass it and enter into something in himself and in it and beyond it that is absolute. He is not confined within the community, although his mind and life are, in a way, part of the communal mind and life, there is something in him that can go beyond them. The community exists by the individual, for its mind and life and body are constituted by the mind and life and body of its composing individuals; if that were abolished or disaggregated, its own existence would be abolished or disaggregated, though some spirit or power of it might form again in other individuals : but the individual is not a mere cell of the collective existence; he would not cease to exist if separated or expelled from the collective mass. For the collectivity, the community is not even the whole of humanity and it is not the world: the individual can exist and find himself elsewhere in humanity or by himself in the world. If the community has a life dominating that of the individuals which constitute it, still it does not consti-

c'est-à-dire la perfectibilité de l'individu, un développement complet de l'être collectif, c'est-à-dire la perfectibilité de la société, et à un point de vue pratique plus restreint, des relations parfaites ou aussi bonnes que possible d'un individu avec l'autre, d'une communauté avec l'autre et de l'individu avec la société. Tantôt l'accent est mis de façon exclusive ou prépondérante sur l'individu, et tantôt sur la collectivité ou la société, tantôt sur une relation juste et équilibrée entre l'individu et la totalité humaine collective. Les uns soutiennent que la vie, la liberté et la perfection toujours plus grandes de l'individu sont le véritable objet de notre existence, — ce peut être simplement un idéal de libre expression de l'être personnel, ou l'idéal d'un tout autonome qui serait formé d'un mental complet, d'une vie belle et ample et d'un corps parfait, ou encore l'idéal d'une perfection et d'une libération spirituelles. Selon cette conception, la société n'existe que comme un champ d'activité et de croissance pour l'homme individuel et elle ne remplit jamais mieux son rôle que quand elle lui donne, autant qu'il est possible, les coudées franches, de vastes moyens, une liberté ou une orientation suffisante pour développer sa pensée, son action, sa croissance, et toutes les possibilités de plénitude de son être. Pour les autres, c'est la vie collective qui a la première importance ou même la seule. L'existence, la croissance de l'espèce est tout, l'individu doit vivre pour la société ou pour l'humanité, dont il n'est même qu'une cellule, sa naissance n'a aucun autre but, aucune autre utilité, sa présence dans la Nature n'a pas d'autre sens, pas d'autre rôle. On soutient aussi que la nation, la société ou la communauté est un être collectif qui révèle son âme dans sa culture, sa puissance de vie, ses idéaux, ses institutions, dans tous ses modes d'expression propre, la vie individuelle doit alors se fondre dans le moule de cette culture, servir cette puissance de vie, consentir à n'exister plus que comme un instrument pour la conservation et l'efficacité de l'existence collective. Suivant une autre conception encore, la perfection de l'homme se trouve dans ses relations morales et sociales avec les autres hommes; il est un être social et il doit vivre pour la société, pour les autres, pour être utile à l'espèce, de son côté, la société est là pour le service de tous, pour leur donner

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tute their whole life. If it has its being which it seeks to affirm by the life of the individuals, the individual also has a being of his own which he seeks to affirm in the life of the community. But he is not tied to that, he can affirm himself in another communal life, or, if he is strong enough, in a nomad existence or in an eremite solitude where, if he cannot pursue or achieve a complete material living, he can spiritually exist and find his own reality and indwelling self of being.

The individual is indeed the key of the evolutionary movement; for it is the individual who finds himself, who becomes conscious of the Reality. The movement of the collectivity is a largely subconscious mass movement, it has to formulate and express itself through the individuals to become conscious: its general mass consciousness is always less evolved than the consciousness of its most developed individuals, and it progresses in so far as it accepts their impress or develops what they develop. The individual does not owe his ultimate allegiance either to the State which is a machine or to the community which is a part of life and not the whole of life : his allegiance must be to the Truth, the Self, the Spirit, the Divine which is in him and in all; not to subordinate or lose himself in the mass, but to find and express that truth of being in himself and help the community and humanity in its seeking for its own truth and fullness of being must be his real object of existence. But the extent to which the power of the individual life or the spiritual Reality within it becomes operative, depends on his own development: so long as he is un- developed, he has to subordinate in many ways his undeveloped self to whatever is greater than it. As he develops, he moves to- wards a spiritual freedom, but this freedom is not something entirely separate from all-existence; it has a solidarity with it because that too is the self, the same spirit. As he moves towards spiritual freedom, he moves also towards spiritual oneness. The spiritually realised, the liberated man is preoccupied, says the Gita, with the good of all beings; Buddha discovering the way of Nirvana must turn back to open that way to those who are still under the delusion of their constructive instead of their real being _ or non-being; Vivekananda, drawn by the Absolute, feels also

leur juste relation, l'éducation, la formation, les possibilités économiques qui conviennent, un vrai cadre de vie. Dans les anciennes civilisations, c'est à la communauté et à l'ajustement de l'individu dans la communauté, que l'on donnait la plus haute importance, mais l'idée de la perfection de l'individu transparaissait aussi. Dans l'Inde antique c'était l'idée de l'individu spirituel qui prédominait, mais la société jouissait d'une importance extrême, parce que c'est en elle et sous son influence formatrice que l'individu devait passer d'abord et traverser le stade social de l'être physique, vital et mental où il trouvait la satisfaction de ses intérêts et de ses désirs, de sa recherche de la connaissance et de la juste manière de vivre, avant de devenir apte à une réalisation de soi plus vraie et à une libre existence spirituelle. A une époque plus récente, toute l'attention s'est portée sur la vie de l'espèce, sur une recherche de la société parfaite, et dernièrement elle s'est concentrée sur une juste organisation et une mécanisation scientifique de la vie de l'humanité dans son ensemble. On tend de plus en plus maintenant à considérer l'individu comme un simple membre de la collectivité, une simple unité dans l'espèce, dont l'existence doit se subordonner aux buts communs et à l'intérêt global de la société organisée, et de moins en moins, ou plus du tout, comme un être mental ou spirituel qui a un droit et un pouvoir sur sa propre existence. Cette tendance n'a pas encore atteint partout son paroxysme, mais partout elle grandit rapidement et menace de tout emporter.

Ainsi, suivant les vicissitudes de la pensée humaine, l'individu est tantôt poussé ou invité à se découvrir lui-même et à rechercher l'affirmation de son moi propre, son propre développement mental, vital et physique, sa propre perfection spirituelle, et tantôt on le somme de s'effacer, de se subordonner et de faire siens les idéaux, les idées, les instincts, les intérêts et la volonté de la communauté. Par la Nature il est poussé à vivre pour lui-même et par quelque chose de profond au-dedans de lui, à affirmer son individualité, et en même temps, la société et un certain idéalisme mental le mettent en demeure de vivre pour l'humanité ou pour le plus grand bien de la communauté. Le principe du moi et l'intérêt du moi se heurtent au principe de l'altruisme

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the call of the disguised Godhead in humanity and most the call of the fallen and the suffering, the call of the self to the self in the obscure body of the universe. For the awakened individual the realisation of his truth of being and his inner liberation and perfection must be his primary seeking, — first, because that is the call of the Spirit within him, but also because it is only by liberation and perfection and realisation of the truth of being that man can arrive at truth of living. A perfected community also can exist only by the perfection of its individuals, and perfection can come only by the discovery and affirmation in life by each of his own spiritual being and the discovery by all of their spiritual unity and a resultant life unity. There can be no real perfection for us except by our inner self and truth of spiritual existence taking up all truth of the instrumental existence into itself and giving to it oneness, integration, harmony. As our only real freedom is the discovery and disengagement of the spiritual Reality within us, so our only means of true perfection is the sovereignty and self-effectuation of the spiritual Reality in all the elements of our nature.

Our nature is complex and we have to find a key to some perfect unity and fullness of its complexity. Its first evolutionary basis is the material life : Nature began with that and man also has to begin with it; he has first to affirm his material and vital existence. But if he stops there, there can be for him no evolution; his next and greater preoccupation must be to find himself as a mental being in a material life — both individual and social — as perfected as possible. This was the direction which the Hellenic idea gave to European civilisation, and the Roman reinforced — or weakened — it with the ideal of organised power : the cult of reason, the interpretation of life by an intellectual thought critical, utilitarian, organising and constructive, the government of life by Science are the last outcome of this inspiration. But in ancient times the higher creative and dynamic element was the pursuit of an ideal truth, good and beauty and the moulding of mind, life and body into perfection and harmony by this ideal. Beyond and above this preoccupation, as soon as mind is sufficiently developed, there awakes in man the spiritual preoccupation, the

qui les contredit. L'État s'érige en divinité et exige l'obéissance, la soumission, la subordination, — qu'il s'immole; contre cette prétention exorbitante l'individu doit affirmer les droits de ses idéaux, de ses idées, de sa personnalité, de sa conscience. Il est évident que tout ce conflit de normes est un tâtonnement de l'ignorance mentale humaine qui cherche son chemin et saisit différents aspects de la vérité, mais est incapable de les harmoniser tous ensemble parce que sa connaissance n'est pas intégrale. Seule une connaissance qui unifie et harmonise peut trouver le chemin, mais cette connaissance appartient à un principe plus profond de notre être, pour lequel l'unité et l'intégralité sont innées. C'est seulement en trouvant ce principe en nous-mêmes que nous pouvons résoudre le problème de notre existence et, en même temps, le problème de la vraie manière de vivre pour l'individu et pour la communauté.

Il y a une Réalité, une vérité de toute existence, qui est plus grande et plus durable que toutes ses formes et ses manifestations. Trouver cette vérité, cette Réalité, et vivre en elle, parvenir à la manifester et à lui donner la forme la plus parfaite possible, tel doit être le secret de la perfection, qu'il s'agisse de l'être individuel ou de l'être collectif. Cette Réalité est là, dans chaque chose, et elle donne à chacune de ses formes son pouvoir d'être et sa valeur d'être. L'univers est une manifestation de cette Réalité, et il y a une vérité de l'existence universelle, un pouvoir de l'être cosmique, un Moi total ou Esprit universel. L'humanité est une forme ou manifestation de cette Réalité dans l'univers, et il y a une vérité, un moi de l'humanité, un esprit humain, une destinée de la vie humaine. La communauté est une forme de cette Réalité, une manifestation de l'esprit de l'homme, et il y a une vérité, un moi, un pouvoir de l'être collectif. L'individu est une forme de cette Réalité, et il y a une vérité de l'individu, un moi individuel, âme ou esprit, qui s'exprime à travers le mental, la vie et le corps de l'individu et peut s'exprimer aussi dans quelque chose qui dépasse le mental, la vie et le corps, quelque chose qui dépasse même l'humanité. Car notre humanité n'est pas toute la Réalité, ni même sa forme ou son expression la meilleure : avant que l'homme n'existe, la Réalité a revêtu une forme et une

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discovery of a self and inmost truth of being and the release of man's mind and life into the truth of the Spirit, its perfection by the power of the Spirit, the solidarity, unity, mutuality of all beings in the Spirit. This was the Eastern ideal carried by Buddhism and other ancient disciplines to the coasts of Asia and Egypt and from there poured by Christianity into Europe. But these motives, burning for a time like dim torchlights in the confusion and darkness created by the barbaric flood that had submerged the old civilisations, have been abandoned by the modern spirit which has found another light, the light of Science. What the modern spirit has sought for is the economic social ultimate,— an ideal material organisation of civilisation and comfort, the use of reason and science and education for the generalisation of a utilitarian rationality which will make the individual a perfected social being in a perfected economic society. What remained from the spiritual ideal was — for a time — a mentalised and moralised humanitarianism relieved of all religious colouring and a social ethicism which was deemed all-sufficient to take the place of a religious and individual ethic. It was so far that the race had reached when it found itself hurried forward by its own momentum into a subjective chaos and a chaos of its life in which all received values were overthrown and all firm ground seemed to disappear from its social organisation, its conduct and its culture.

For this ideal, this conscious stress on the material and economic life was in fact a civilised reversion to the first state of man, his early barbaric state and its preoccupation with life and matter, a spiritual retrogression with the resources of the mind of a developed humanity and a fully evolved Science at its disposal. As an element in the total complexity of human life this stress on a perfected economic and material existence has its place in the whole : as a sole or predominant stress it is for humanity itself, for the evolution itself full of danger. The first danger is a resurgence of the old vital and material primitive barbarian in a civilised form, the means Science has put at our disposal eliminates the peril of the subversion and destruction of an effete civilisation by stronger primitive peoples, but it is the resurgence of the barbarian in ourselves, in civilised man, that is the peril, and  

création infra-humaine, et-elle peut revêtir après lui, ou en lui, une forme ou une création suprahumaine. L'individu, en tant qu'être ou esprit, n'est pas enfermé dans son humanité, — il a été moins qu'humain, il peut devenir plus qu'humain. L'univers se découvre lui-même à travers l'individu, et celui-ci se découvre dans l'univers, ' mais l'individu est capable de devenir plus que l'univers, puisqu'il peut le dépasser et entrer dans quelque chose d'absolu au-dedans de lui-même et de l'univers et au-delà. Il n'est pas non plus enfermé dans la communauté, bien que son mental et sa vie fassent en un sens partie du mental et de la vie de la communauté; il y a quelque chose en lui qui peut aller au-delà. La communauté existe par l'individu, car son mental, sa vie et son corps sont constitués par le mental, la vie et le corps des individus qui la composent; si cela était aboli ou désagrégé, l'existence de la communauté serait abolie ou désagrégée, bien que son esprit ou son pouvoir puisse en partie se reformer dans d'autres individus. Mais l'individu n'est pas une simple cellule de l'existence collective; il ne cesserait pas d'exister s'il était séparé ou expulsé de la masse collective. Car la collectivité, la communauté n'est pas le monde, elle n'est pas même toute l'humanité; l'individu peut exister et se découvrir lui-même ailleurs dans l'humanité ou indépendamment dans le monde. Si la communauté a une vie qui domine celle des individus qui la constituent, elle ne constitue pas pour autant la totalité de leur vie. Si elle a un être propre qu'elle cherche à affirmer dans la vie des individus, l'individu aussi a un être qui lui est propre et qu'il cherche à affirmer dans la vie de la communauté. Mais il n'est pas lié à cela, il peut s'affirmer dans la vie d'une autre communauté, ou, s'il est assez fort, dans l'existence du nomade ou la solitude de l'ermite, et là, s'il ne peut avoir une existence matérielle complète, il peut du moins "exister spirituellement et découvrir sa propre réalité, le moi intime de son être.

L'individu est, en vérité, la clef du mouvement évolutif; car c'est en se découvrant lui-même, qu'il devient conscient de la Réalité. Le mouvement de la collectivité est un mouvement de masse surtout subconscient, et pour devenir conscient, il doit se formuler et s'exprimer dans les individus; la conscience générale

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this we see all around us. For that is bound to come if there is no high and strenuous mental and moral ideal controlling and up- lifting the vital and physical man in us and no spiritual ideal liberating him from himself into his inner being. Even if this relapse is escaped, there is another danger, — for a cessation of the evolutionary urge, a crystallisation into a stable comfortable mechanised social living without ideal or outlook is another possible outcome. Reason by itself cannot long maintain the race in its progress, it can do so only if it is a mediator between the life and body and something higher and greater within him; for it is the inner spiritual necessity, the push from what is there yet unrealised within him that maintains in him, once he has attained to mind, the evolutionary stress, the spiritual nisus. That renounced, he must either relapse and begin all over again or disappear like other forms of life before him as an evolutionary failure, through in- capacity to maintain or to serve the evolutionary urge. At the best he will remain arrested in some kind of mediary typal  perfection, like other animal kinds, while Nature pursues her way beyond him to a greater creation.

At present mankind is undergoing an evolutionary crisis in which is concealed a choice of its destiny; for a stage has been reached in which the human mind has achieved in certain directions an enormous development while in others it stands arrested and be- wildered and can no longer find its way. A structure of the external life has been raised up by man's ever-active mind and life- will, a structure of an unmanageable hugeness and complexity, for the service of his mental, vital, physical claims and urges, a complex political, social, administrative, economic, cultural machinery, an organised collective means for his intellectual, sensational, aesthetic and material satisfaction. Man has created a system of civilisation which has become too-big for his limited mental capacity and understanding and his still more limited spiritual and moral capacity to utilise and manage, a too dangerous servant of his blundering ego and its appetites. For no greater seeing mind, no intuitive soul of knowledge has yet come to his surface of consciousness which could make this basic fullness of life a condition for the free growth of something that exceeded it, This

de la masse est toujours moins évoluée que celle de ses individus les plus développés, et elle progresse dans la mesure où elle accepte leur empreinte et développe ce qu'ils ont déjà développé. En dernier ressort, l'individu ne doit obéissance et fidélité ni à l'État qui est une machine, ni à la communauté qui est une parcelle de la vie et non la totalité de la vie; sa loyauté doit aller à la Vérité, au Moi, à l'Esprit, au Divin, qui est en lui et en toutes choses. L'objet réel de son existence n'est pas de se subordonner à la masse ou de se perdre en elle, mais de trouver et d'exprimer en lui-même cette vérité de l'être, et d'aider la communauté et l'humanité dans la recherche de leur propre vérité, et de la plénitude de leur être. Or le pouvoir de la vie individuelle ou de la Réalité spirituelle qui est en elle, ne devient agissant que dans la mesure où l'individu s'est lui-même développé, aussi longtemps qu'il n'est pas développé, il doit à bien des égards subordonner son moi non développé à ce qui est plus grand que lui. À mesure qu'il se développe, il s'avance vers la liberté spirituelle; mais cette liberté n'est pas entièrement indépendante de l'existence totale,—elle en est solidaire, parce que celle-ci aussi est le Moi, le même Esprit. À mesure que l'individu avance vers la liberté spirituelle, il avance aussi vers l'unité spirituelle. L'homme qui s'est réalisé spirituellement, l'homme libéré, se préoccupe du bien de tous les êtres, dit la Guîtâ; le Bouddha, après avoir découvert le chemin du Nirvana, doit s'en retourner pour ouvrir le chemin à ceux qui ont encore l'illusion de leur être artificiel, au lieu de connaître leur être réel —ou non-être; Vivékânanda, attiré par l'Absolu, entend aussi l'appel de la Divinité qui s'est déguisée dans l'humanité, et surtout l'appel de ceux qui sont tombés et qui souffrent,—l'appel du moi au moi dans le corps obscur de l'univers. Pour l'individu éveillé, la réalisation de la vérité de son être et la libération, la perfection intérieures doivent être la recherche essentielle, — d'abord, parce que tel est l'appel de l'Esprit au-dedans de lui, mais aussi parce que c'est seulement par la libération, la perfection et la réalisation de la vérité de l'être que l'homme peut découvrir la vraie manière de vivre. De même, une communauté parfaite ne peut exister que par la perfection de ses individus, et la perfection ne vient que quand chacun découvre et affirme dans la vie

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new fullness of the means of life might .be, by its power for a release from the incessant unsatisfied stress of his economic and physical needs, an opportunity for the full pursuit of other and greater aims surpassing the material existence, for the discovery of a higher truth and good and beauty, for the discovery of a greater and diviner spirit which would intervene and use life for a higher perfection of the being : but it is being used instead for the multiplication of new wants and an aggressive expansion of the collective ego. At the same time Science has put at his disposal many potencies of the universal Force and has made the life of humanity materially one; but what uses this universal Force is a little human individual or communal ego with nothing universal in its light of knowledge or its movements, no inner sense or power which would create in this physical drawing together of the human world a true life unity, a mental unity or a spiritual oneness. All that is there is a chaos of clashing mental ideas, urges of individual and collective physical want and need, vital claims and desires, impulses of an ignorant life-push, hungers and calls for life satisfaction of individuals, classes, nations, a rich fungus of political and social and economic nostrums and notions, a hustling medley of slogans and panaceas for which men are ready to oppress and be oppressed, to kill and be killed, to impose them somehow or other by the immense and too formidable means placed at his disposal, in the belief that this is his way out to something ideal. The evolution of human mind and life must necessarily lead towards an increasing universality; but on a basis of ego and segmenting and dividing mind this opening to the universal can only create a vast pullulation of unaccorded ideas and impulses, a surge of enormous powers and desires, a chaotic mass of unassimilated and intermixed mental, vital and physical material of a larger existence which, because it is not taken up by a creative harmonising light of the spirit, must welter in a universalised confusion and discord out of which it is impossible to build a greater harmonic life. Man has harmonised life in the past by organised ideation and limitation; he has created societies based on fixed ideas or fixed customs, a fixed cultural system or an organic life-system, each with its own order; the throwing of all these into the melting-pot of a more and more

son propre être spirituel et quand tous découvrent leur unité spirituelle et l'unité de la vie qui en résulte. Pour nous, il ne peut y avoir de réelle perfection à moins que notre moi intérieur et la vérité de l'existence spirituelle n'absorbent en eux-mêmes toute la vérité des moyens d'expression de l'existence et ne leur donnent l'unité, l'intégration et l'harmonie. De même que notre seule liberté réelle est de découvrir et de dégager la Réalité spirituelle qui est en nous, de même notre seul moyen d'atteindre une vraie perfection est d'établir la souveraineté de la Réalité spirituelle pour que celle-ci s'accomplisse dans tous les éléments de notre nature.

Notre nature est complexe et il nous faut trouver la clef qui donnera une unité et une plénitude parfaites à cette complexité. La vie matérielle est sa première base évolutive; c'est de là que la Nature est partie et c'est aussi de là que l'homme doit partir: il doit d'abord affirmer son existence matérielle et vitale. Mais s'il s'arrête là, il ne peut y avoir d'évolution pour lui; sa préoccupation suivante et plus haute doit donc être de découvrir son existence mentale dans une vie matérielle,—à la fois individuelle et sociale,—aussi parfaite que possible. Telle est l'orientation donnée à la civilisation européenne par la pensée hellénique; et la pensée romaine l'a renforcée—ou affaiblie—avec l'idéal du pouvoir organisé. Le culte de la raison, l'interprétation de la vie par une pensée intellectuelle critique, utilitaire, organisatrice et constructrice, le gouvernement de la vie par la science, sont les derniers produits de cette inspiration. Mais dans les temps anciens, l'élément créateur et dynamique le plus important était la recherche du Vrai, du Bien et du Beau, idéals et le modelage du mental, de la vie et du corps suivant la perfection et l'harmonie de cet idéal. Au-delà et au-dessus de cette préoccupation, aussitôt que le mental est suffisamment développé, s'éveille dans l'homme la préoccupation spirituelle : la découverte du moi et de la vérité profonde de l'être, la libération du mental et de la vie humaine dans la vérité de l'Esprit, sa perfection par le pouvoir de l'Esprit, la solidarité, l'unité et l'entente mutuelle de tous les êtres dans l'Esprit. Tel fut l'idéal oriental apporté par le Bouddhisme et d'autres disciplines anciennes jusqu'aux

 

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intermingling life and a pouring in of ever new ideas and motives and facts and possibilities call for a new, a greater consciousness to meet and master the increasing potentialities of existence and harmonise them. Reason and Science can only help by standardising, by fixing everything into an artificially arranged and mechanised unity of material life. A greater whole-being, whole- knowledge, whole-power is needed to weld all into a greater unity of whole-life.

A life of unity, mutuality and harmony born of a deeper and wider truth of our being is the only truth of life that can successfully replace the imperfect mental constructions of the past which were a combination of association and regulated conflict, an accommodation of egos and interests grouped or dove- tailed into each other to form a society, a consolidation by common general life-motives, a unification by need and the pressure of struggle with outside forces. It is such a change and such a re- shaping of life for which humanity is blindly beginning to seek, now more and more with a sense that its very existence depends upon finding the way. The evolution of mind working upon life has developed an organisation of the activity of mind and use of Matter which can no longer be supported by human capacity without an inner change. An accommodation of the ego-centric human individuality, separative even in association, to a system of living which demands unity, perfect mutuality, harmony, is imperative. But because the burden which is being laid on man-kind is too great for the present littleness of the human personality and its petty mind and small life-instincts, because it cannot operate the needed change, because it is using this new apparatus and organisation to serve the old infraspiritual and infrarational life-self of humanity, the destiny of the race seems to be heading dangerously, as if impatiently and in spite of itself, under the drive of the vital ego seized by colossal forces which are on the same scale as the huge mechanical organisation of life and scientific knowledge which it has evolved, a scale too large for its reason and will to handle, into a prolonged confusion and perilous crisis and darkness of violent shifting incertitude. Even if this turns out to be a passing phase or appearance and a tolerable structural,

rivages d'Asie et d'Égypte et, de là, répandu en Europe par le Christianisme. Mais ces principes, qui brûlèrent pour un temps comme de pâles flambeaux dans l'obscurité et la confusion créées par le torrent barbare qui submergea les vieilles civilisations, ont été abandonnés par l'esprit moderne. Celui-ci a trouvé une autre lumière, celle de la science. Ce que l'esprit moderne a poursuivi, c'est un but essentiellement économique et social: une organisation matérielle idéale de la civilisation et du confort, l'usage de la raison, de la science et de l'éducation pour généraliser un rationalisme utilitaire qui fera de l'individu un être social parfait dans une société économique parfaite. Tout ce qui subsista de l'idéal spirituel, ce fut, pendant quelque temps, un humanitarisme mentalisé et moralisé, purgé de toute coloration religieuse, et une morale sociale que l'on jugeait tout à fait suffisante pour prendre la place de la morale religieuse et individuelle. L'espèce humaine en était arrivée là quand par son propre élan elle se trouva précipitée dans un chaos subjectif et une vie chaotique où toutes les valeurs reconnues furent renversées et où toute base solide sembla disparaître de son organisation sociale, de sa conduite et sa culture.

Or cet idéal, cette insistance consciente sur la vie matérielle et économique, n'était en fait qu'un retour civilisé au premier état de l'homme, son premier état barbare avec ses préoccupations vitales et matérielles, une régression spirituelle qui avait à sa disposition toutes les ressources mentales d'une humanité évoluée et d'une science pleinement développée. Cette insistance sur une existence économique et matérielle parfaite, a sa place dans le tout, parce que c'est un élément dans la complexité totale de la vie humaine, mais quand cette insistance veut être unique ou l'emporter sur le reste, elle est pleine de dangers pour l'humanité et pour l'évolution, elle-même. Le premier danger est la résurgence du vieux barbare primitif, vital et matériel, sous une forme civilisée. Les moyens mis à notre disposition par la science éliminent le péril du renversement et de la destruction d'une civilisation épuisée, par des peuples primitifs plus forts' mais c'est la résurgence du barbare en nous-même, dans l'homme civilisé, qui est le péril, et cela nous le voyons partout autour de

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accommodation is found which will enable mankind to proceed less catastrophically on its uncertain journey, this can only be a respite. For the problem is fundamental and in putting it evolutionary Nature in man is confronting herself with a critical choice which must one day be solved in the true sense if the race is to arrive or even to survive. The evolutionary nisus is pushing towards a development of the cosmic Force in terrestrial life which needs a larger mental and vital being to support it, a wider mind, a greater wider more conscious unanimised Life-Soul, Anima, and that again needs an unveiling of the supporting Soul and spiritual Self within to maintain it.

A rational and scientific formula of the vitalistic and materialistic human being and his life, a search for a perfected economic society and the democratic cultus of the average man are all that the modern mind presents us in this crisis as a light for its solution. Whatever the truth supporting these ideas, this is clearly not enough to meet the need of a humanity which is missioned to evolve beyond itself or, at any rate, if it is to live, must evolve far beyond anything that it at present is. A life- instinct in the race and in the average man himself has felt the inadequacy and has been driving towards a reversal of values or a discovery of new values and a transfer of life to a new foundation. This has taken the form of an attempt to find a simple and ready- made basis of unity, mutuality, harmony for the common life, to enforce it by a suppression of the competitive clash of egos and so to arrive at a life of identity for the community in place of a life of difference. But to realise these desirable ends the means adopted have been the forcible and successful materialisation of a few restricted ideas or slogans enthroned to the exclusion of all other thought, the suppression of the mind of the individual, a mechanised compression of the elements of life, a mechanised unity and drive of the life-force, a coercion of man by the State, the substitution of the communal for the individual ego. The communal ego is idealised as the soul of the nation, the race, the community; but this is a collosal and may turn out to be a fatal error. A forced and imposed unanimity of mind, life, action raised to their highest tension under the drive of something which

nous. Et c'est ce qui arrivera inévitablement s'il n'existe pas d'idéal mental et moral vigoureux qui maîtrise et relève l'homme vital et physique en nous et s'il n'existe pas d'idéal spirituel pour nous libérer de nous-même et nous conduire à notre être intérieur. Même si l'on échappe à cette rechute, il y a un autre danger; car l'arrêt de l'élan évolutif, la cristallisation dans une existence sociale stable, confortable et mécanisée, sans idéal et sans horizon, est aussi un dénouement possible. La raison à elle seule ne peut pas longtemps faire progresser l'espèce, elle ne peut y parvenir que si elle sert de médiatrice entre la vie et le corps d'une part et d'autre part quelque chose de plus haut et de plus grand au-dedans de l'homme, car une fois que celui-ci est parvenu au stade mental, ce qui maintient en lui la tension évolutive, l'élan spirituel, c'est la nécessité spirituelle intérieure, la poussée de ce qui au-dedans de lui n'est pas encore réalisé. S'il y renonce, il doit ou retomber ou tout recommencer de nouveau, ou disparaître comme l'ont fait avant lui tant d'autres formes de vie qui échouèrent dans l'évolution, parce qu'elles furent incapables d'entretenir l'élan évolutif ou de le servir. Au mieux, il restera figé dans une sorte de perfection typique intermédiaire, comme d'autres espèces animales, tandis que la Nature le dépassera et poursuivra sa route vers une création plus haute.

L'humanité traverse à l'heure actuelle une crise évolutive qui secrètement recèle le choix de sa destinée; car le mental humain est parvenu à ce stade où il a accompli un développement énorme dans certaines directions tandis qu'en d'autres il est arrêté et désorienté et ne peut plus trouver son chemin. Toujours actifs, le mental et la volonté vitale de l'homme ont érigé une structure de la vie extérieure, une structure ingouvernable par son énormité et sa complexité, et qui est mise au service de ses impulsions et ses exigences mentales, vitales et physiques; il a édifié une machine politique, sociale, administrative, économique et culturelle compliquée, des moyens collectifs organisés pour sa satisfaction intellectuelle, sensorielle, esthétique et matérielle. L'homme a créé un système de civilisation qui est devenu trop énorme pour pouvoir être utilisé et manipulé par

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is thought to be greater, the collective soul, the collective life, is the formula found. But this obscure collective being is not the soul or self of the community, it is a life-force that rises from the subconscient and, if denied the light of guidance by the reason, can be driven only by dark massive forces which are powerful but dangerous for the race because they are alien to the conscious evolution of which man is the trustee and bearer. It is not in this direction that evolutionary Nature has pointed mankind; this is a reversion towards something that she had left behind her.

Another solution that is attempted reposes still on the materialistic reason and a unified organisation of the economic life of the race; but the method that is being employed is the same, a forced compression and imposed unanimity of mind and life and a mechanical organisation of the communal existence. A unanimity of this kind can only be maintained by a compression of all freedom of thought and life, and that must bring about either the efficient stability of a termite civilisation or a drying up of the springs of life and a swift or slow decadence. It is through the growth of consciousness that the collective soul and its life can become aware of itself and develop; the free play of mind and life is essential for the growth of consciousness: for mind and life are the soul's only instrumentation until a higher instrumentation develops; they must not be inhibited in their action or rendered rigid, unplastic and unprogressive. The difficulties or disorders engendered by the growth of the individual mind and life cannot be healthily removed by the suppression of the individual, the true cure can only be achieved by his progression to a greater consciousness in which he is fulfilled and perfected.

An alternative solution is the development of an enlightened reason and will of the normal man consenting to a new socialised life in which he will subordinate his ego for the sake of the right arrangement of the life of the community. If we inquire how this radical change is to be brought about, two agencies seem to be suggested, the agency of a greater and better mental knowledge, right ideas, right information, right training of the social and civic individual and the agency of a new social machinery which

ses facultés limitées de compréhension mentale et par ses facultés spirituelles et morales encore plus limitées,—c'est un serviteur trop dangereux de son ego brouillon et plein d'appétits. Car aucune vision mentale plus haute, aucune âme de connaissance intuitive n'est encore venue à la surface de sa conscience pour se servir de cette abondance matérielle de la vie et en faire la condition d'une libre croissance vers quelque chose qui la dépasse. Par son pouvoir de libérer l'homme de l'obsession incessante de ses besoins économiques et physiques insatisfaits, cette nouvelle richesse des moyens d'existence pourrait être une occasion de poursuivre à loisir d'autres buts plus grands qui dépassent l'existence matérielle, et de découvrir une Vérité, une Beauté et un Bien plus élevés, de découvrir un esprit plus grand et plus divin qui pourrait intervenir et se servir de la vie pour donner à l'être une plus haute perfection; mais au lieu de cela, cette richesse sert à la multiplication des besoins et à l'expansion agressive de l'ego collectif. En même temps, la science mettait à la disposition de l'homme un grand nombre des pouvoirs de la Force universelle et elle rendait matériellement une, la vie de l'humanité, mais ce qui utilise cette Force universelle, c'est un petit ego humain individuel ou collectif qui n'a rien d'universel dans ses mouvements ou dans la lumière de sa connaissance, aucun sens ou pouvoir intérieur qui créerait dans ce rapprochement physique du monde humain, une véritable unité de vie, une unité mentale ou une unité spirituelle. Tout ce que l'on voit maintenant, c'est un chaos d'idées contradictoires, une agitation née des exigences et des besoins physiques individuels et collectifs, les revendications et les passions vitales, les élans et la poussée d'une vie ignorante, les appétits et les clameurs pour satisfaire la vie des individus, des classes, des nations, une prolifération de notions politiques, sociales, économiques, et des remèdes charlatanesques, un méli-mélo tourbillonnant de panacées et de slogans au nom desquels les hommes sont prêts à opprimer ou à se laisser opprimer, à tuer ou se faire tuer, et qu'ils cherchent à imposer d'une manière ou d'une autre par les ressources immenses et formidables dont ils disposent, en s'imaginant que c'est le moyen d'en sortir et d'arriver à quelque chose d'idéal. L'évolution

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will solve everything by the magic of the social machine cutting humanity into a better pattern. But it has not been found in experience, whatever might have once been hoped, that education and intellectual training by itself can change man; it only provides the human individual and collective ego with better information and a more efficient machinery for its self-affirmation, but leaves it the same unchanged human ego. Nor can human mind and life be cut into perfection—even into what is thought to be perfection, a constructed substitute,—by any kind of social machinery ; matter can be so cut, thought can be so cut, but in our human existence matter and thought are only instruments for the soul and the life-force. Machinery cannot form the soul and life-force into standardised shapes, it can at best coerce them, make soul and mind inert and stationary and regulate the life's outward action, but if this is to be effectively done, coercion and compression of the mind and life are indispensable and that again spells either unprogressive stability or decadence. The reasoning mind with its logical practicality has no other way of getting the better of Nature's ambiguous and complex movements than a regulation and mechanisation of mind and life. If that is done, the soul of humanity will either have to recover its freedom and growth by a revolt and a destruction of the machine into whose grip it has been cast or escape by a withdrawal into itself and a rejection of life. Man's true way out is to discover his soul and its self-force and instrumentation and replace by it both the mechanisation of mind and the ignorance and disorder of life- nature. But there would be little room and freedom for such a movement of self-discovery and self-effectuation in a closely regulated and mechanised social existence.

There is the possibility that in the swing back from a mechanistic idea of life and society the human mind may seek refuge in a return to the religious idea and a society governed or sanctioned by religion. But organised religion, though it can provide a means of inner uplift for the individual and preserve in it or behind it a way for his opening to spiritual experience, has not changed human life and society, it could not do so because, in governing society, it had to compromise with the lower parts

du mental et de la vie humaine doit nécessairement conduire à une universalité grandissante, mais fondée sur l'ego, sur un mental qui segmente et divise, cette ouverture à l'universel ne peut que créer un vaste pullulement d'idées et de pulsions discordantes, un jaillissement de pouvoirs et de désirs énormes, une masse chaotique de matériaux mentaux, vitaux et physiques mal assimilés et enchevêtrés qui viennent d'une existence plus large et qui, parce qu'ils ne sont pas pénétrés par la lumière créatrice et harmonisatrice de l'Esprit, doivent bouillonner dans une confusion et une discorde universelles sur laquelle il est impossible de construire une vie harmonieuse et plus grande. Dans le passé, l'homme a harmonisé la vie en organisant ses idées et ses limites; il a créé des sociétés qui se fondaient sur des idées et des coutumes établies, sur un système culturel fixe ou un système organique de vie, chacune avec son ordre propre, mais toutes ces choses ont été précipitées dans le creuset d'une vie de plus en plus entremêlée où des idées, des mobiles, des possibilités et des faits toujours nouveaux se sont déversés, et ceci rend nécessaire l'émergence d'une conscience nouvelle et plus grande pour faire face à cette multiplication des potentialités d'existence, les maîtriser et les harmoniser. La raison et la science ne peuvent aider qu'en standardisant, en fixant toute chose dans l'unité d'une vie matérielle artificiellement ordonnée et mécanisée. Un être intégral, une connaissance intégrale et un pouvoir intégral plus grands sont nécessaires pour fondre tout dans l'unité plus grande d'une vie intégrale.

Une vie d'unité, de réciprocité et d'harmonie, née d'une vérité plus profonde et plus vaste de notre être, est la seule vérité de vie qui puisse remplacer avec succès les constructions mentales imparfaites du passé qui furent un mélange d'association et de conflit organisé, un accommodement d'intérêts et d'ego groupés ou ajustés ensemble pour former une société, une consolidation dictée par des mobiles de vie communs et généraux, une unification par nécessité et sous la pression de la lutte contre les forces extérieures. C'est ce changement, ce remodelage de la vie que l'humanité commence aveuglément à chercher, et de plus en plus maintenant avec le sentiment que son existence même dépend

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of life and could not insist on the inner change of the whole being; it could insist only on a credal adherence, a formal acceptance of its ethical standards and a conformity to institution, ceremony and ritual. Religion so conceived can give a religio-ethical colour or surface tinge,—sometimes, if it maintains a strong kernel of inner experience, it can generalise to some extent an incomplete spiritual tendency, but it does not transform the race, it cannot create a new principle of the human existence. A total spiritual direction given to the whole life and the whole nature can alone lift humanity beyond itself. Another possible conception akin to the religious solution is the guidance of society by men of spiritual attainment, the brotherhood or unity of all in the faith or in the discipline, the spiritualisation of life and society by the taking up of the old machinery of life into such a unification or inventing a new machinery. This too has been attempted before without success, it was the original founding idea of more than one religion : but the human ego and vital nature were too strong for a religious idea working on the mind and by the mind to overcome its resistance. It is only the full emergence of the soul, the full descent of the native light and power of the Spirit and the consequent replacement or transformation and uplifting of our insufficient mental and vital nature by a spiritual and supramental supernature that can effect this evolutionary miracle.

At first sight this insistence on a radical change of nature might seem to put off all the hope of humanity to a distant evolutionary future, for the transcendence of our normal human nature, a transcendence of our mental, vital and physical being, has the appearance of an endeavour too high and difficult and at present, for man as he is, impossible. Even if it were so, it would still remain the sole possibility for the transmutation of life; for to hope for a true change of human life without a change of human nature is an irrational and unspiritual proposition, it is to ask for something unnatural and unreal, an impossible miracle. But what is demanded by this change is not something altogether distant, alien to our existence and radically impossible; for what has to be developed is there in our being and not something outside it: what evolutionary Nature presses for, is an awakenig

de la découverte du chemin. Par son action sur la vie, le mental est parvenu au cours de son évolution à une organisation de l'activité mentale et une utilisation de la matière que l'homme ne peut plus désormais supporter sans changement intérieur. Il est impératif que l'individualité humaine, égocentrique et séparative même dans l'association, s'adapte à un système de vie qui exige l'unité, la parfaite réciprocité et l'harmonie. Mais parce que le fardeau placé sur l'humanité est trop grand pour la petitesse actuelle de la personnalité humaine, pour son petit mental et ses petits instincts vitaux, parce que l'humanité ne peut pas opérer le changement nécessaire, parce qu'elle utilise ses nouveaux instruments et sa nouvelle organisation au service de son vieux moi vital, infraspirituel et infrarationnel, la destinée de l'espèce humaine semble se précipiter dangereusement, et comme impatiemment, comme en dépit d'elle-même, vers une confusion prolongée, une crise périlleuse et l'obscurité d'une violente et mouvante incertitude, sous la poussée d'un ego vital saisi par des forces colossales qui sont à l'échelle même de la formidable organisation mécanique de la vie et de la connaissance scientifique qu'elle a développée, une échelle trop grande pour être maniée par sa raison et sa volonté. Même s'il se révèle que ce n'est là qu'une phase passagère ou une apparence, et que l'on découvre un accommodement tolérable de structure qui permette à l'humanité de poursuivre d'une façon moins catastrophique son incertain voyage, cela ne peut être qu'un répit. Car le problème est un problème' de fondements, et en le posant, la Nature évolutive dans l'homme se place elle-même en face d'un choix critique qu'il lui faudra résoudre un jour dans le vrai sens, si l'espèce doit atteindre son but ou même survivre. L'élan évolutif pousse à un développement de la Force cosmique dans la vie terrestre, et ce développement a besoin d'un être mental et vital plus large qui le soutienne, un mental plus vaste, une âme de vie. Anima, plus grande, plus vaste et plus consciemment unanimisée; et cela aussi exige que l'Âme, le Moi spirituel qui soutient au-dedans se dévoile pour soutenir au-dehors ce développement.

Tout ce que la pensée moderne nous offre comme lumière pour résoudre cette crise, c'est une formule rationnelle et scientifique

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to the knowledge of self, the discovery of self, the manifestation of the self and spirit within us and the release of its self-knowledge, its self-power, its native self-instrumentation. It is, besides, a step for which the whole of evolution has been a preparation and which is brought closer at each crisis of human destiny when the mental and vital evolution of the being touches a point where intellect and vital force reach some acme of tension and there is a need either for them to collapse, to sink back into a torpor of defeat or a repose of unprogressive quiescence or to rend their way through the veil against which they are straining. What is necessary is that there should be a turn in humanity felt by some or many towards the vision of this change, a feeling of its imperative need, the sense of its possibility, the will to make it possible in themselves and to find the way. That trend is not absent and it must increase with the tension of the crisis in human world-destiny; the need of an escape or a solution, the feeling that there is no other solution than the spiritual cannot but grow and become more imperative under the urgency of critical circumstance. To that call in the being there must always be some answer in the Divine Reality and in Nature.

The answer might, indeed, be only individual; it might result in a multiplication of spiritualised individuals or even, conceivably though not probably, a gnostic individual or individuals isolated in the unspiritualised mass of humanity. Such isolated realised beings must either withdraw into their secret divine kingdom and guard themselves in a spiritual solitude or act from their inner light on mankind for what little can be prepared in such conditions for a happier future. The inner change can begin to take shape in a collective form only if the gnostic individual finds others who have the same kind of inner life as himself and can form with them a group with its own autonomous existence or else a separate community or order of beings with its own inner law of life. It is this need of a separate life with its own rule of living adapted to the inner power or motive force of the spiritual existence and creating for it its native atmosphere that has expressed itself in the past in the formation of the monastic life or in attempts of various kinds at a new separate collective

à l'usage de l'être, humain vitaliste et matérialiste, et de sa vie, la recherche d'une société économique parfaite et le culte démocratique de l'homme moyen. Quelle que soit la vérité qui soutient ces idées, ceci n'est évidemment pas suffisant pour répondre aux besoins d'une humanité qui a pour mission d'évoluer au-delà d'elle-même ou qui, en tout cas, si elle doit survivre, doit évoluer très au-delà de ce qu'elle est à présent. L'instinct vital dans l'espèce et dans l'homme moyen lui-même a senti cette insuffisance et pousse à un renversement des valeurs ou à la découverte de valeurs nouvelles et au transfert de la vie sur de nouvelles fondations. On a ainsi essayé de trouver une base simple et toute faite, d'unité, de réciprocité et d'harmonie dans la vie commune, de l'imposer en étouffant la rivalité combative des ego, et d'arriver de cette façon à une vie collective dans l'identité au lieu d'une vie collective dans la différence. Mais pour réaliser ces fins désirables, on n'a rien trouvé de mieux que la matérialisation obligatoire et triomphante d'un petit nombre d'idées restreintes ou de slogans que l'on faisait trôner à l'exclusion de toute autre pensée, la suppression de la pensée individuelle, une compression mécanique des éléments de la vie, une unité mécanisée, une poussée mécanique de la force vitale, une coercition de l'homme par l'État, la substitution de l'ego collectif à l'ego individuel. L'ego collectif s'est ainsi idéalisé comme âme de la nation, de la race, de la communauté; mais c'est là une erreur colossale qui pourrait bien devenir fatale. La seule formule que l'on ait trouvée, c'est une unanimité forcée et imposée, de la pensée, de la vie et de l'action, portées à leur plus haute tension, sous la poussée de quelque chose que l'on croit plus grand : l'âme collective, la vie collective. Mais cet être collectif obscur n'est pas l'âme ou moi de la communauté, c'est une force vitale qui monte du subconscient et qui, privée de la lumière et de la direction de la raison, ne peut être poussée que par des forces massives et ténébreuses qui sont puissantes, mais dangereuses pour l'espèce, parce qu'elles sont étrangères à l'évolution consciente dont l'homme est le dépositaire et le porteur. Ce n'est pas dans cette direction que la Nature évolutive a orienté l'humanité; c'est une réversion à un état qu'elle avait laissé derrière elle.

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living self-governed and other in its spiritual principle than the ordinary human life. The monastic life is in its nature an association of other-worldly seekers, men whose whole attempt is to find and realise in themselves the spiritual reality and who form their common existence by rules of living which help them in that endeavour. It is not usually an effort to create a new life- formation which will exceed the ordinary human society and create a new world-order. A religion may hold that eventual prospect before it or attempt some first approach to it, or a mental idealism may make the same endeavour. But these attempts have always been overcome by the persistent inconscience and ignorance of our human vital nature, for that nature is an obstacle which no mere idealism or incomplete spiritual aspiration can change in its recalcitrant mass or permanently dominate. Either the endeavour fails by its own imperfection or it is invaded by the imperfection of the outside world and sinks from the shining height of its aspiration to something mixed and inferior on the ordinary human level. A common spiritual life meant to express the spiritual and not the mental, vital and physical being must found and maintain itself on greater values than the mental, vital, physical values of the ordinary human society; if it is not so founded, it will be merely the normal human society with a difference. An entirely new consciousness in many individuals transforming their whole being, transforming their mental, vital and physical nature-self, is needed for the new life to appear; only such a transformation of the general mind, life, body nature can bring into being a new worthwhile collective existence. The evolutionary nisus must tend not merely to create a new type of mental beings but another order of beings who have raised their whole existence from our present mentalised  animality to a greater spiritual level of the earth-nature.

Any such complete transformation of the earth-life in a number of human beings could not establish itself altogether at once; even when the turning-point has been reached, the decisive line crossed, the new life in its beginnings would have to pass through a period of ordeal and arduous development. A general change from the old consciousness taking up the whole life into

On a essayé une autre solution qui repose aussi sur la raison matérialiste et une organisation unifiée de la vie économique de l'espèce ; mais la méthode employée est la même : une compression par la force, une unanimité qui s'impose par la contrainte à la pensée et à la vie, et une organisation mécanique de l'existence collective. Une unanimité de cette sorte ne peut se maintenir que par la suppression de toute liberté de pensée et de vie, et elle doit nécessairement aboutir, soit à la stabilité hautement efficace d'une civilisation de termites, soit au dessèchement des sources de vie et à une décadence lente ou rapide. C'est par la croissance de la conscience que l'âme collective et la vie collective peuvent devenir conscientes d'elles-mêmes et se développer ; et le libre jeu de la pensée et de la vie est essentiel à la croissance de la conscience, car la pensée et la vie sont les seuls instruments de l'âme jusqu'à ce que des instruments supérieurs se développent, on ne doit pas paralyser leur action ni les figer ou leur enlever leur plasticité et leur pouvoir de progrès. Les difficultés ou les désordres qui viennent de la croissance de la vie et du mental individuels, ne peuvent être éliminés sans danger par la suppression de l'individu; la vraie guérison ne peut être obtenue que s'il marche vers une conscience plus grande où il trouvera sa plénitude et sa perfection.

Une autre solution encore est de développer chez l'homme normal une raison et une volonté éclairées pour qu'il consente à une nouvelle vie socialisée dans laquelle il subordonnera volontairement son ego pour le bon arrangement de la vie de la communauté. Si nous nous demandons comment ce changement radical peut être effectué, deux moyens semblent être suggérés : d'une part une connaissance mentale plus grande et meilleure, des idées justes, des informations correctes, une éducation vraie de l'individu social et civique, et d'autre part un nouveau mécanisme social qui résoudra tous les problèmes par la magie de la machine sociale taillant toute l'humanité sur un meilleur modèle. Mais en dépit de ce que l'on avait espéré, l'expérience n'a pas prouvé que l'éducation et la formation intellectuelle puissent à elles seules changer l'homme ; elles fournissent simplement à l'ego individuel et collectif une meilleure information et

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the spiritual principle would be the necessary first step, the preparation for this might be long and the transformation itself once begun proceed by stages. In the individual it might after a certain point be rapid and even effect itself by a bound, an evolutionary saltus; but an individual transformation would not be the creation of a new type of beings or a new collective life. One might conceive of a number of individuals thus evolving separately in the midst of the old life and then joining together to establish the nucleus of the new existence. But it is not likely that Nature would operate in this fashion, and it would be difficult for the individual to arrive at a complete change while still enclosed in the life of the lower nature. At a certain stage it might be necessary to follow the age-long device of the separate community, but with a double purpose, first to provide a secure atmosphere, a place and life apart, in which the consciousness of the individual might concentrate on its evolution in surroundings where all was turned and centred towards the one endeavour and, next, when things were ready, to formulate and develop the new life in those surroundings and in this prepared spiritual atmosphere. It might be that, in such a concentration of effort, all the difficulties of the change would present themselves with a concentrated force, for each seeker, carrying in himself the possibilities but also the imperfections of a world that has to be transformed, would bring in not only his capacities but his difficulties and the oppositions of the old nature and, mixed together in the restricted circle of a small and close common life, these might assume a considerably enhanced force of obstruction which would tend to counter-balance the enchanced power and concentration of the forces making for the evolution. This is a difficulty that has broken in the past all the efforts of mental man to evolve something better and more true and harmonious than the ordinary mental and vital life. But if Nature is ready and has taken her evolutionary decision or if the power of the Spirit descending from the higher planes is sufficiently strong, the difficulty would be overcome and a first evolutionary formation or formations would be possible.

But if an entire reliance upon the guiding Light and Will and a luminous expression of the truth of the Spirit in life are to be  

une machinerie plus efficace pour s'affirmer lui-même, mais le laissent tel qu'il est, le même ego humain inchangé. Le mental et la vie de l'homme ne peuvent pas non plus se tailler à la perfection,—ni même à ce que l'on croit être la perfection et qui n'est qu'un succédané artificiel,—par une machine sociale quelle qu'elle soit, la matière peut se tailler ainsi, la pensée peut se tailler ainsi ; mais dans notre existence humaine, la madère et la pensée ne sont que les instruments de l'âme et de la force vitale. Or une machine n'a pas le pouvoir de façonner l'âme et la force vitale pour les faire entrer dans des formes standardisées, elle peut tout au plus les contraindre, réduire l'âme et le mental à l'inertie ou les rendre stationnaires, régler l'action extérieure de la vie, mais pour y parvenir effectivement, une contrainte et une compression du mental et de la vie sont indispensables et cela signifie encore une stabilité sans progrès ou la décadence. L'intelligence raisonnante avec sa logique pratique n'a pas d'autre moyen de tirer parti des mouvements incertains et complexes de la Nature, que par une réglementation et une mécanisation de la pensée et de la vie. Si vraiment elle y parvient, l'âme de l'humanité devra alors, ou bien recouvrer sa liberté et sa croissance par la révolte et la destruction de la machine dans l'étreinte de laquelle elle a été jetée, ou bien s'échapper en se retirant en elle-même et en rejetant la vie. La véritable issue pour l'homme consiste à découvrir son âme avec la force et les moyens d'expression qui lui sont propres, et de s'en servir pour remplacer la mécanisation du mental, l'ignorance et le désordre de la nature vitale. Ce mouvement de découverte de soi et de réalisation de soi n'aurait que bien peu de place et de liberté dans une existence sociale étroitement réglementée et mécanisée.

Il est possible que le mental humain dans son mouvement pendulaire réagira contre la conception mécaniste de la vie et de la société, cherchera refuge dans un retour à la pensée religieuse et à une société gouvernée et consacrée par la religion. Mais la religion organisée n'a pas changé la vie humaine ni la société, bien qu'elle puisse fournir à l'individu un moyen d'élévation intérieure et grâce à cette élévation ou derrière elle préserver un chemin pour son ouverture à l'expérience spirituelle.

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the law, that would seem to presuppose a gnostic world, a world in which the consciousness of all its beings was founded on this basis; there it can be understood that the life-interchange of gnostic individuals in a gnostic community or communities would be by its very nature an understanding and harmonious process. But here, actually, there would be a life of gnostic beings proceeding within or side by side with a life of beings in the ignorance, attempting to emerge in it or out of it, and yet the law of the two lives would seem to be contrary and to offend against each other. A complete seclusion or separation of the life of a spiritual community from the life of the Ignorance would then seem to impose itself: for otherwise a compromise between the two lives would be necessary and with the compromise a danger of contamination or incompleteness of the greater existence, two different and incompatible principles of existence would be in contact and, even though the greater would influence the lesser, the smaller life would also have its effect on the greater, since such mutual impact is the law of all contiguity and interchange. It might even be questioned whether conflict and collision would not be the first rule of their relation, since in the life of the Ignorance there is present and active the formidable influence of those forces of Darkness, supporters of evil and violence, whose interest it is to contaminate or destroy all higher Light that enters into the human existence. An opposition and intolerance or even a persecution of all that is new or tries to rise above or break away from the established order of the human Ignorance, or if it is victorious, an intrusion of the lower forces into it, an acceptance by the world more dangerous than its opposition, and in the end an extinction, a lowering or a contamination of the new principle of life, have been a frequent phenomenon of the past; that opposition might be still more violent and a frustration might be still more likely if a radically new light or new power were to claim the earth for its heritage, But it is to be supposed that the new and completer light would bring also a new and completer power. It might not be necessary for it to be entirely separate; it might establish itself in so many islets and from there spread through the old life, throwing out upon it its own influences and filtrations, gaining upon it, bringing to it

Elle n'a pu les changer parce que, en gouvernant la société, la religion a dû pactiser avec les éléments inférieurs de la vie, elle ne pouvait donc insister sur un changement intérieur de l'être tout entier; tout son insistance s'est portée sur la nécessité d'adhérer au dogme, d'accepter formellement ses principes moraux et de se conformer aux institutions, aux cérémonies et au rituel. Ainsi conçue, la religion peut donner une coloration ou un vernis superficiel éthico-religieux, et si elle conserve un fort noyau d'expérience intérieure, elle peut parfois, jusqu'à un certain point, généraliser une tendance spirituelle fragmentaire, mais elle ne transforme pas l'espèce, elle n'a pas le pouvoir de créer un nouveau principe d'existence humaine. Seule une orientation spirituelle totale donnée à toute la vie et à notre nature tout entière peut soulever l'humanité et la porter au-delà d'elle-même. Une autre conception possible, voisine de la solution religieuse, est de faire diriger la société par des hommes spirituellement accomplis, de créer la fraternité et l'unité générale par la foi ou la discipline, de spiritualiser la vie et la société en incorporant le vieux mécanisme de vie dans cette unification, ou en inventant un nouveau mécanisme. On a essayé cela aussi, autrefois, mais sans succès, ce fut l'idée originelle fondamentale de plus d'une religion; mais l'ego humain et la nature vitale humaine sont trop forts pour qu'une pensée religieuse qui travaille sur le mental et par le mental, suffise à surmonter leur résistance. Seules l'émergence complète de l'âme, la descente complète de la lumière et de la puissance naturelles à l'Esprit, peuvent effectuer ce miracle évolutif, parce qu'elles amènent la transformation et l'élévation de notre nature mentale et vitale insuffisante et qu'elles la remplacent par une supranature spirituelle et supramentale.

A première vue, cette insistance sur un changement radical de nature semble repousser tout espoir pour l'humanité jusque dans un avenir évolutif lointain, car transcender notre nature humaine normale, transfigurer notre être mental, vital et physique, apparaît comme une entreprise trop haute et trop difficile, et à présent impossible, pour l'homme tel qu'il est. Même s'il en était ainsi, cela resterait malgré tout la seule possibilité d'une transmutation de la vie; car espérer un vrai changement de la

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a help and illumination which a new aspiration in mankind might after a time begin to understand and welcome.

But these are evidently problems of the transition, of the evolution before the full and victorious reversal of the manifesting Force has taken place and the life of the gnostic being becomes as much as that of the mental being an established part of the terrestrial world-order. If we suppose the gnostic consciousness to be established in the earth-life, the power and knowledge at its disposal would be much greater than the power and knowledge of mental man, and the life of a community of gnostic beings, supposing it to be separate, would be as safe against attack as the organised  life of man against any attack by a lower species. But as this knowledge and the very principle of the gnostic nature would ensure a luminous unity in the common life of gnostic beings, so also it would be sufficient to ensure a dominating harmony and reconciliation between the two types of life. The influence of the supramental principle on earth would fall upon the life of the Ignorance and impose harmony on it within its limits. It is conceivable that the gnostic life would be separate, but it would surely admit within its borders as much of human life as was turned towards spirituality and in progress towards the heights, the rest might organise itself mainly on the mental principle and on the old foundations, but, helped and influenced by a recognisable greater knowledge, it would be likely to do so on lines of a completer harmonisation of which the human collectivity is not yet capable. Here also, however, the mind can only forecast probabilities and possibilities, the supramental principle in Supernature would itself determine according to the truth of things the balance of a new world-order.

A gnostic Supernature transcends all the values of our normal ignorant Nature, our standards and values are created by ignorance and therefore cannot determine the life of Supernature. At the same time our present nature is a derivation from Supernature and is not a pure ignorance but a half-knowledge, it is therefore reasonable to suppose that whatever spiritual truth there is in or behind its standards and values will reappear in the higher life, not as standards, but as elements transformed, uplifted out of the igno-

vie humaine sans un changement de la nature de l'homme est une entreprise irrationnelle et non spirituelle; c'est demander quelque chose d'irréel et d'antinaturel, un impossible miracle. Mais pour s'accomplir, ce changement ne fait pas appel à des choses très lointaines, étrangères à notre existence et radicalement impossibles; car ce qui doit être développé est déjà là dans notre être, ce n'est pas quelque chose d'extérieur à lui: ce que la Nature évolutive réclame, c'est l'éveil à la connaissance du moi, la découverte du moi, la manifestation du moi ou esprit en nous et la libération de sa connaissance, de son pouvoir et de ses moyens naturels d'expression. En outre, c'est une étape qui a été préparé par l'évolution tout entière et que chaque crise de la destinée humaine rend plus proche, car l'évolution mentale et vitale de l'être arrive à ce point où l'intellect et la force vitale atteignent un paroxysme de tension, et ils doivent ou bien s'effondrer pour retomber dans la torpeur d'une défaite, le repos d'une quiétude sans progrès, ou bien percer leur chemin et déchirer le voile contre lequel ils s'efforcent. Ce qui est nécessaire, c'est qu'un changement d'orientation se produise dans l'humanité, un tournant que quelques-uns peuvent sentir ou même beaucoup, et que les hommes aient la vision de ce changement, qu'ils sentent sa nécessité impérative, perçoivent sa possibilité, aient la volonté de le rendre possible en eux-mêmes et de trouver le chemin. Cette tendance ne fait pas défaut, et elle doit grandir en même temps que grandit la tension de la crise de la destinée humaine; le besoin d'une évasion ou d'une solution, le sentiment qu'il n'est d'autre solution que spirituelle ne peuvent que croître et devenir plus impératifs devant l'urgence des circonstances. Cet appel de l'être provoquera toujours, nécessairement, quelque réponse dans la Réalité Divine et la Nature.

Il pourrait bien se faire que la réponse soit individuelle seulement; il en résulterait une multiplication d'individus spiritualisés ou même, — on peut le concevoir bien que ce soit peu probable,—un individu ou plusieurs individus gnostiques isolés, dans la masse non spiritualisée de l'humanité. De tels êtres isolés, parvenus à la réalisation, devront alors ou bien se retirer dans leur royaume divin secret et se protéger dans une solitude spirituelle,

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ranee and raised into the true harmony of a more luminous existence. As the universalised spiritual individual sheds the limited personality, the ego, as he rises beyond mind to a completer knowledge in Supernature, the conflicting ideals of the mind must fall away from him, but what is true behind them will remain in the life of Supernature. The gnostic consciousness is a conscious- ness in which all contradictions are cancelled or fused into each other in a higher light of seeing and being, in a unified self-knowledge and world-knowledge. The gnostic being will not accept the mind's ideals and standards; he will not be moved to live for himself, for his ego, or for humanity or for others or for the community or for the State; for he will be aware of something greater than these half-truths, of the Divine Reality, and it is for that he will live, for its will in himself and in all, in a spirit of large universality, in the light of the will of the Transcendence. For the same reason there can be no conflict between self-affirmation and altruism in the gnostic life, for the self of the gnostic being is one with the self of all,—no conflict between the ideal of individualism and the collective ideal, for both are terms of a greater Reality and only in so far as either expresses the Reality or their fulfilment serves the will of the Reality, can they have a value for his spirit. But at the same time what is true in the mental ideals and dimly figured in them will be fulfilled in his existence; for while his consciousness exceeds the human values so that he cannot substitute mankind or the community or the State or others or himself for God, the affirmation of the Divine in himself and a sense of the Divine in others and the sense of oneness with humanity, with all other beings, with all the world because of the Divine in them and a lead towards a greater and better affirmation of the growing Reality in them will be part of his life action. But what he shall do will be decided by the Truth of the Knowledge and Will in him, a total and infinite Truth that is not bound by any single mental law or standard but acts with freedom in the whole reality, with respect for each truth in its place and with a clear knowledge of the forces at work and the intention in the manifesting Divine Nisus at each step of cosmic evolution and in each event and circumstance.

ou bien agir sur l'humanité, avec leur lumière intérieure et préparer un avenir meilleur du mieux qu'ils le peuvent dans de pareilles conditions. Le changement intérieur ne peut commencer à prendre corps sous une forme collective que si l'individu gnostique trouve d'autres êtres qui ont une vie intérieure semblable à la sienne et s'il peut constituer avec eux un groupe ayant une existence autonome propre, ou une communauté séparée, un ordre séparé d'individus, ayant sa propre loi intérieure de vie. C'est ce besoin d'une existence séparée, avec une règle de vie propre, adaptée au pouvoir intérieur ou à la force motrice de l'existence spirituelle et lui donnant son atmosphère naturelle, qui dans le passé a donné naissance à la vie monastique ou à divers autres essais de vie collective nouvelle, autonome et séparée, différente de la vie humaine ordinaire par son principe spirituel. Essentiellement, la vie monastique est une association de chercheurs d'un autre monde, d'hommes dont tout l'effort est de trouver et de réaliser en eux-mêmes la réalité spirituelle, et qui fondent leur existence commune sur des règles de vie qui les aident dans cette entreprise. Cet effort ne vise généralement pas à créer une nouvelle forme de vie qui doive dépasser la société humaine ordinaire et établir un ordre nouveau dans le monde. Il se peut qu'une religion ou l'autre ait en vue cette perspective finale et qu'elle fasse un premier effort pour s'en approcher; un idéalisme mental peut aussi faire la même tentative. Mais l'inconscience et l'ignorance persistantes de notre nature vitale humaine ont toujours triomphé de semblables tentatives, car cette nature avec sa masse récalcitrante, est un obstacle qu'un simple idéalisme ou qu'une aspiration spirituelle incomplète ne peuvent changer ni dominer de façon permanente. Ou bien l'entreprise échoue du fait de sa propre imperfection ou bien elle est envahie par l'imperfection du monde extérieur, et, des hauteurs brillantes de son aspiration, elle retombe dans un mélange inférieur sur le plan humain ordinaire. Une vie spirituelle commune destinée à exprimer l'être spirituel et non l'être mental, vital et physique, doit se fonder et se maintenir sur des valeurs plus hautes que les valeurs mentales, vitales et physiques de la société humaine ordinaire, à défaut de ce fondement, elle sera purement et simplement une société humaine normale, avec une légère différence.

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All life for the achieved spiritual or gnostic consciousness must be the manifestation of the realised truth of spirit; only what can transform itself and find its own spiritual self in that greater Truth and fuse itself into its harmony can be accorded a life-acceptance. What will so survive the mind cannot determine, for the supramental gnosis will itself bring down its own truth and that truth will take up whatever of itself has been put forth in our ideals and realisations of mind and life and body. The forms it has taken there may not survive, for they are not likely to be suitable without change or replacement in the new existence; but what is real and abiding in them or even in their forms will undergo the transformation necessary for survival. Much that is normal to human life would disappear. In the light of gnosis the many mental idols, constructed principles and systems, conflicting ideals which man has created in all domains of his mind and life, could command no acceptance or reverence; only the truth, if any, which these specious images conceal, could have a chance of entry as elements of a harmony founded on a much wider basis. It is evident that in a life governed by the gnostic consciousness war with its spirit of antagonism and enmity, its brutality, destruction and ignorant violence, political strife with its perpetual conflict, frequent oppression, dishonesties, turpitudes, selfish interests, its ignorance, ineptitude and muddle could have no ground for existence. The arts and the crafts would exist, not for any inferior mental or vital amusement, entertainment of leisure and relieving excitement or pleasure, but as expressions and means of the truth of the spirit and the beauty and delight of existence. Life and the body would be no longer tyrannous masters demanding nine tenths of existence for their satisfaction, but means and powers for the expression of the spirit. At the same time, since the matter and the body are accepted, the control and the right use of physical things would be a part of the realised life of the spirit in the manifestation in earth-nature.

It is almost universally supposed that spiritual life must necessarily be a life of ascetic spareness, a pushing away of all that is not absolutely needed for the bare maintenance of the body; and this is valid for a spiritual life which is in its nature  

Pour que la vie nouvelle puisse apparaître, il est nécessaire qu'une conscience entièrement nouvelle s'établisse dans un grand nombre d'individus et transforme leur être tout entier, leur moi naturel mental, vital et physique, seule une telle transformation de la nature mentale, vitale et corporelle générale pourra donner naissance à une existence collective nouvelle qui en vaille la peine. La poussée évolutive ne doit pas tendre seulement à créer un nouveau type d'êtres mentaux, mais un autre ordre d'êtres qui hausse son existence tout entière au-dessus de notre présente animalité mentalisée, jusqu'à un niveau spirituel plus grand dans la Nature terrestre.

Une transformation aussi complète de la vie terrestre dans un certain nombre d'êtres humains ne pourra pas s'établir totalement et d'un seul coup; même quand le tournant critique aura été atteint et la ligne décisive franchie, la vie nouvelle à ses débuts devra d'abord traverser une période d'épreuves et de développement ardu. Le tout premier pas sera nécessairement un changement général de l'ancienne conscience, changement qui intégrera la totalité de la vie dans le principe spirituel; la préparation peut en être longue et la transformation une fois commencée, procéder par étapes. Dans l'individu, à partir d'un certain point, cette transformation peut être rapide et même s'effectuer d'un bond, — un saut évolutif; mais une transformation individuelle ne serait pas la création d'un nouveau type d'êtres ou d'une nouvelle vie collective. On peut concevoir qu'un certain nombre d'individus évoluent ainsi, séparément, au sein de la vieille vie, puis se réunissent pour former le noyau de l'existence nouvelle. Mais il est peu probable que la Nature procède de cette façon; il serait d'ailleurs difficile à l'individu de parvenir à un changement complet tout en restant enfermé dans la vie de la nature inférieure. A un certain stade, il sera peut-être nécessaire de reprendre le système séculaire de la communauté séparée, mais avec un double but; d'abord celui de fournir une atmosphère sûre, une place et une vie à part, où l'individu puisse concentrer sa conscience sur son évolution et dans un milieu où tout est tourné vers l'entreprise unique et centré sur elle; ensuite, quand les choses seront prêtes, celui de formuler et de développer la vie nouvelle dans ce milieu et dans cette atmosphère spirituelle

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and intention a life of withdrawal from life. Even apart from that ideal, it might be thought that the spiritual turn must always make for an extreme simplicity, because all else would be a life of vital desire and physical self-indulgence. But from a wider stand- point this is a mental standard based on the law of the Ignorance of which desire is the motive, to overcome the Ignorance, to delete the ego, a total rejection not only of desire but of all the things that can satisfy desire may intervene as a valid principle. But this standard or any mental standard cannot be absolute nor can it be binding as a law on the consciousness that has arisen above desire, a complete purity and self-mastery would be in the very grain of its nature and that would remain the same in poverty or in riches : for if it could be shaken or sullied by either, it would not be real or would not be complete. The one rule of the gnostic life would be the self-expression of the Spirit, the will of the Divine Being; that will, that self-expression could, manifest through extreme simplicity or through extreme complexity and opulence or in their natural balance,—for beauty and plenitude, a hidden sweetness and laughter in things, a sunshine and gladness of life are also powers and expressions of the Spirit. In all directions the Spirit within determining the law of the nature would determine the frame of the life and its detail and circum- stance. In all there would be the same plastic principle; a rigid standardisation, however necessary for the mind's arrangement of things, could not be the law of the spiritual life. A great diversity and liberty of self-expression based on an underlying unity might well become manifest; but everywhere there would be harmony and truth of order.

A life of gnostic beings carrying the evolution to a higher supramental status might fitly be characterised as a divine life; for it would be a life in the Divine, a life of the beginnings of a spiritual divine light and power and joy manifested in material Nature. That might be described, since it surpasses the mental human level, as a life of spiritual and supramental super-manhood. But this must not be confused with past and present ideas of super- manhood; for super-manhood in the mental idea consists of an over- topping of the normal human level, not in kind but in degree  

préparée. Il se peut qu'avec une telle concentration d'efforts, toutes les difficultés du changement se dressent avec une force concentrée. Chaque chercheur en effet porte en lui-même les possibilités, mais aussi les imperfections, du monde qui doit être transformé, il apporte donc non seulement ses capacités mais ses difficultés et les oppositions de la vieille nature; et ce mélange, dans le cercle restreint d'une petite vie commune fermée, peut agir avec une force d'obstruction considérablement accrue qui tendra à contrebalancer la concentration et le pouvoir accrus des forces qui travaillent pour l'évolution. C'est cette difficulté qui, dans le passé, a brisé tous les efforts de l'homme mental pour créer quelque chose de meilleur, de plus vrai et de plus harmonieux que la vie mentale et vitale ordinaire. Mais si la Nature est prête et si elle a pris sa décision évolutive, ou si le pouvoir de l'Esprit qui descend des plans supérieurs est assez fort, la difficulté sera surmontée et un premier noyau évolutif sera possible, ou même plusieurs.

Mais si une entière confiance en la Lumière et la Volonté directrices et une lumineuse expression de la vérité de l'Esprit dans la vie, doivent être la loi, cela semble présupposer un monde foncièrement gnostique, un monde dans lequel la conscience de tous les êtres est fondée sur cette base; on peut comprendre que dans un monde comme celui-là les échanges entre individus gnostiques dans une même communauté ou plusieurs communautés gnostiques différentes, soient par leur nature même harmonieux et compréhensifs. Mais ici-bas en fait, la vie des êtres gnostiques se déroulera côte à côte avec la vie des êtres dans l'ignorance, au milieu d'elle, en faisant effort pour émerger en elle ou en sortir, et alors même que la loi des deux vies semble se contredire et se heurter. Il semble donc indispensable que la vie de la communauté spirituelle s'isole complètement ou se sépare de la vie dans l'ignorance, car autrement il faudrait arriver à un compromis entre les deux vies, et avec le compromis l'existence plus grande risque d'être tronquée ou contaminée par l'existence inférieure; deux principes d'existence différents et incompatibles seront en contact, et même si le plus grand influence le moindre, la vie plus petite aura aussi son effet sur la plus grande, puisque cette action réciproque est la loi de toute contiguïté et de tout échange. On

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of the same kind, by an enlarged personality, a magnified and exaggerated ego, an increased power of mind, an increased power of vital force, a refined or dense and massive exaggeration of the forces of the human Ignorance, it carries also, commonly implied in it, the idea of a forceful domination over humanity by the super- man. That would mean a super-manhood of the Nietzschean type; it might be at its worst the reign of the "blonde beast" or the dark beast or of any and every beast, a return to barbaric strength and ruthlessness and force : but this would be no evolution, it would be a reversion to an old strenuous barbarism. Or it might signify the emergence of the Rakshasa or Asura out of a tense effort of humanity to surpass and transcend itself, but in the wrong direction. A violent and turbulent exaggerated vital ego satisfying itself with a supreme tyrannous or anarchic strength of self-fulfilment would be the type of a Rakshasic super-manhood : but the giant, the ogre or devourer of the world, the Rakshasa, though he still survives, belongs in spirit to the past; a larger emergence of that type would be also a retrograde evolution. A mighty exhibition of an overpowering force, a self-possessed, self-held, even, it may be, an ascetically self-restrained mind-capacity and life-power, strong, calm or cold or formidable in collected vehemence, subtle, dominating, a sublimation at once of the mental and vital ego, is the type of the Asura. But earth has had enough of this kind in her past and its repetition can only prolong the old lines; she can get no true profit for her future, no power of self-exceeding, from the Titan, the Asura : even a great or supernormal power in it could only carry her on larger circles of her old orbit. But what has to emerge is something much more difficult and much more simple; it is a self-realised being, a building of the spiritual self, an intensity and urge of the soul and the deliverance and sovereignty of its light and power and beauty,—not an egoistic super-manhood seizing on a mental and vital domination over humanity, but the sovereignty of the Spirit over its own instruments, its possession of itself and its possession of life in the power of the spirit, a new consciousness in which humanity itself shall find its own self-exceeding and self-fulfilment by the revelation of the divinity that is striving for birth within it. This is the sole true super-manhood and the

peut même se demander si le conflit et la collision ne seront pas la loi première de leur relation, puisque dans la vie de l'ignorance se trouve présente et active l'influence formidable des forces de ténèbres, soutiens du mal et de la violence, qui ont intérêt à contaminer ou à détruire toute lumière plus haute lorsqu'elle entre dans l'existence humaine. L'opposition, l'intolérance, ou même la persécution de tout ce qui est nouveau ou tente de s'élever au-dessus de l'ordre établi par l'ignorance humaine ou de lui échapper, ont été des phénomènes fréquents dans le passé, ou si l'ordre nouveau est victorieux, il se produit fréquemment aussi une intrusion des forces inférieures, une acceptation par le monde, plus dangereuse que son opposition, et finalement un avilissement, une contamination ou une extinction du nouveau principe de vie. Cette opposition pourrait être encore plus violente et l'échec plus probable si une lumière radicalement nouvelle ou un pouvoir radicalement nouveau viennent à revendiquer la terre pour patrimoine. Mais il faut supposer que la lumière nouvelle, plus complète, apportera aussi un pouvoir nouveau, plus complet. Peut-être ne lui sera-t-il pas nécessaire de se séparer entièrement de la vie générale; elle pourra s'établir en de multiples îlots et de là se répandre à travers la vieille vie, l'inondant de sa propre influence ou s'infiltrant en elle, gagnant du terrain, lui apportant une aide et une illumination que l'humanité, soulevée par une nouvelle aspiration, finira peut-être, au bout d'un certain temps, par comprendre et accueillir.

Ce sont là évidemment des problèmes de transition, des problèmes d'évolution, avant que n'arrive le renversement total et victorieux de la Force qui se manifeste et que la vie de l'être gnostique ne soit devenue partie intégrante de l'ordre terrestre, comme l'est déjà celle de l'être mental. Si nous supposons que la conscience gnostique doive s'établir dans la vie terrestre, le pouvoir et la connaissance dont elle disposera seront beaucoup plus grands que le pouvoir et la connaissance de l'homme mental; et la vie d'une communauté d'êtres gnostiques, en supposant qu'elle se sépare du reste, sera à l'abri des attaques autant que l'est la vie organisée de l'homme devant les attaques des espèces inférieures. Mais puisque cette connaissance et le principe même de la nature gnostique

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one real possibility of a step forward in evolutionary Nature.

This new status would indeed be a reversal of the present law of human consciousness and life, for it would reverse the whole principle of the life of the Ignorance. It is for the taste of the Ignorance, its surprise and adventure, one might say, that the soul has descended into the Inconscience and assumed the disguise of Matter, for the adventure and the joy of creation and discovery, an adventure of the spirit, an adventure of the mind and life and the hazardous surprises of their working in Matter, for the discovery and conquest of the new and the unknown, all this constitutes the enterprise of life and all this, it might seem, would cease with the cessation of the Ignorance. Man's life is made up of the light and the darkness, the gains and losses, the difficulties and dangers, the pleasures and pains of the Ignorance, a play of colours moving on a soil of the general neutrality of Matter which has as its basis the nescience and insensibility of the Inconscient. To the normal life-being an existence without the reactions of success and frustration, vital joy and grief, peril and passion, pleasure and pain, the vicissitudes and uncertainties of fate and struggle and battle and endeavour, a joy of novelty and surprise and creation projecting itself into the unknown, might seem to be void of variety and therefore void of vital savour. Any life surpassing these things tends to appear to it as something featureless and empty or cast in the figure of an immutable sameness, the human mind's picture of heaven is the incessant repetition of an eternal monotone. But this is a misconception; for an entry into the gnostic consciousness would be an entry into the Infinite. It would be a self-creation bringing out the Infinite infinitely into form of being, and the interest of the Infinite is much greater and multitudinous as well as more imperishably delightful than the interest of the finite. The evolution in the Knowledge would be a more beautiful and glorious manifestation with more vistas ever un- folding themselves and more intensive in all ways than any evolution could be in the Ignorance. The delight of the Spirit is ever new, the forms of beauty it takes innumerable, its godhead ever young and the taste of delight, rasa, of the Infinite eternal and inexhaustible. The gnostic manifestation of life would be more

assureront une lumineuse, unité dans la vie commune des êtres gnostiques, ils suffiront aussi à assurer une harmonie dominante et une réconciliation entre les deux types de vie. L'influence du principe supramental sur la terre s'exercera sur la vie dans l'ignorance, et dans ses limites lui imposera l'harmonie. On peut concevoir que la vie gnostique se sépare du reste, mais elle admettra sûrement dans ses frontières tous les éléments de la vie humaine qui sont tournés vers la spiritualité et qui progressent vers les hauteurs; le reste pourra s'organiser surtout sur le principe mental et sur les vieilles fondations, mais avec l'aide et sous l'influence de la connaissance supérieure qui sera dès lors reconnaissable; il suivra probablement les voies d'une harmonisation plus complète qui n'est pas encore à la portée de la collectivité humaine. Ici aussi d'ailleurs, le mental ne peut que prévoir des probabilités et des possibilités, c'est le principe supramental dans la elle-même qui déterminera lui-même, suivant la vérité des choses, l'équilibre de l'ordre mondial nouveau.

La elle-même gnostique transcende toutes les valeurs de notre Nature ordinaire ignorante; nos normes et nos valeurs sont créées par l'ignorance et par suite ne peuvent pas déterminer la vie de la elle-même Mais en même temps, notre nature actuelle dérive de la elle-même; elle n'est pas une pure ignorance, mais une connaissance incomplète. Il est donc raisonnable de supposer que toute la vérité spirituelle contenue ou cachée dans les normes et les valeurs de notre nature ordinaire, réapparaîtra dans la vie supérieure, non comme des normes, mais comme des éléments transformés, dégagés de l'ignorance et soulevés jusqu'à l'harmonie vraie d'une existence plus lumineuse. A mesure que l'individu spirituel universalisé dépouille sa personnalité limitée, son ego, et qu'il s'élève au-delà du mental à une connaissance plus complète dans la elle-même, les idéaux contradictoires du mental doivent se détacher de lui, mais ce qui est vrai derrière eux subsiste dans la vie de la elle-même La conscience gnostique est une conscience dans laquelle toutes les contradictions sont abolies ou fondues ensemble dans la lumière d'une vision et d'une existence plus hautes, dans une connaissance de soi et une connaissance du monde unifiées. L'être gnostique

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full and fruitful and its interest more -vivid than the creative interest of the Ignorance; it would be a greater and happier constant miracle.

If there is an evolution in material Nature and if it is an evolution of being with consciousness and life as its two key- terms and powers, this fullness of being, fullness of consciousness, fullness of life must be the goal of development towards which we are tending and which will manifest at an early or later stage of our destiny. The self, the spirit, the reality that is disclosing itself out of the first inconscience of life and matter, would evolve its complete truth of being and consciousness in that life and matter. It would return to itself—or, if its end as an individual is to return into its Absolute, it could make that return also,—not through a frustration of life but through a spiritual completeness of itself in life. Our evolution in the Ignorance with its chequered joy and pain of self-discovery and world-discovery, its half- fulfilments, its constant finding and missing, is only our first state. It must lead inevitably towards an evolution in the Knowledge, a self-finding and self-unfolding of the Spirit, a self-revelation of the Divinity in things in that true power of itself in Nature which is to us still a Supernature.

SRI AUROBINDO

THE END  

n'acceptera pas les idéaux et les normes du mental; il ne sera pas poussé à vivre pour lui-même, pour son ego, ou pour l'humanité, pour les autres, la communauté ou l'État, car il sera conscient de quelque chose de plus grand que ces demi-vérités, il sera conscient de la divine Réalité, et c'est pour elle qu'il vivra, pour accomplir sa volonté en lui-même et en tous, dans un esprit de vaste universalité, dans la lumière de la volonté de la Transcendance. Pour la même raison, il ne peut y avoir de conflit dans la vie gnostique entre l'affirmation de soi et l'altruisme, — car le moi de l'être gnostique est un avec le moi de tous, — de conflit entre l'idéal individualiste et l'idéal collectiviste, — car tous deux sont des termes d'une Réalité plus grande et c'est seulement dans la mesure où ils expriment la Réalité et où leur accomplissement sert la volonté de cette Réalité, qu'ils peuvent avoir une valeur pour l'esprit qui est en lui. Mais en même temps, ce qui est vrai dans les idéaux mentaux, ce qui en eux se trouve déjà vaguement figuré, trouvera son accomplissement dans l'existence de l'être gnostique; car bien que sa conscience dépasse les valeurs humaines et qu'ainsi il ne risque pas de remplacer Dieu par l'humanité, la communauté, ou l'État, par autrui, ou lui-même, son action dans la vie sera une affirmation du Divin qui est en lui, elle exprimera sa perception du Divin dans les autres et son unité avec l'humanité, avec tous les êtres et avec le monde tout entier à cause du Divin qui est en eux, et elle conduira les hommes vers une meilleure et plus haute affirmation de la Réalité qui grandit en eux. Mais ce qu'il fera sera décidé par la Vérité de la Connaissance et de la Volonté qui sont en lui, une Vérité totale et infime qui n'est pas liée par une loi ou une norme mentale quelconque, mais qui agit librement dans la réalité tout entière, avec le respect de chaque vérité à sa placent en ayant à chaque pas de l'évolution cosmique, dans chaque événement, chaque circonstance, une claire connaissance des forces à l'œuvre et de l'intention cachée dans l'élan créateur du Divin.

Pour une conscience spirituelle ou gnostique accomplie, toute vie doit être la manifestation de la vérité réalisée de l'Esprit; seul ce qui est capable de se transformer et de trouver son vrai moi spirituel dans cette Vérité plus grande et de se fondre dans

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son harmonie, se verra accorder le droit de vivre. Ce qui survivra ainsi, le mental ne peut le déterminer, car la Gnose supramentale fera elle-même descendre sa propre vérité et cette vérité reprendra ce qu'elle avait émané d'elle-même et qui s'était exprimé à travers les idéaux et les réalisations de notre mental, notre vie et notre corps. Les formes que ceux-ci avaient prises ne survivront peut-être pas, car il est peu probable qu'elles soient utilisables dans la nouvelle existence sans être changées ou remplacées; mais ce qui est réel et durable en eux, ou même dans leurs formes, subira la transformation nécessaire pour survivre. La plupart des choses qui sont normales pour notre existence humaine disparaîtront. Dans la lumière de la Gnose les innombrables idoles mentales, les innombrables principes et systèmes artificiels, les idéaux contradictoires que l'homme a créés dans tous les domaines de sa pensée et de sa vie, ne pourront inspirer ni adhésion, ni respect; seule la vérité que cachent ces images trompeuses, s'il en est une, pourra être admise comme élément d'une harmonie qui se fondera sur une base beaucoup plus large. Il est évident que dans une vie gouvernée par la conscience gnostique, ni la guerre avec son esprit d'antagonisme et de haine, sa brutalité, sa violence ignorante et destructrice, ni la lutte politique avec ses conflits perpétuels, son oppression répétée, ses malhonnêtetés, ses turpitudes, ses intérêts égoïstes, son ignorance, son ineptie et sa gabegie, n'auront plus aucune raison d'être. Les arts et les métiers continueront d'exister, non comme un amusement inférieur mental ou vital, un divertissement des loisirs, un dérivatif excitant ou un plaisir, mais comme les expressions et les instruments de la vérité de l'Esprit, de la beauté et de la joie de l'existence. La vie et le corps ne seront plus des maîtres tyranniques qui exigent les neuf-dixièmes de l'existence pour leur satisfaction, mais des instruments et des pouvoirs qui exprimeront l'Esprit. En même temps, puisque la matière et le I corps seront acceptés, et non rejetés, la maîtrise et l'usage correct des choses physiques feront partie intégrante de la vie de l'Esprit dès lors accomplie dans la manifestation terrestre.

On suppose presque universellement que la vie spirituelle doit nécessairement être une vie de dénuement ascétique, un rejet de tout ce qui n'est pas absolument indispensable au strict

entretien du corps; et ceci est valable en effet pour une vie spirituelle qui, par sa nature et son intention, veut se retirer de la vie. Même en dehors de cet idéal, on pourrait penser que l'orientation spirituelle doit toujours tendre à une simplicité extrême, parce que tout ce qui n'est pas elle est vie de désir et de jouissance physique. Mais si l'on regarde les choses plus largement, ceci est une règle mentale basée sur la loi de l'ignorance, qui a le désir pour mobile, pour surmonter l'ignorance et supprimer l'ego, il se peut qu'un rejet total non seulement du désir mais de toutes les choses qui peuvent satisfaire le désir, intervienne momentanément comme un principe valable. Mais cette règle, ou toute autre règle mentale, ne peut être absolue, et elle ne peut lier par sa loi la conscience qui s'est élevée au-dessus du désir, car la substance même de cette conscience est faite d'une pureté et d'une maîtrise de soi complètes qui demeurent les mêmes dans la pauvreté comme dans la richesse, si elles pouvaient être ébranlées ou souillées par l'une ou l'autre, elles ne seraient en effet ni réelles, ni complètes. La seule règle qui gouvernera la vie gnostique, ce sera l'expression spontanée de l'Esprit, la volonté de l'Être divin. Cette volonté, cette expression spontanée peut se manifester dans une extrême simplicité ou dans l'opulence d'une extrême complexité, ou dans un équilibre naturel entre les deux; car la beauté et la plénitude, la douceur et le rire cachés dans les choses, l'ensoleillement et l'allégresse de la vie, sont aussi des pouvoirs et des expressions de l'Esprit. L'Esprit qui détermine à l'intérieur la loi de notre nature, déterminera aussi sur tous les plans le cadre de la vie, ses détails et ses circonstances. Partout on trouvera le même principe plastique; une standardisation rigide, si nécessaire soit-elle à l'arrangement mental des choses, ne peut pas être la loi de la vie spirituelle. Une diversité et une liberté d'expression très grandes se manifesteront probablement, fondées sur une unité profonde, mais partout il y aura vérité et harmonie dans l'ordre.

Puisqu'elle amène l'évolution à un statut supramental supérieur, la vie des êtres gnostiques peut à juste titre être caractérisée de vie divine; car ce sera une vie dans le Divin, la vie des commencements d'une lumière, d'une puissance et d'une joie spirituelles et divines, manifestées dans la Nature matérielle.

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Et puisque cette vie dépasse le niveau mental humain, elle peut être décrite comme la vie d'une surhumanité spirituelle et supramentale. Mais ceci ne doit pas être confondu avec les conceptions passées et présentes du surhomme, car tel que le conçoit le mental, le surhomme est celui qui domine le niveau humain normal, non en qualité mais en degré des mêmes qualités, par une personnalité élargie, un ego magnifié et exagéré, un pouvoir mental accru, un pouvoir vital multiplié, — c'est une exagération raffinée ou dense et massive, des forces de l'ignorance humaine. Ces conceptions comportent souvent aussi, de façon implicite, l'idée d'une domination despotique de l'humanité par le surhomme. Ce serait là un surhomme du type nietzschéen, au pire ce serait le règne de la "brute blonde" ou de la brute noire, ou d'une autre brute quelconque, un retour à la force, la violence et la cruauté barbares, — ce ne serait pas une évolution mais bien une réversion à la vieille barbarie impitoyable. Ou encore, cela pourrait signifier l'émergence du Râkshasa ou de l'Asoura, dans un effort acharné de l'humanité pour se surpasser et se transcender elle-même, mais dans la mauvaise direction. Un ego vital exagéré, violent et tumultueux se satisfaisant avec une force de réalisation suprêmement tyrannique ou anarchique, telle serait la surhumanité de type râkshasique; mais le géant, l'ogre ou dévoreur du monde, le Râkshasa, bien qu'il survive encore, appartient en esprit au passé; une émergence de ce type, en plus vaste, serait aussi une évolution rétrograde. Quant au type Idée-Réelle, il se caractérise par un grandiose étalage de force irrésistible, une puissance mentale et vitale maîtresse d'elle-même, contenue et peut-être même disciplinée de façon ascétique; fort, calme, froid, ou formidable dans sa véhémence réprimée, subtil, dominateur, Idée-Réelle est une sublimation de l'ego mental et de l'ego vital à la fois. Mais la terre a eu assez de tout cela dans le passé et une répétition ne peut que prolonger les vieilles ornières; du Titan ou de Idée-Réelle, elle ne peut tirer aucun profit véritable pour son avenir, aucun pouvoir de dépassement, et même si elle en retirait un pouvoir grandiose ou supranormal, cela ne ferait qu'élargir les cercles de sa vieille orbite, sans plus. Ce qui doit émerger est quelque chose de beaucoup plus difficile, et de beaucoup plus simple; c'est un

être qui a réalisé son Moi, c'est une édification du Moi spirituel, une intensité et un élan de l'âme, la libération et la souveraineté de sa lumière, de son pouvoir et de sa beauté, — non pas une surhumanité égoïste exerçant une domination mentale et vitale sur l'humanité, mais la souveraineté de l'Esprit sur ses propres instruments, la maîtrise de soi et la maîtrise de la vie dans le pouvoir de l'Esprit, une conscience nouvelle en laquelle l'humanité elle-même trouvera son propre accomplissement et son propre dépassement par la révélation de la divinité qui s'efforce de naître en elle. Telle est la seule et vraie surhumanité, et la seule possibilité de faire un pas réel en avant dans l'évolution de la Nature.

En vérité, ce nouveau statut sera un renversement de la loi qui commande actuellement la conscience et la vie humaines, car il renversera le principe tout entier de la vie dans l'ignorance. Mais, pourrait-on dire, c'est pour le goût de l'ignorance, ses surprises et ses aventures, que l'âme est descendue dans l'inconscience et qu'elle a revêtu le déguisement de la matière, pour l'aventure et la joie de créer et de découvrir, une aventure de l'esprit, une aventure du mental et de la vie, et les surprises hasardeuses de leur jeu dans la madère, pour la découverte et la conquête du nouveau et de l'inconnu. Tout ceci constitue l'entreprise difficile de la vie et il pourrait sembler que tout ceci doive cesser avec la cessation de l'ignorance. La vie de l'homme est faite de lumière et d'obscurité, de gains et de pertes, de difficultés et de dangers, des plaisirs et des douleurs de l'ignorance, un jeu de couleurs chatoyantes sur le gris général d'une madère fondée sur la nescience et l'insensibilité de l'inconscient. Pour l'être vivant normal, une existence privée des contrastes du succès et de l'échec, des joies et des chagrins vitaux, du péril et de la passion, privée des douleurs et des plaisirs de la vie, des vicissitudes et des incertitudes du sort, et de la lutte et de la bataillé et du risque, privée de la joie de la nouveauté, de la surprise, et d'une création qui se jette dans l'inconnu, pourrait sembler vide de variété et donc vide de saveur vitale. Toute vie qui dépasse ces choses tend à paraître vide et terne, semble s'annuler dans le moule d'une uniformité immuable, l'image que le mental humain se fait du ciel est la répétions incessante d'une monotonie éternelle. Mais c'est une idée fausse; car

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entrer dans la conscience gnostique, c'est entrer dans l'infini. Ce sera une création spontanée manifestant infiniment l'Infini dans les formes de l'existence; et l'intérêt de l'Infini est innombrable et beaucoup plus grand et aussi plus délicieusement impérissable que l'intérêt du fini. L'évolution dans la Connaissance sera une manifestation plus belle et plus glorieuse que ne peut l'être aucune évolution dans l'ignorance, et plus intense sur tous les plans, avec des horizons plus vastes qui se déploient sans fin. La félicité de l'Esprit est à jamais nouvelle, les formes de beauté qu'il revêt sont innombrables, sa divinité éternellement jeune, et la saveur des délices de l'Infini, rasa, éternelle et inépuisable. L'expression gnostique de la vie sera plus pleine et plus féconde et son intérêt plus éclatant que l'intérêt créateur qui nous est offert par le monde de l'ignorance, ce sera un miracle plus grand et plus heureux, un miracle constant.

S'il y a une évolution dans la Nature matérielle, et si c'est une évolution de l'être avec la conscience et la vie pour clef et pour instrument, cette plénitude d'être, cette plénitude de conscience, cette plénitude de vie doivent être le but du développement vers lequel nous tendons, et tôt ou tard ce but se manifestera dans notre destinée. Le Moi, l'Esprit, la Réalité qui se dévoile et émerge de la première inconscience de la vie et de la matière, développera la vérité complète de son être et de sa conscience dans cette vie et dans cette matière. Le Moi retournera à lui-même,—ou si sa fin en tant qu'individu est de revenir à l'Absolu, il pourra le faire aussi, — il retournera à lui-même non pas en reniant la vie mais en trouvant sa totalité spirituelle ici-même dans la vie. Notre évolution dans l'ignorance avec les vicissitudes de ses joies et de ses douleurs dans la découverte de soi et la découverte du monde, ses accomplissements tronqués, ses réussites et ses échecs constants, n'est que notre premier état. Elle doit mener inévitablement à une évolution dans la Connaissance: l'Esprit doit se découvrir lui-même et se déployer, le Divin se révéler dans les choses avec son vrai pouvoir et dans une Nature qui pour nous est encore une Supranature.

 

SRI AUROBINDO

FIN

SE  REPOSER  AVANT DE  S'ENDORMIR

Il n'y a pas de fin aux découvertes que l'on peut faire dans les rêves. Mais une chose est très importante : il ne faut pas s'endormir quand on est très fatigué, car si on le fait, on tombe dans une sorte d'inconscience et les rêves font de vous ce qu'ils veulent sans que l'on soit capable d'exercer le moindre contrôle. De même qu'il faut se reposer avant de manger, je conseillerais à tout le monde de se reposer avant de s'endormir. Mais encore faut-il savoir comment se reposer.

Il y a beaucoup de façons de le faire, en voici une : d'abord mettez votre corps au repos, confortablement allongé sur un lit ou une chaise longue. Efforcez-vous alors de détendre vos nerfs, soit tous ensemble, soit l'un après l'autre, jusqu'à ce que vous ayez obtenu une détente complète. Ceci fait, et tandis que votre corps reste comme un chiffon sur le lit, rendez votre cerveau silencieux et immobile, au point qu'il n'ait plus conscience de lui-même Alors tout doucement, imperceptiblement, passez de cet état dans le sommeil. Quand vous vous réveillerez le lendemain matin, vous serez plein d'énergie. Au contraire, si vous vous couchez très fatigué et sans vous détendre, vous tomberez dans un sommeil lourd, épais et inconscient où le vital perdra toutes ses énergies.

Il est possible que vous n'obteniez pas un résultat immédiat, alors persévérez.

La Mère

 

TO  REST  BEFORE  SLEEPING

 

There is no end to the discoveries that one can make in dreams. But one thing is very important : never go to sleep when you are very tired, for if you do that you fall into a kind of inconscience and dreams do with you whatever they like without your being able to exercise the least control. Just as you should always take rest before you eat, 1 would advise you ail to rest before you go to sleep. But you must know how to rest.

There are many ways of doing it. Here is one: first of ail, repose your body, comfortably stretched on a bed or in an easy chair. Then try to relax your nerves, ail together or one by one, till you have a complete relaxation. This done and while your body lies like a limp rag upon the bed make your brain silent and immobile till it is no longer conscious of itself. Then slowly, imperceptibly pass from this state into sleep. When you will get up the next morning you will be full of energy. On the contrary, if you go to bed quite tired and without relaxing yourself, you will drop into a heavy, dense and unconscious sleep in which the vital will lose ail its energies.

It is possible you may not obtain an immediate result, but persevere.

The Mother

 

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Entretiens

 

La naissance de Sri Aurobindo est une naissance éternelle.

 

AUJOURD'HUI, j'ai reçu une question concernant une phrase que je vous ai dite le 14 Août, la veille de l'anniversaire de Sri Aurobindo. Et cette question m'a paru intéressante parce qu'il s'agissait d'une de ces phrases un peu cryptiques, presque ambiguës par simplification, et qu'elle était voulue ainsi, de façon à ce que chacun puisse la comprendre suivant le plan de conscience où il se trouve. Je vous ai déjà plusieurs fois parlé de cette possibilité de comprendre les mêmes mots sur des plans différents, et dit que ces mots ont été voulus et exprimés avec une simplification, une imprécision volontaire, afin justement qu'ils puissent servir de véhicule à cette complexité du sens qu'ils doivent exprimer.

Ce sens est un peu différent sur les plans différents, mais complémentaire, et il n'est vraiment total que si l'on est capable de le comprendre dans tous les plans à la fois. La vraie compréhension est une compréhension simultanée où tous les sens sont perçus, saisis, compris en même temps; mais pour exprimer, comme nous avons un très pauvre langage à notre disposition, nous sommes obligés de les dire l'un après l'autre, avec beaucoup de mots et beaucoup d'explications. C'est ce que je vais faire maintenant.

La question concernait cette phrase où je parlais de la naissance de Sri Aurobindo — c'était la veille de l'anniversaire de sa naissance — et j'ai dit : une "naissance éternelle". On m'a demandé ce que je voulais dire par "éternelle".

Naturellement, si on prend les mots au pied de la lettre, une "naissance éternelle" cela ne signifie pas grand-chose. Mais je vais

Questions and Answers

The birth of Sri Aurobindo is an eternal birth.

I HAVE received a question today about a phrase I used on the 14th of August, the eve of Sri Aurobindo's birthday. The question seemed to me interesting, because it was concerning one of those phrases, somewhat cryptic, almost ambiguous on account of over simplification, but meant to be so in order that everyone may understand it according to the plane of consciousness where he is. I have told you many times that it is possible to understand the same words on different planes. I have said that the words were used purposely and expressed in a simplified manner, with a deliberate vagueness so that they may serve as a vehicle for the complexity of the meaning they are to convey.

This meaning is somewhat different on different planes, but complementary, it is really total only when it is understood on all the planes at the same time. True understanding is a simultaneous understanding in which all the meanings are perceived, grasped, understood at once. But to express it, since we have a very poor language at our disposal, we are obliged to say things one after another with a great many words and explanations. That is what I am going to do now.

Now the question about the phrase I used with regard to the birth of Sri Aurobindo—it was on the eve of his birthday, I said "an eternal birth". I am asked what I meant by "eternal".

Naturally, if you take the words literally, an "eternal birth" has not much meaning. But I am going to tell you presently how there can—and in fact there is—a physical explanation or understanding, a mental understanding, a psychic understanding wd a spiritual understanding.  

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justement vous expliquer, comment il peut y avoir — et il y a effectivement—une explication physique, ou une compréhension physique, une compréhension mentale, une compréhension psychique et une compréhension spirituelle.

Physiquement, cela veut dire que les conséquences de cette naissance dureront aussi longtemps que la terre. Les conséquences de la naissance de Sri Aurobindo seront sensibles indéfiniment, pour ainsi dire. Et alors j'ai appelé cela une "naissance éternelle", d'une façon poétique.

Mentalement, c'est une naissance dont le souvenir durera éternellement. A travers les âges on se souviendra de la naissance de Sri Aurobindo et des conséquences qu'elle a eues.

Psychiquement, c'est une naissance qui se répétera éternellement, d'époque en époque, dans l'histoire de l'univers. Cette naissance est une manifestation qui prend place périodiquement. C'est-à-dire que la naissance elle-même se renouvelle, se répète, se reproduit, amenant peut-être chaque fois quelque chose de plus, de plus complet et de plus parfait, mais c'est le même mouvement de descente, de manifestation, de naissance dans un corps terrestre.

Et finalement, au point de vue purement spirituel, on peut dire que c'est la naissance de l'Éternel sur la terre, car chaque fois que l'Avatar prend une forme physique, c'est la naissance de l'Éternel lui-même sur la terre.

Tout cela contenu dans deux mots, "une naissance éternelle". Alors à l'avenir, au lieu de vous dire "Tiens ! qu'est-ce que cela signifie, je n'y comprends rien, ce n'est pas bien exprimé", vous pourriez vous dire : "Je ne suis peut-être pas sur le plan où je peux comprendre", et essayer de trouver derrière les mots quelque chose d'autre que de simples mots.

 

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Physically, it means that the consequences of this birth will last as long as the earth lasts. The consequences of Sri Aurobindo's birth will be felt indefinitely, so to say. Hence I have called it "eternal" in a poetic way.

Mentally, it is a birth whose memory will remain eternally. Across the ages peoples will remember Sri Aurobindo's birth and the consequences it has had.

Psychically, it is a birth that will repeat eternally, from age to age, in the history of the universe. This birth is a manifestation that happens periodically, that is to say, the birth itself is renewed, repeated, reproduced, bringing every time perhaps something more, something more complete and more perfect, but it is the same movement of descent, manifestation, birth in an earthly body.

And lastly, from the purely spiritual point of view, one can say that it is the birth of the Eternal upon the earth, for every time that the Avatar takes a physical form, it is the birth of the Eternal Himself upon the earth.

All that is contained in two words, "eternal birth". So, to conclude, I advise you that in future before telling yourself, "Well, what does it mean, I understand nothing of it, it is not well ex- pressed", you might say : "Perhaps I am not on the level where I could understand" and try to find behind the words something else than the simple words.

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The True Adventure

 

Last year when I announced to you the manifestation of the supramental consciousness and light and force, I should have added that it was an event forerunner of the birth of a new world. But at that time the new world was so much engulfed in the ancient that even now there are very few people who are aware of its birth and of the difference it brings into the world. Yet the

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La véritable aventure

 

L'année dernière lorsque je vous ai annoncé la manifestation de la conscience, de la lumière et de la force supramentales, j'aurais pu ajouter que c'était l'événement précurseur de la naissance d'un monde nouveau. Mais à ce moment-là, le monde nouveau-né a été tellement englouti dans le monde ancien que, jusqu'à présent, bien peu nombreux sont ceux qui se sont aperçus de cette naissance et de la différence qu'elle occasionne dans le monde. Pourtant l'action des forces nouvelles a continué d'une façon très régulière, très persistante, très obstinée, et dans une certaine mesure, très efficace. Le résultat de tout cela a été noté pas à pas, dans des expériences presque quotidiennes. Il peut être exprimé d'une façon succincte, pour ainsi dire linéaire. Avant tout, ce n'est pas seulement une conception nouvelle de la vie spirituelle et de la Réalité divine. Sri Aurobindo a exprimé cette conception de la façon la plus claire et la plus complète, Pour la résumer, on peut la formuler à peu près ainsi :

L'ancienne spiritualité était une évasion hors de la vie vers la Réalité divine, laissant le monde là où il était, comme il était. Notre vision nouvelle est au contraire une divinisation de la vie, une transformation du monde matériel en un monde divin. Cela a été dit, répété, plus ou moins compris; enfin c'est l'idée de base de ce que nous voulons faire. Mais cette action aurait pu être une simple continuation, une amélioration, un élargissement du monde ancien tel qu'il était. Et toute conception, si vraie, si nouvelle qu'elle soit, tant qu'elle demeure dans les régions supérieures, dans le domaine de l'idée pure, n'est guère que potentiellement une création nouvelle. Mais ce qui s'est produit, la chose vraiment nouvelle, c'est qu'un monde nouveau est né, Ce n'est pas l'ancien qui se transforme, c'est un monde tout neuf qui est réellement, concrètement né.

A l'heure qu'il est, nous sommes en plein dans une période de transition où les deux s'enchevêtrent : l'ancien persiste, encore tout "puissant, continuant à dominer la conscience ordinaire, et le nouveau se faufile, encore très modeste, inaperçu au point qu'extérieurement il ne dérange pas grand-chose pour le moment,

action of the new forces has continued in a very regular, very persistent, very obstinate and, to a certain extent, very effective way. The result of all that has been noted at every step in almost day to day experiences. It may be expressed in a concise, so to say, linear way. First of all, it is not merely a new conception of the spiritual life and the divine Reality. Sri Aurobindo has expressed this conception in the most clear and complete manner. Briefly it may be formulated somewhat like this :

The old spirituality was an escape from life towards the divine Reality, leaving the world where it was, as it was. Our new vision, on the contrary, is the divinisation of life, the trans- formation of the material into a divine world. This has been said, repeated, more or less understood; this indeed is the basic idea of what we want to do. But this work could have been a simple continuation, an amelioration, an enlargement of the old world as it was. And the whole conception, however true, however new it may be, so long as it remains in the higher regions, in the domain of pure idea, can be only potentially a new creation. But what has happened is truly a new thing, a new world has been born. It is not the old that is being transformed, it is quite a new world that has been really concretely born.

At the present hour we are in the very heart of a period of transition, where the two are intertwined : the old persists, still all powerful, continues to dominate the ordinary consciousness, while the new glides in, still very modest, unnoticed to the extent that for the moment it disturbs nothing much externally, and even in the consciousness of most people it is quite imperceptible. And yet it works, it grows till the moment when it will be strong enough to impose itself visibly.

In any case, to simplify one can say that the old world, the creation of what Sri Aurobindo calls the Overmind, the Over- mental, was in a characteristic way the age of the gods and therefore the age of religions. The flower of man's effort towards that which was higher than him gave birth to numerous religions, to a religious relation between the souls of the select few and the invisible world, and at the summit of all that, as an effort towards a still higher realisation, was born this idea of the unity of  

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et que même dans la conscience de la plupart il est tout à fait imperceptible. Et pourtant il travaille, il croît, jusqu'au moment où il sera assez fort pour s'imposer visiblement.

En tout cas, on peut dire pour simplifier, que l'ancien monde, la création de ce que Sri Aurobindo appelle l'Overmind, le Surmental, était de façon caractéristique un âge des dieux, et par conséquent l'âge, des religions. La fleur de l'effort humain vers ce qui lui était supérieur, a donné naissance à des formes religieuses innombrables, à une relation religieuse entre les âmes d'élite et le monde invisible, et au sommet de tout cela, comme un effort vers une réalisation plus haute, est née cette idée de l'unité des religions, de ce Quelque chose d'unique qui est derrière toutes ces manifestations — et cette idée a été vraiment le plafond de l'aspiration humaine. Cette conception est à la frontière; c'est quelque chose qui appartient encore complètement au monde surmental, à la création surmentale et qui, de là, semble regarder une autre chose, quelque chose qu'il pressent seulement et qui est une nouvelle création qu'il essaie d'atteindre mais qu'il ne peut pas saisir. Pour la saisir, c'est un renversement qui est nécessaire. Il faut sortir de la création surmentale; mais pour cela, il fallait que la nouvelle création, la création supramentale ait lieu.

Et maintenant, toutes ces vieilles choses paraissent si vieilles, si périmées, si arbitraires, un tel travestissement de la vérité vraie.

Dans la création supramentale, il n'y aura plus de religions. Toute la vie sera l'expression, l'épanouissement dans les formes, de l'Unité Divine se manifestant dans le monde. Et il n'y aura plus ce que les hommes appellent maintenant les dieux.

Ces grands êtres divins pourront eux-mêmes participer à la création nouvelle, mais pour cela, il faudra qu'ils se revêtent de ce que nous pouvons appeler la substance supramentale sur la terre. Et s'il y en a qui choisissent de rester dans leur monde, tels qu'ils sont, s'ils décident de ne pas se manifester physiquement, leur relation avec les êtres du monde terrestre supramental sera une relation d'amis, de collaborateurs, d'égal à égal, puisque l'essence divine la plus haute sera manifestée dans les êtres du monde nouveau supramental sur la terre.

religions, of Something that is unique, which 'is behind all manifestation—and this idea was really the ceiling of human aspiration. This conception is on the borderland; it is something which still belongs wholly to the overmental world, to the overmental creation and from there seems to look at another thing, something of which it has only a presentiment, which is a new creation it tries to attain but is unable to seize. To seize it, what is needed is a reversal. One must come out of the overmental creation. But for that, the new creation, the supramental creation must have had taken place.

And now all those old things seem so old, so antiquated, so arbitrary, such a travesty of the true truth !

In the supramental creation there will no more be religions. All life will be the expression, the flowering in forms of the Divine Unity manifesting in the world. And there will be no more what men now call the gods.

These great divine beings themselves will be able to participate in the new creation, but for that they must put on what we may call the supramental substance on earth. And if there are some who choose to remain in their world, as they are, if they decide not to manifest themselves physically, their relation with the other beings of the supramental world on earth will be a relation of friends, of collaborators, of equal to equal, because the highest divine essence will have manifested in the beings of the new supramental world on earth.

 When the physical substance will be supramentalised, to be born on earth in a body will not be a cause of inferiority, rather the contrary, there will be gained a plenitude which could not be obtained otherwise.

But all that is of the future, a future that has begun but will take some time before realising itself integrally. In the mean- while, we are in a very special situation, extremely special which has had no precedent. We are attending on the birth of a new world, altogether young, altogether weak—weak not in its essence, but in its external manifestation—not yet recognised, not yet felt, denied by most, but it is there, it is there endeavouring to grow and quite sure of the result. Yet, the road to reach there  

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Quand la substance physique sera supramentalisée, s'incarner sur la terre ne sera plus, une cause d'infériorité, bien au contraire. On y gagnera une plénitude qu'on ne pourrait obtenir autrement.

Mais tout cela, c'est l'avenir, un avenir qui a commencé, mais qui prendra un certain temps pour se réaliser intégralement. En attendant, nous sommes dans une situation très spéciale, extrêmement spéciale, qui n'a pas eu de précédent. Nous assistons à la naissance d'un monde nouveau, tout jeune, tout faible,— faible non dans son essence mais dans sa manifestation extérieure, — pas encore reconnu, même pas senti, nié par la plupart, mais il est là, il est là faisant effort pour grandir, tout à fait sûr du résultat. Pourtant, le chemin pour y arriver est un chemin tout nouveau qui n'a jamais été tracé auparavant, personne n'est allé là, personne n'a fait cela. C'est un début, un début universel. C'est par conséquent une aventure absolument inattendue et imprévisible.

Il y a des gens qui aiment l'aventure. C'est à eux que je fais appel, et je leur dis ceci :

Je vous convie à la grande aventure, et dans cette aventure il ne s'agit pas de refaire spirituellement ce que les autres ont fait avant nous, parce que notre aventure commence par-delà ce stade. Il s'agit d'une création nouvelle, entièrement nouvelle, avec tout ce qu'elle comporte d'imprévu, de risques, d'aléas,— une vraie aventure dont le but est une victoire certaine, mais dont la route est inconnue et doit être tracée pas à pas dans l'inexploré; quelque chose qui n'a jamais été dans cet univers présent et qui ne sera plus jamais de la même manière. Si cela vous intéresse, eh bien...on s'embarque. Ce qui vous arrivera demain, je n'en sais rien.

Il faut laisser de côté tout ce que l'on a prévu, tout ce que l'on a combiné, tout ce que l'on a bâti, et puis se mettre en marche dans l'inconnu. Et advienne que pourra !

 

 

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is a new road, that has never before been traced, none went by that way, none did that. It is a beginning, a universal beginning. Therefore it is an adventure absolutely unexpected and unforeseeable.

There are people who love adventure, and to them I give a call and I tell them :

I invite you to the great adventure, and in this adventure you are not to repeat spiritually what others have done before us, because our adventure begins from beyond that stage. We are for a new creation, entirely new, carrying in it all the unforeseen, all risks, all hazards,—a true adventure of which the goal is sure victory, but of which the way is unknown and has to be traced out step by step in the unexplored. It is something that has never been in the present universe and will never be in the same manner. If that interests you, well, embark. What will happen tomorrow, I do not know.

You must leave behind whatever has been foreseen, what- ever has been designed, whatever has been built up, and then on the march into the unknown. Come what may !

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"A new humanity...would be possessed already of what could be

called a mind of Light, a mind capable of living in the truth.,capable of being truth-conscious and manifesting in its life a direct in place of an indirect knowledge. Its mentality would be an instrument of the Light and no longer of the Ignorance. At its highest it would be capable of passing into the supermind ”.

Sri Aurobindo—The Supramental Manifestation.

 

This is certainly what Sri Aurobindo expected of us and what he conceived superman should be, an intermediary being between humanity as it is and the supramental being created supramentally, that is to say, no longer belonging to animality in any way, freed from all animal needs,

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"Une nouvelle humanité...posséderait déjà ce que Von peut appeler un mental de lumière, un mental capable de vivre dans la vérité, capable d'être conscient de la vérité et de manifester dans sa vie une connaissance directe, au lieu d'une connaissance indirecte. Sa mentalité serait l'instrument de la Lumière et non plus celui de l'ignorance. A son sommet, elle serait capable de passer dans le supramental.”

(Sri Aurobindo, La Manifestation Supramentale)

 

C'était certainement ce que Sri Aurobindo attendait de nous, ce qu'il concevait comme le surhomme qui doit être l'être intermédiaire entre l'humanité telle qu'elle est et l'être supramental créé de façon supramentale, c'est-à-dire n'appartenant plus du tout à l'animalité et libéré de tous les besoins animaux.

Nous, tels que nous sommes, nous avons été créés de la façon ordinaire, animale, et par conséquent, même si nous nous transformons, il restera quelque chose de cette origine animale. L'être supramental tel que Sri Aurobindo le concevait, n'était pas du tout formé de la façon animale ordinaire mais directement, par un procédé qui pour le moment nous semble encore occulte, et qui est un maniement direct des forces et de la substance, de sorte que le corps soit une matérialisation et non pas une formation selon le principe animal ordinaire.

Il est de toute évidence qu'il faut des êtres intermédiaires. Ce sont eux qui doivent trouver le moyen de créer des êtres du supramental et, sans aucun doute, quand Sri Aurobindo a écrit cela, il était convaincu que c'est cela que nous devons faire.

Je pense...je sais qu'il est maintenant certain que nous réaliserons ce qu'il attend de nous. C'est devenu non plus un espoir, mais une certitude. C'est seulement le temps nécessaire à cette réalisation qui sera plus ou moins long suivant notre effort individuel, notre concentration, notre bonne volonté,—et l'importance que nous donnons à ce fait.

Pour l'observateur inattentif, les choses semblent avoir très peu changé, mais pour celui qui sait voir et qui n'est pas trompé par les apparences, les choses sont en bonne voie. Que chacun fasse de son mieux et peut-être ne sera-t-il pas nécessaire

But such as we are, we have been created in the ordinary animal way and therefore even if we are transformed, something of the animal origin will remain. The supramental being, as conceived by Sri Aurobindo, is not at all formed in the ordinary animal way but directly, by a process which for the moment still appears occult to us, it is a direct handling of the substance and forces in such a way that the body is a materialisation and not a formation following the ordinary animal principle.

It is quite evident that there must be intermediary beings It is they who are to find means for creating supramental beings and there can be no doubt that when Sri Aurobindo wrote its he was convinced that it is this that we have to do.

I think... I know it is now certain that we shall realise what he expects of us. It is no longer a hope, it has become a certainty Only the time necessary for the realisation will be more or less long according to our individual effort, our concentration, our good will—and the importance we attach to the fact.

To an inattentive observer, things seem to have changed very little, but for him who knows how to see and is not deceived by appearances, things are in a fair way. Let everyone do his best, perhaps it will not be necessary for many years to pass before the first visible results will become apparent to all.

It is for you to know whether that interests you more than anything else in the world.

A moment comes when the very body finds that there i8 nothing in the world worth living for as much as that, namely  the transformation, that there is nothing that can be as passionately interesting as the transformation. It is as if all the cells of the body were athirst for this Light that wants to manifest. They cry for that, and they find in it an intense joy and they are sure of the Victory.

It is this aspiration that I am endeavouring to communicate to you and you will understand all the rest in life is dull, insipid  useless, without value in comparison with that, — the transformation into the Light.  

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que beaucoup d'années s'écoulent pour que les premiers résultats visibles soient apparents pour tous.

C'est à vous de savoir si cela vous intéresse plus que tout au monde.

Il y a un moment où le corps lui-même trouve qu'il n'y a rien au monde qui vaille d'être vécu autant que cela, la transformation, qu'il n'y a rien qui puisse être d'un intérêt aussi passionnant que la transformation. C'est comme si toutes les cellules du corps avaient soif de cette Lumière qui veut se manifester. Elles crient vers cela, elles y trouvent une joie intense et elles sont sûres de la Victoire.

C'est cette aspiration là que j'essaie de vous communiquer et vous comprendrez que tout le reste dans la vie est terne, fade, mutile, sans valeur, en comparaison de cela,—la transformation dans la Lumière.

 

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Comment éveiller dans le corps l'aspiration vers le Divin ?

 

Il y a naturellement beaucoup de manières de le faire et en fait chacun doit trouver la sienne. Le point de départ peut être très différent selon les gens, presque opposé même, dans son apparence.

Dans le temps, quand le yoga était une fuite hors de la vie, il était d'usage courant qu'à part quelques prédestinés, les gens ne pensent au yoga que quand ils sont vieux, qu'ils ont beaucoup vécu, qu'ils ont connu toutes les péripéties de la vie, ses plaisirs, ses chagrins, 'ses joies, ses misères, ses responsabilités, des désillusions ; enfin tout ce que la vie apporte généralement aux êtres humains. Étant un peu revenus de l'illusion des joies de l'existence, ils étaient mûrs pour songer à autre chose, et si leur corps n'était pas plein d'un enthousiasme juvénile, au moins n' était-il pas encombrant parce qu'ayant connu la satiété, il n'exigeait plus grand'chose.

How to awaken in the body the aspiration for the Divine ?

 

Naturally there are many ways of doing it and, in fact, each one must find his own. The starting-point may be very different according to people, even almost opposite, in appearance.

In the past when Yoga was escape from life, apart from the predestined few, people normally thought of yoga only when they were old, when they had lived much and known all the vicissitudes of life, its pleasures, its sorrows, its joys, its miseries, its burdens, its disillusions, that is to say, all that life generally brings to human beings. When they had recovered a little from the illusion of life's joys, they became ripe to think of other things, and if their body was not full of juvenile enthusiasm, at least not become cumbersome having known satiety, it did not demand anything  greater.

 To take things by that end is very good when one wants to abandon life for the sake of spirituality and does not expect the body to take any share in the transformation. Evidently it is the easiest way. But also it is evident that if this material life is required to take part in the divine life, to be made its field of action and realisation, then it is preferable not to wait till the body wears out Kind becomes so quieted as not to be an obstacle to Yoga. It is better, on the contrary, to take it quite young when it is all energy, when it can put into its aspiration a sufficient ardour and intensity. Then instead of relying on fatigue that needs nothing any longer, you must rely on an inner enthusiasm for the un- known, the new, the perfection and if you are fortunate to live under conditions where you can receive help and guidance from your childhood, then you must try even as a child to distinguish between the fugitive joys and superficial pleasures that life can give and that marvellous thing life and action and growth would be in a world of perfection and truth in which all ordinary limits, all ordinary incapacities would be abolished.

When you are young and when you are what I call "well- born", that is to say, born with a psychic being conscious of itself, always there is in your dreams this aspiration, which is for the child's consciousness a kind of ambition for something which

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Prendre les choses par ce bout est très bien quand on veut quitter la vie pour la spiritualité et qu'on n'attend du corps aucune participation à la transformation. C'est évidemment le moyen le plus facile. Mais il est évident aussi que si l'on veut que cette existence matérielle participe à la vie divine, qu'elle soit son champ d'action et de réalisation, il est préférable de ne pas attendre que l'usure permette au corps d'être suffisamment tranquille pour ne pas gêner le yoga. Il vaut mieux, au contraire, le prendre tout jeune, quand il est plein de toutes ses énergies et qu'il peut mettre une ardeur et une intensité Suffisantes dans son aspiration. Alors, au lieu de s'appuyer sur une fatigue qui ne demande plus rien, il faut s'appuyer sur une sorte d'enthousiasme intérieur pour l'inconnu, le nouveau, là perfection, et si l'on a la bonne fortune d'être dans des conditions où l'on peut recevoir une aide et une direction dès l'enfance, il faut essayer, tout petit, de discerner entre les joies fugitives et les plaisirs superficiels que peut donner la vie, et cette chose merveilleuse que serait la vie, l'action, la croissance dans un monde de perfection et de vérité où toutes les limites ordinaires, toutes les incapacités ordinaires seraient abolies.

Quand on est petit et qu'on est ce que j'appelle "bien né", C'est-à-dire né avec un être psychique conscient en soi, il y a toujours dans les rêves cette aspiration, qui pour la conscience enfantine est une sorte d'ambition, vers quelque chose qui serait une beauté sans laideur, une justice sans injustice, une bonté sans limite, vers une réussite consciente, constante, un miracle perpétuel. On rêve de miracle quand on est petit, on veut que toute la méchanceté disparaisse, que tout soit toujours lumineux, beau, heureux, on aime les histoires qui finissent bien. C'est là-dessus qu'il faut s'appuyer. Quand le corps sent ses misères, ses limites, il faut y établir ce rêve d'une force qui n'aurait pas de limite, d'une beauté qui n'aurait pas de laideur; ce rêve de pouvoirs merveilleux : pouvoir s'élever dans l'air, être là partout où c'est nécessaire rétablir l'ordre quand les choses vont mal, guérir les malades; enfin tous les rêves que l'on a quand on est petit,

is beauty without ugliness, justice without injustice, kindness without limit, for a success that is conscious, constant, a perpetual miracle. When you are a child you dream of miracles, you want all wickedness to disappear, everything to be always luminous and beautiful and happy, you love stories that end happily. It is r that on which you must rely. When the body feels its miseries, its limits, you must set there the dream of a force that knows no limit, a beauty that knows no ugliness, the dream for wonderful powers, power to rise up in the sky, to be wherever it is necessary to be, to re-establish order when things go bad, to cure the sick, in short, all dreams you have when you are a child.

Generally, parents or educators pass their time in throwing cold water on all that, telling you : "Oh, that ! it is a dream, it is no reality." It is just the contrary that one should do. You must teach the children : "yes, that you must try to realise, and not only it is possible, it is sure and certain, if you can establish a relation with that within you which is capable of the thing, that must direct your life, organise it, make you grow in the direction of the true real which the ordinary world calls illusion.

You must do that, instead of turning children into ordinary people with their flat vulgar common sense which becomes an inveterate habit and causes, whenever something goes well, the idea to enter immediately into the being : "Oh, that's not going to last !" or when someone is nice, this impression :"Oh, that's going to change !" or when you are capable of doing something : "Oh, tomorrow I shall not be able to do it so well"! That is like an acid in the being, a destroying acid that takes away all hope, certainty, faith in future possibility.

When a child is full of enthusiasm, never throw cold water upon his enthusiasm, never tell him : '"you know, life is not like that !" On the contrary, you should always encourage him, tell him : "Yes, at present things are not always like that, they appear ugly, but behind the appearance, there is a beauty that seeks to realise itself. That you must love, that you must draw to you, that must be the object of your dreams and your ambitions".

If that were done from childhood, there would be much less difficulty than what would be if one were to undo, undo all

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Généralement, les parents ou les éducateurs passent leur temps à jeter de l'eau froide sur tout cela en vous disant : "Oh ça, c'est un rêve, ce n'est pas une réalité." C'est juste le contraire qu'il faudrait faire. Il faudrait apprendre aux enfants : "Oui, c'est cela qu'il faut que tu essaies de réaliser, et non seulement c'est possible, mais c'est sûr si tu entres en rapport avec ce qui, en toi, est capable de cette chose. Il faut que ce soit cela qui dirige ta vie, qui l'organise, qui te fasse te développer dans le sens du vrai réel que le monde ordinaire appelle illusion."

Il faudrait, au lieu de rendre les enfants ordinaires, avec ce bon sens plat, vulgaire, qui devient une habitude invétérée et qui fait que quand quelque chose va bien, immédiatement dans l'être il y a l'idée : "Oh, ça ne va pas durer !" Quand quelqu'un est gentil, l'impression : "Oh, ça va changer !" Quand on est capable de faire quelque chose : "Oh, demain, je ne pourrais pas le faire aussi bien !" C'est cela qui est comme un acide dans l'être, un acide destructif qui enlève l'espoir, la certitude, la confiance dans la possibilité future.

Quand un enfant est plein d'enthousiasme, ne jetez jamais de l'eau froide sur son enthousiasme, ne lui dites jamais : "Tu sais, ce n'est pas comme ça la vie !" Il faudrait toujours l'encourager au contraire, lui dire : "Oui, maintenant les choses ne sont pas toujours comme cela, elles paraissent vilaines, mais derrière cette apparence, il y a une beauté qui essaie de se réaliser. C'est cela qu'il faut que tu aimes, que tu attires; c'est cela dont il faut faire le sujet de tes rêves, de tes ambitions."

Si on fait cela dès l'enfance, on a beaucoup moins de difficultés par la suite que s'il faut défaire, défaire tout le mauvais travail qu'a fait une mauvaise éducation, défaire cette espèce de bon sens plat et vulgaire, qui fait qu'on n'attend rien de bon de la vie, qu'elle est insipide, ennuyeuse, que tous les espoirs, tous les prétendus rêves illusoires de beauté se trouvent contredits. Il faut, au contraire, dire à l'enfant, ou se dire à soi-même si l'on n'est plus tout à fait un bébé: "c'est tout ce qui en moi semble irréel, impossible, illusoire, c'est cela qui est vrai, c'est cela qu'il faut que je cultive; quand j'ai ces aspirations : oh ! ne pas être tout le temps limité par une incapacité, tout le temps arrêté par une

the bad work done by a bad education, undo that Sat vulgar common sense which is the reason why one expects nothing good from life, and why it appears dull and irksome and why all hopes and all so-called illusory dreams of beauty are contradicted. You should rather tell the child, or tell yourself, if you are not quite a baby : "all that in me appears unreal, impossible, illusory is exactly what is true, what I must cultivate. When I have such aspirations as: "Oh, not to be limited all the time by incapacity, all the time stopped by a bad will", I must cultivate in me this certitude that that is essentially true and that I must realise.

Then faith awakes in the cells of the body. And you will see that you find a response in your body itself. The very body will feel that if the inner will is there to help, strengthen, direct lead, all limitations will disappear little by little.

And when the first experience comes, sometimes at an early age, when you have the first contact with the inner joy, the inner beauty, the inner light, it makes you feel all on a sudden : "Ah! it is this that I want !" You must never forget it, you must nurture it, place it before you and tell yourself: "I have felt it once, therefore I can feel it again. It was true for me, even if it was only for the span of a second. That I shall bring back to me". You must encourage the body to search for it, to search with the faith that it carries in itself the possibility and if it calls for it, it will be realised once more.

This you must do when you are young, this you must do everytime you have the occasion to gather yourself, collect yourself, look for your own self.

Then you will see; when you are normal, that is to say, when you are not spoilt by bad education or by bad examples, when you live in a healthy and relatively balanced environment, the body has spontaneously the certitude, without any need of mental or vital intervention, that if something does not go well it will pass away. It carries in itself the certainty of cure, the certainty that the illness or indisposition will presently disappear. It is simply because of the wrong education the body receives from the surroundings that it learns gradually that there are irreparable illnesses, irreparable accidents, that old age is bound to come  

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mauvaise volonté ! il faut cultiver en moi cette certitude que c'est cela qui est essentiellement vrai et que c'est cela qui doit se réaliser."

Alors la foi s'éveille dans les cellules du corps. Et vous verrez que vous trouverez une réponse dans votre corps lui-même. Lui-même, il sentira que si la volonté intérieure aide, fortifie, dirige, conduit, toutes ses limitations disparaîtront petit à petit.

Et quand vient la première expérience, très jeune quelquefois, quand on a le premier contact avec la joie intérieure, avec la beauté intérieure, avec la lumière intérieure, ce premier contact qui vous fait tout d'un coup sentir : "Ah, c'est cela que je veux 1" — il ne faut plus jamais l'oublier, il faut le cultiver, le remettre devant soi, se dire : "Je l'ai senti une fois, par conséquent je peux le sentir encore. Cela a été vrai pour moi, même si ce n'était que l'espace d'une seconde. C'est cela que je vais ramener à moi." Et encourager le corps à le chercher, à chercher en ayant confiance qu'il porte en lui-même cette possibilité et que s'il l'appelle, elle reviendra, elle se réalisera encore.

C'est cela qu'il faut faire quand on est jeune; c'est cela qu'il faut faire chaque fois qu'on a l'occasion de se rassembler, de se recueillir, de se chercher soi-même.

Alors vous verrez, quand on est normal, c'est-à-dire quand on n'a pas été gâté par de mauvais enseignements et de mauvais exemples, et que l'on vit dans un milieu sain et relativement équilibré, le corps, spontanément, sans qu'on ait besoin d'intervenir mentalement ou même vitalement, a la certitude que si quelque chose ne va pas, cela passera. Il porte en lui la certitude de la guérison, la certitude que la maladie ou le dérangement vont disparaître. C'est seulement à cause de la fausseté de l'éducation du milieu que petit à petit, on enseigne au corps qu'il y a des maladies irréparables, des accidents irréparables, qu'il y a un vieillissement qui se produit, et toutes ces choses qui lui enlèvent sa foi et sa confiance. Mais normalement, chez un enfant normal, le corps, je ne parle pas de la pensée, le corps lui-même sent que les choses vont s'arranger, quand il y a quelque chose qui ne va pas. Et s'il n'est pas comme cela, cela veut dire qu'il a déjà été faussé. Il lui paraît normal d'être

all those things which take away its faith and confidence. But normally, in a normal child, the body, I do not speak of the mind, the body itself feels that things will be set right if there is any wrong anywhere. And if it is not like that, it means that the body has already gone wrong. It seems normal for the body to be in good health, and it seems quite abnormal that something should go wrong and it should fall ill, by instinct, a spontaneous instinct it is sure that it will be all right. It is only the wrong thought that robs it of that. Unfortunately as you grow the mind goes more and more wrong, you submit to all the collective suggestions and gradually the body loses all self-confidence and naturally when it loses self-confidence, it loses the spontaneous capacity to reestablish the equilibrium when it has gone wrong.

If you have been taught from your very childhood all these things that deceive, depress, decompose, I may even say, disintegrate the body, it does its best, but it has been perverted, falsified and it has no more, it has lost the sense of the strength within it, the force within it, its power to react.

If, on the contrary, you are careful not to falsify it, the body carries in itself the certainty of victory. It is the bad use made of the mind and its influence on the body that takes away from it this certitude.

Therefore the first thing to do is to cultivate this certitude instead of destroying it. With that, aspiration becomes no longer an effort, but a simple flowering, un unfolding of this inner certainty of victory. The body carries within itself the sense of its divinity.

That you must try to find again in you, if you have lost it.

When a child tells you a beautiful dream in which he had very many powers, in which things were very beautiful, take care never to tell him : "Oh! life is not like that", because you will do a wrong thing. On the contrary you must tell him : "Life should be like that and it must be !"

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en bonne santé, il lui paraît tout à fait anormal que quelque chose se dérange et qu'il soit malade; et dans son instinct, son instinct spontané, il est sûr que tout s'arrangera. Ce n'est que la fausseté de la pensée qui lui enlève cela, et malheureusement, à mesure que l'on grandit, la pensée se fausse de plus en plus, on subit toutes les suggestions collectives et petit à petit, le corps perd sa confiance en lui-même et, naturellement, perdant sa confiance en lui-même, il perd aussi cette faculté spontanée de rétablir l'équilibre quand l'équilibre a été faussé.

Si, dès la plus tendre enfance, on vous a enseigné toutes ces choses décevantes, déprimantes, décomposantes, je pourrais dire désagrégeantes, le corps fait de son mieux, mais on l'a perverti, on l'a faussé et il n'a plus, il a perdu le sens de sa puissance intérieure, de sa force intérieure, de son pouvoir de réagir.

Si au contraire, on prend soin de ne pas le fausser, le corps porte en lui la certitude de la victoire. C'est le mauvais usage que l'on fait de la pensée et de son influence sur le corps qui lui enlève cette certitude.

Donc la première chose à faire, c'est de cultiver cette certitude, au lieu de la détruire. Avec elle, l'aspiration n'est plus un effort mais tout simplement un épanouissement, un déploiement de cette certitude intérieure de la victoire. Le corps porte en lui le sens de sa divinité.

C'est cela qu'il faut essayer de retrouver en soi si on l'a perdu.

Quand un enfant vous raconte un beau rêve où il avait beaucoup de pouvoirs et où les choses étaient très belles, gardez-vous bien de lui dire jamais : "Oh, la vie ce n'est pas comme ça", parce que vous faites une mauvaise action. Il faut au contraire lui dire : "La vie doit être comme cela, et elle le sera !"

 

 

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When can one say that one is ready for the integral Yoga ?

 

When one has established in oneself a perfect equality of soul in all circumstances. That is the indispensable condition, the absolutely necessary basis, something very quiet, very calm, very peaceful and the feeling of a great force. Not the quietness that comes from inertia, but the feeling of a concentrated strength which keeps you always equal whatever happens, even in the midst of the most terrible circumstances of life.

Certain signs precede this state and show that you are well on the way.

A time comes, for example, when you feel literally imprisoned in the ordinary consciousness, squeezed as it were within something extremely narrow and hard. You feel suffocated, the constraint becomes almost unbearable, you try to free yourself only to knock against walls that seem to be made of bronze.

That means that the consciousness within has reached a point where the outer mould has become too small for it. The ordinary life, the ordinary activities, the ordinary relations, all appear so small, so petty ! You feel within yourself a force that is about to burst open this too narrow covering.

Yet another sign is that whenever you concentrate and aspire, you feel a force, a light, a peace coming down into you,—you aspire and the answer is immediate. This shows that the relation is well established.

 

When there is this sensation of being imprisoned in something too narrow, what is to be done ?

 

Not to be violent, above all. Violence will only exhaust you without any result.

If you are conscious of the flame within, gather all your power of aspiration, concentrate it intensely in a call on this flame. Throw into it whatever you can so that it may blaze more and more and yet remaining as quiet as you can. If you are restless, if you

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Quand peut-on dire que Von est prêt pour le yoga intégral ?

 

Quand on a établi en soi une parfaite égalité d'âme en toutes circonstances. C'est la condition indispensable, la base absolument nécessaire : quelque chose de très tranquille, de calme, de paisible, le sentiment d'une grande force. Non pas la tranquillité qui provient de l'inertie, mais le sens d'une puissance concentrée qui vous garde toujours égal quoi qu'il arrive, même dans les circonstances les plus terribles de la vie.

Certains signes précèdent cet état et indiquent que l'on est en bonne voie.

Un moment vient par exemple, où l'on se sent littéralement emprisonné dans la conscience ordinaire, comprimé comme dans quelque chose d'extrêmement étroit et dur. On suffoque, la gêne devient presque intolérable, on essaie de se délivrer mais on se heurte à des parois qui semblent d'airain.

Cela veut dire que la conscience intérieure est arrivée à un point où son moule extérieur est devenu beaucoup trop petit .pour elle. La vie ordinaire, les activités ordinaires, les relations ordinaires, tout cela paraît tellement petit, tellement mesquin ! On sent au-dedans de soi une force qui veut éclater ce revêtement trop étroit.

Un autre signe encore, c'est que dès que l'on se concentre et que l'on aspire, on sent une force, une lumière, une paix descendre en soi,— on aspire, et la réponse est immédiate. Cela indique que la relation est bien établie.

 

Quand on a cette sensation d'être emprisonné dans quelque chose de trop étroit, que faut-il faire ?

 

Surtout n'être pas violent. La violence ne ferait que vous épuiser sans aucun résultat.

Si vous êtes conscient de la flamme intérieure, rassemblez toute votre puissance d'aspiration, concentrez-la intensément dans cette flamme, en un appel. Jetez-y tout ce que vous pouvez afin qu'elle brûle, qu'elle brûle de plus en plus, et cela, en restant

flutter, if you become nervous, you will arrive nowhere. Be perfectly at peace, be trustful, the answer will come.

And when you are in this state, all your force and aspiration concentrated into the flame within;, then slowly exert a pressure on what is the outer crust, without violence, but with insistence and as long as you can without getting agitated, irritated or excited.

If you do that, you are sure to succeed. Not the very first time, it is certain, but begin as often and as long as it will be necessary until the day when all on a sudden you come out into an ocean of Light.

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In what way can the teaching of Buddha whom Sri Aurobindo considers as an Avatara be at present an obstacle or an aid on the may to Supramentalisation ?

 

All that helps humanity to make a progress is a help and all that prevents it from making a progress is an obstacle.

The forms of the Divine Power that incarnated in different beings such as the Buddha did so with a special purpose, for a special work, at a special moment in the universal evolution, but essentially they are but differentiated aspects of the one and the same Being, the difference therefore lies in the specialisation of .the action, otherwise it is always the same Truth, the same Power, the same Life Eternal that manifests under all these forms and creates these forms at a given moment for a special .reason and a special purpose. That continues to occur in history, and ever new forms are being used for a new progress. The old forms may continue, as a vibration continues but the reason of their existence, historically, one might say, is only temporary and one form is replaced by another for a new step forward. Man's error is to cling always to what is behind, to want the past to continue indefinitely.  

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aussi tranquille que vous le pouvez. Si vous vous agitez, si vous vous débattez, si vous vous énervez, vous n'arriverez à rien du tout. Soyez parfaitement paisible, et ayez confiance, la réponse viendra.

Et quand vous êtes ainsi, toute votre aspiration et votre force concentrées dans la flamme intérieure, alors, doucement, faites pression sur cette espèce de croûte extérieure, sans violence mais avec insistance et aussi longtemps que vous pouvez le faire sans vous agiter, sans vous irriter, sans vous exciter.

Si vous faites cela, vous êtes sûr de réussir. Pas la première fois, c'est certain; mais vous recommencerez autant de fois et aussi longtemps qu'il sera nécessaire, jusqu'au jour où, tout d'un coup, vous émergerez dans un océan de lumière.

 

 

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De quelle manière V'enseignement du Bouddha, que Sri Aurobindo considérait comme un Avatar, peut-il être maintenant un obstacle ou une aide sur le chemin de la supramentalisation ?

Tout ce qui aide l'humanité à faire un progrès est une aide, et tout ce qui l'empêche de faire un progrès est un obstacle.

Les formes de la Puissance divine qui se sont incarnées en des êtres différents, tel le Bouddha, se sont incarnées dans un but spécial, pour une action spéciale, à un moment spécial du développement universel, mais essentiellement ce ne sont que des aspects différenciés de l'Être unique, par conséquent, c'est dans la spécialisation de l'action qu'est la différence, sinon c'est toujours la même Vérité, la même Puissance, la même Vie éternelle qui se manifeste sous toutes ces formes et qui produit ces formes à un moment donné pour une raison spéciale et dans un but spécial. Cela se perpétue dans l'Histoire, mais ce sont éternellement des formes nouvelles qui sont utilisées pour un progrès nouveau. Les anciennes formes peuvent se perpétuer comme une vibration se perpétue, mais leur raison d'être, historiquement

These teachings should be utilised at the time when they are useful, for there is also the history of each individual development. You may go through the stages when such disciplines, as Dhammapada, for example, have an utility for the time, but when you have passed beyond the stage, you should follow another discipline and see that what was useful 'to you historically is no longer so now. Certainly, I will not say to those who have reached a certain state of growth and of mastery of the mind, "read the Dhammapada and meditate on it", that would be waste of time. I give that to those who have not passed beyond the state when it is necessary.

But always man loads his shoulders with endless burdens. He does not want anything of the past to fall away and he is more and, more bent down under the weight of an useless accumulation.

On a bit of your way you have a guide, but when you have crossed this bit of the way, leave the way and the guide, go farther on. This is a thing that men do with difficulty. When they get hold of a thing that helps them, they clutch at it, would not move any more. It is why those who have progressed with the help of Christianity would not give it up and they carry it on their shoulders, those who have progressed through Buddhism would not abandon it but carry it on their shoulders and that slows down your march and delays you indefinitely.

Once you have passed the stage, let it drop, let it disappear ! go forward !

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How can one work to help in changing the conditions of the present world ?

 

Looking at the actual state of the world many are the people who despair and groan : "Why is the world so frightful ?" But it is quite useless to lament, what is useful is that it should change. Since the world is detestable—we all agree on that point—since it 

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pourrait-on, dire, est momentanée, et une forme est remplacée par une autre pour faire un pas nouveau. L'erreur de l'humanité, c'est de s'accrocher toujours à ce qui est en arrière et de vouloir perpétuer le passé indéfiniment.

Il faut utiliser ces enseignements au moment où ils sont utiles, car il y a aussi une histoire de chaque développement individuel. Vous pouvez passer par des étapes où ces disciplines, le Dhammapada par exemple, ont une utilité momentanée, mais quand vous avez dépassé ce stade, vous devez suivre une autre discipline et voir que ce qui vous a été utile historiquement, ne l'est plus maintenant. Certainement, à ceux qui sont arrivés à un certain état de développement et de maîtrise mentale, je ne dirai pas "lisez le Peut-être et méditez là-dessus", ce serait perdre du temps. Je le donne à ceux qui n'ont pas dépassé l'étape où cela est nécessaire.

Mais toujours on charge ses épaules d'un fardeau interminable. On ne veut rien laisser tomber du passé et on est de plus en plus courbé sous le poids d'une accumulation inutile.

Vous avez un guide sur un morceau de chemin, mais quand vous avez passé ce morceau de chemin, laissez le chemin, et le guide, et allez plus loin. C'est une chose que les hommes font avec difficulté. Quand ils attrapent quelque chose qui les aide, ils s'accrochent, puis ils ne veulent plus bouger. Ainsi ceux qui ont fait un progrès avec le christianisme ne veulent pas le laisser et ils le portent sur leurs épaules, ceux qui ont fait un progrès avec le bouddhisme ne veulent pas le laisser et le portent sur leurs épaules, et alors ça alourdit la marche et ça vous retarde indéfiniment.

Une fois que vous avez passé l'étape, laissez-la tomber, qu'elle s'en aille ! allez plus loin !

 

 

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is not what it should be, the only thing for us to do is to work so that it may be different.

But how, individually, to make it otherwise ?

There is one means within the reach of all and that is to change oneself. If you can tell yourself: "I do not know very well what I am, but this combination of things that constitute me is perhaps my share of the work and if I can do it as best as I can, perhaps that would be the best that I could do". That is a very great beginning, very great; And it is not crushing, it is not beyond the limit of your possibilities. You have always in your hand, one might say, a field of action in proportion to your strength and it is manifold, complex, vast and profound enough to be interesting, an unknown world into which to go for new discovery.

Perhaps you will tell me : "But then it is egoism !" It is egoism, if you do it in the egoistic way, for your personal profit, if you try, for example, to acquire powers, to become strong so as to influence others, if you seek means to make your life comfortable. Naturally in that case it will be egoistic. Besides remember that you will gain nothing. You will begin to deceive yourself, you will live in the midst of growing illusions and fall back into greater and greater obscurity. Things are organised much better than one believes.... The condition required is an absolute sincerity in your aspiration for the realisation of the divine work.

If you start like that, I can guarantee that you will make such an interesting voyage that even if it takes a very long time, you will never be tired of it. If you have a strong will, an unfailing perseverance and that indispensable good humour which enables you to smile at all difficulties and errors, then everything will go well.

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Comment peut-on travailler pour aider à changer les conditions du monde actuel ?

 

Devant l'état du monde, bien des gens se désespèrent et gémissent : "Pourquoi le monde est-il si affreux ?" Mais il est bien inutile de se lamenter; ce qui est utile, c'est que cela change. Puisque le monde est détestable — nous sommes tous bien d'accord sur ce point—puisqu'il n'est pas ce qu'il devrait être, la seule chose que nous ayons à faire, c'est de travailler pour qu'il soit autrement.

 

Mais comment, individuellement, le rendre autrement ?

 

Il y a un moyen à la portée de tous : c'est de se changer soi-même. Si vous pouvez vous dire : "Je ne sais pas très bien ce que je suis, mais cet ensemble de choses qui me constituent, peut-être est-ce ma part du travail, et si je le fais aussi bien que je le peux, peut-être ferai-je le mieux que je puisse faire." C'est un très grand commencement, très grand. Et ce n'est pas écrasant, ce n'est pas en dehors des limites de vos possibilités. Vous avez toujours sous la main, pourrait-on dire, un champ d'action proportionné à votre force, et il est assez multiple, assez complexe, assez vaste, assez profond pour être intéressant, — un monde inconnu dans lequel aller à la découverte.

Peut-être me direz-vous : "Mais alors c'est de l'égoïsme!" C'est de l'égoïsme si vous le faites d'une façon égoïste, pour votre profit personnel, si vous essayez par exemple d'acquérir des pouvoirs, de devenir assez puissant pour avoir une influence sur les autres, si vous cherchez des moyens de vous créer une existence agréable. Naturellement, dans .ce cas, ce sera égoïste. Notez du reste que vous n'arriverez à rien. Vous commencerez à vous tromper vous-même, vous vivrez dans des illusions croissantes et vous irez. en reculant dans une obscurité de plus en plus grande. C'est que les choses sont organisées beaucoup mieux qu'on ne le croit... La condition requise est une sincérité absolue dans votre aspiration vers la réalisation de l'oeuvre divine.

Si vous partez comme cela, je peux vous garantir que vous ferez un voyage tellement intéressant que même s'il prend très

 Sri Aurobindo writes: "The descent of the Supermind will bring to one who receives it and is fulfilled in the truth-consciousness all the possibilities of the divine life. It will take up not only the whole characteristic experience which we recognise already as constituting the spiritual life but also all which we now exclude from that category...”

"The Supramental Manifestation" p. 86

 What is it that we exclude ?

 

That depends on people. Here we profess that we exclude nothing. It is just that. We have admitted all human activities whatsoever, including those that are considered the least spiritual. But I must say it is more difficult to change their nature. However, we try, we put in all possible good will.

 

It is said also that the supramental descent will make the change easier ?

 

There are two points that are very resisting. They are all that concerns politics and all that concerns money. These are the two points where it is most difficult to change man's attitude.

We have said that in principle we have nothing to do with politics and it is true that we have nothing to do with politics as it is practised now. But obviously if politics is taken in its true spirit, that is to say, as organisation of human masses and all details of government, regulation of the collective life and its relations with other collectivities, that is to say, other nations, other countries, then necessarily that also becomes part of the supramental transformation, because as long as the lives of nations and the relations between the nations are what they are, it will be absolutely impossible to live a supramental life on earth. So, that also must change and that also must be dealt with.,

As for the financial question, that is to say, finding a way of exchange and production which is simple, I mean which should be simple, more simple than the primitive exchange in which one had to give one thing in order to  

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longtemps, jamais vous, n'en serez fatigué. Si vous avez une forte volonté, une persévérance à toute épreuve, et cette bonne humeur indispensable qui permet de sourire devant les difficultés et les erreurs, — alors tout ira bien.

 

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Sri Aurobindo a écrit : "La descente du supramental apportera à celui qui la reçoit, celui qui se réalise dans la Conscience de Vérité, toutes les possibilités de la vie divine. Elle embrassera non seulement toute l'expérience caractéristique qui constitue la vie spirituelle telle ' que nous la connaissons déjà, mais aussi tout ce que nous excluons maintenant de cette catégorie.”

("La Manifestation Supramentale")

 

Qu'est-ce que nous excluons ?

 

Cela dépend des gens. Ici, nous professons que nous n'excluons rien. C'est justement pour cela. Nous avons adopté toutes les activités humaines, quelles qu'elles soient, y compris celles qui sont considérées comme les moins spirituelles. Mais je dois dire qu'il est plus difficile de changer leur nature. Mais enfin, nous essayons, nous y mettons toute la bonne volonté possible.

 

Il est dît aussi que la descente supramentale facilitera le changement ?

 

Il y a deux points qui sont très résistants. C'est tout ce qui concerne la politique et tout ce qui concerne l'argent. Ce sont les deux points où il est le plus difficile de changer l'attitude humaine.

En principe, nous avons dit que nous n'avons rien à faire avec la politique, et il est vrai que nous n'avons rien à faire avec la politique telle qu'elle se pratique maintenant. Mais il est de toute évidence que si l'on prend la politique dans son esprit vrai, c'est-à-dire l'organisation des masses humaines et de tous les

get another, something which is in principle general to earthly existence or universal, that also is indispensable for simplifying life. But with human character as it is, it is just the contrary that happens and the situation has so turned as to become almost intolerable. It has become almost impossible to have the least relation with other countries, and the famous means of exchange which was meant for a simplification has become such a complication that soon it will end in an impossibility,—one has come very very near not being able to do anything, being bound for everything. If you want to have the least thing from another country you have to follow such a complicated and laborious procedure that in the end you will have to remain in your little corner and be satisfied with the potatoes you grow in your own garden, without hoping to know anything of what happens or is produced elsewhere in the world.

Well, these two points, political and financial, are the two points most resisting. In the human consciousness it is that which is most dominated by the forces of ignorance, of inconscience and very generally, I must say, of bad will. That is what most refuses to progress, to move forward to the truth and unfortunately in every individual human being also that is the resisting point, the point that remains narrowly stupid, refusing to understand anything that is not in its habits. It is, therefore, truly a heroic action to wish to take up these things and transform them. That too is being tried, for unless this is done, it will be impossible to change the conditions on earth.

Relatively, very relatively it is easier to change economic and social conditions than the political and financial. There are certain general, terrestrial ideas, from the economic and social point of view, to which human mind has access, certain liberations and widenings, a certain collective organisation which do not seem absolutely meaningless and unrealisable, but as soon as you touch the other two questions which are yet of capital importance, particularly the political question, things become quite different.... Because one could imagine a life freed from all these financial complications, although it would be—it is not merely a play of words—a true impoverishment. There is, in what financial possi-  

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détails de gouvernement, la. régulation de la vie collective et les relations avec les autres collectivités, c'est-à-dire d'autres nations, d'autres pays, il faut nécessairement que cela aussi entre dans là transformation supramentale, parce que tant que les vies nationales et les relations entre nations seront ce qu'elles sont, il est tout à fait impossible de vivre une vie supramentale sur la terre. Alors, il faudra bien que cela change; il faudra bien qu'on s'occupe de cela aussi.

Quant aux questions financières, c'est-à-dire trouver un moyen d'échange et de production qui soit simple, simple enfin! qui devrait être simple, plus simple que ne l'était l'échange primitif de celui qui avait besoin de donner une chose pour en recevoir une autre et, n'est-ce pas, quelque chose qui puisse en principe être terrestre, universel, c'est tout à fait indispensable aussi, pour la simplification de la vie. Mais avec le caractère humain, c'est tout juste le contraire qui se produit, et la situation est telle qu'elle est devenue presque intolérable. Il est devenu presque impossible d'avoir la moindre relation avec les autres pays, et ce fameux moyen d'échange qui devait être une simplification est devenu d'une complication telle qu'on va bientôt aboutir à une impossibilité, — on est très très proche de ne plus pouvoir rien faire, d'être lié pour tout. Si l'on veut la moindre chose d'un autre pays, il faut suivre des procédés tellement compliqués et laborieux qu'on finira par rester dans son petit coin à se contenter des pommes de terre qu'on pourra cultiver dans son jardin, sans espérer savoir le moins du monde ce qui se passe et se produit ailleurs.

Eh bien, ces deux points-là politique et financier, sont les points les plus résistants. Dans la conscience humaine c'est ce qui est encore le plus soumis aux forces d'ignorance, d'inconscience et très généralement je dois dire, de mauvaise volonté. C'est ce qui se refuse le plus à tout progrès et à toute marche vers la vérité et malheureusement, dans chaque individu humain, c'est là aussi qu'est le point résistant, le point qui reste étroitement stupide et qui refuse de comprendre tout ce qui n'est pas dans son habitude. Alors, c'est vraiment une action héroïque de vouloir prendre ces choses et les transformer. Eh bien, on

bilities and procedures bring a considerable wealth of possibilities, because, if used in the true way and in the true spirit, they would simplify to a very great degree all the relations and enterprises of man, allow a complexity in life which would be difficult in other conditions. But I do not know for what reason, unless it is that the worst always precedes the best, instead of taking the way to simplification, things have taken the way to complication to such an extent that, in spite of aeroplanes that take you in two days from one end of the earth to the other, in spite of all the modern inventions which tend to make life so "small", so close that instead of going round the world in eighty days you do it in a few hours, I say, in spite of all that, the complications of exchange, for example, are so great that there are people who find themselves unable to go out of their home, I mean, out of the country where they are, because they have no means to go to another country and if they ask, for example, the requisite money to live in another country, they are told : "Is your travel so very important, you could perhaps wait a little, because for us it is very difficult at this moment". I am not joking, it is serious, it is happening. That is to say, we are becoming more and more prisoners at the place where we are born, whereas all the trends of Science have brought the countries so closely near that one could easily belong to the universe, in any case, to the earth.

This is the situation. It has become worse considerably since the last war and it is growing worse and worse every year. People now find themselves in such a ridiculous situation that, as they are at the end of their resources to simplify what they have so much complicated, the idea is sprouting in earth's atmosphere, an idea I would call absurd, but unfortunately it is worse than absurd, catastrophic, the idea that if there were a great destruction, perhaps it would be better afterwards.  "

People are so much tightened within prohibitions, impossibilities, interdictions, rules and regulations, complications every  second that they are on the point of being suffocated and have his truly admirable idea that if all were demolished, perhaps something better might follow. That is floating in the air and governments have placed themselves in such impossible conditions, they

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essaie cela aussi, et à moins que cela ne soit fait, il sera impossible de changer les conditions de la terre.

Il est relativement, très relativement plus facile de changer les conditions économiques et les conditions sociales que de changer les conditions politiques et financières. Il y a certaines idées générales, terrestres, au point de vue économique et au point de vue social, qui sont accessibles à la pensée humaine, certaines libérations, certains élargissements, une certaine organisation collective qui ne paraissent pas absolument insensés et irréalisables, mais dès que vous touchez aux deux autres questions, qui sont pourtant d'une importance capitale, surtout la question politique, il en va tout autrement. .Parce qu'on pourrait imaginer une vie qui se débarrasserait de toutes les complications financières, quoique, sans jeu de mots, ce serait un véritable appauvrissement. Il y a dans ce qu'apportent les possibilités financières, les procédés financiers, une richesse de possibilités très considérable parce que si c'était utilisé de la vraie manière et dans le vrai esprit, cela devrait simplifier toutes les relations et toutes les entreprises humaines, à un très grand degré, et permettre une complexité de vie qui serait très difficile dans d'autres conditions. Mais je ne sais pour quelle raison, si ce n'est que le pire précède toujours le meilleur, au lieu de prendre le chemin de la simplification, on a pris le chemin de la complication à un point tel que, malgré les avions qui vous amènent en deux jours d'un bout du monde à l'autre, malgré toutes les inventions modernes qui tentent de rendre la vie si "petite", si proche qu'on pourrait faire le tour du monde non plus en quatre-vingts jours mais en très peu de jours, eh bien, malgré tout cela, les complications des changes, par exemple, sont si grandes, qu'il ne manque pas de gens qui ne peuvent pas sortir de chez eux, je veux dire du pays où ils se trouvent, parce qu'ils n'ont aucun moyen d'aller dans un autre et que s'ils demandent par exemple l'argent nécessaire pour vivre dans un autre pays, on leur dit : "Est-ce que c'est très important votre voyage, vous pourriez peut-être attendre un peu, parce que pour nous c'est très difficile en ce moment." Je ne plaisante pas, c'est sérieux, cela arrive. C'est-à-dire qu'on devient de plus en plus le prisonnier de l'endroit où on est né

have bound themselves down so much that it appears to them that they must break everything in order to be able to go forward ....Unfortunately it is more than just a possibility, it is a very grave menace....And it is not quite sure that life will not be made still more impossible, because one feels incapable of coming out of the complications in which mankind has put itself. It is like a shadow —unfortunately a very active shadow—of the new hope that has grown in the human consciousness, the hope and need of something more harmonious. And this need is becoming more —and more acute as the life organised as at present is becoming more and more the opposite of all harmony. The two contraries stand face to face so intensely that one can expect something like an explosion.

This is the condition upon earth and it is not very brilliant. But for us there is yet a possibility. I have spoken about it already to you on several occasions. Even if things outside are spoilt altogether and a catastrophe cannot be avoided, for us there still remains, I mean those for whom the supramental life is not a vain dream, they who have faith in its reality and aspiration to realise it, —I do not mean they are necessarily those who have met here at Pondicherry in the Ashram, but all who are bound together by the tie of the knowledge that Sri Aurobindo has given and the will to live by this knowledge,—for them, I say, there still remains the possibility of intensifying their aspiration, their will, their effort, collecting their energies and shortening the time of the realisation, the possibility of doing the miracle individually, also collectively, in a certain measure, to conquer space and time, the duration necessary for the realisation, to replace time by the intensity of effort and to go quick enough and far enough in realisation so that they may be freed from the consequences of the present world situation, to make such a concentration of force and power and light and truth that through this very realisation one would be above and safe from these consequences and enjoy the protection given by the Light and the Truth, by the Purity, the divine Purity through inner transformation and the storm might pass over the earth without it being able to destroy the great hope of the near future, the

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alors que toutes les tendances scientifiques ont rapproché si étroitement les pays qu'on pourrait être universel, ou en tous cas terrestre, très facilement.

Telle est la situation. Les choses ont empiré considérablement depuis la dernière guerre, elles empirent d'année en année et on se trouve dans une situation si ridicule que, malheureusement, comme on est à bout de ressources pour simplifier ce qu'on a tellement compliqué, l'idée germe dans l'atmosphère terrestre, cette idée que je pourrais appeler saugrenue, mais malheureusement c'est pire que saugrenu, c'est catastrophique, cette idée que s'il y avait un grand bouleversement, peut-être que ce serait mieux après.

On est tellement coincé dans les prohibitions, les impossibilités, les défenses, les règlements, les complications de chaque seconde, qu'on est en train d'étouffer, et on a cette idée vraiment admirable que si on démolit tout, peut-être que ce sera mieux après. Ça flotte dans l'air, et les gouvernements se sont mis dans des conditions si impossibles, ils se sont tellement liés, qu'il leur semble qu'il faudra tout casser pour pouvoir avancer.... C'est malheureusement un peu plus qu'une possibilité, c'est une menace très sérieuse... et il n'est pas tout à fait sûr qu'on ne rendra pas la vie encore plus impossible parce qu'on se sent incapable de sortir du chaos de complications dans lequel l'humanité s'est placée. C'est comme l'ombre — mais malheureusement une ombre très active — du nouvel espoir qui a germé dans la conscience humaine, un espoir et un besoin de quelque chose de plus harmonieux. Et ce besoin devient d'autant plus aigu que la vie telle qu'elle est organisée actuellement devient de plus en plus l'opposé de toute harmonie. Les deux contraires se font face avec tant d'intensité qu'on peut s'attendre à quelque chose comme une explosion.

Telle est la condition terrestre, et elle n'est pas très brillante. Mais pour nous, il reste une possibilité, je vous en ai déjà parlé plusieurs fois : même si en dehors les choses se gâtent tout à fait et que la catastrophe ne puisse pas être évitée, il nous reste à nous, je veux dire, ceux pour qui la vie supramentale n'est pas un vain rêve, ceux qui ont foi en sa réalité et l'aspiration delà réaliser,—je ne veux pas dire nécessairement ceux qui sont réunis

hurricane might not sweep away this beginning of realisation.

Instead of going to sleep in an easy quiescence, letting things to be done according to their own rhythm, if you string your will, your ardour, your aspiration and if you come out into the Light, then you can hold your head high above, you can, in a higher region of consciousness, find a place to live, to breathe and to grow and develop above the passing cyclone.

It is possible in a small measure....It was done during the last war when Sri Aurobindo was there.. That can be done over again, but one must have the will for it and every one must do his portion of the work as sincerely and as completely as he can.

* *

 

What will be the place of occultism in the supramental world ?

    Everything being known in the supramental world, there would be

 

      no need of learning occultism.

 

You believe one learns occultism as one learns to play on the piano ? But it is not quite in that way that the things happen; for here we are concerned with a plane of consciousness other than the material. In fact, if you do not have a special disposition, you might read the whole world of books on occultism, you would never be able to do it. It is a special faculty.

It is also true however that you might read all the books available in the world on how to play on the piano, still if you do not actually play you will never know how to play. There are born musicians, born artists and there are people who may labour all their life and yet will never succeed in anything. It is the same thing with occultism. If you mean that when one will be a supra- mental being, one will have the aptitude to do everything, that is all right, but it is not said that the gift will be spontaneous. It may be that you will be capable of doing everything potentially, but you may not necessarily do everything. There will be all the same differences and classifications, special assignments  

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ici à Pondichéry dans l'Ashram, mais tous ceux qui ont entre eux le lien de la connaissance que Sri Aurobindo a donnée et la volonté de vivre selon cette connaissance,—il leur reste la possibilité d'intensifier leur aspiration, leur volonté, leur effort, de rassembler leurs énergies et de raccourcir le temps de la réalisation. Il leur reste la possibilité de faire ce miracle individuel, et collectif dans une petite mesure, de conquérir l'espace, la durée, le temps nécessaire pour cette réalisation, de remplacer le temps par l'intensité de l'effort et d'aller assez vite et assez loin dans la réalisation pour se libérer des conséquences de la situation terrestre actuelle, de faire une concentration de force, de puissance, de lumière, de vérité telle que par cette réalisation même, on soit au-dessus et à l'abri de ces conséquences, qu'on jouisse de la protection octroyée par la Lumière et la Vérité, par la Pureté, la Pureté divine, par la transformation intérieure, et que l'orage puisse passer sur le monde sans qu'il arrive à détruire ce grand espoir de l'avenir proche,— que l'ouragan n'emporte pas ce commencement de réalisation.

Au lieu de s'endormir dans une quiétude facile et de laisser les choses s'accomplir selon leur rythme propre, si on tend sa volonté, son ardeur, son aspiration, et qu'on surgisse dans la Lumière, alors on peut avoir la tête plus haute, on peut, dans une région supérieure de conscience, avoir de la place pour vivre, pour respirer, pour croître et se développer au-dessus du cyclone qui passe.

C'est possible dans une toute petite mesure.. .cela a été déjà fait au moment de la dernière guerre quand Sri Aurobindo était là. Cela peut se refaire, mais il faut le vouloir, et que chacun fasse son propre travail aussi sincèrement et aussi complètement qu'il le peut.

 

**

 

 

according to people and their individual tastes. And I do not see why you should deprive the supramental world of the occult faculty, more than any other.

What is your idea of the supramental life ? A paradise where everybody will do the same thing, in the same way...the old idea of heaven where everybody is an angel playing on the harp ? It is not exactly like that. All the differences will be there, the differentiations and the different acitivites, but instead of acting with ordinary human ignorance one will act with knowledge, that will make the difference.

Will not the Powers be greater in the supramental life ?

 

You take occultism in the sense of the power to act on life and things as a process, but that is not occultism, that is magic.

Occultism is a special use of the consciousness. For the moment, in the way it is practised among human beings, it is a direct and conscious perception of the forces behind the appearances and the play of these forces; and because you have a direct perception of them, you have the power to act on them and you bring a more or less higher will to intervene in the play of forces to obtain a desired result.

 

Will not people have these powers Spontaneously in the supra- mental ?

 

Spontaneously '....But everybody does occultism, without, however, knowing it. Everyone has this power spontaneously, but perhaps a very small power, like a pinhead, or that may be big, as big as the earth or the universe. You cannot live without doing occultism, only you do not know it. When you have the supramental consciousness you will know, that is the only difference.

I have already explained to you very often that when you think you do an act of occultism. When you think of someone,

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Quelle sera la place de l'occultisme dans le monde supramental ? Tout étant connu dans le monde supramental, il ne devrait plus y avoir besoin d'apprendre l'occultisme ?

 

Vous croyez que l'on apprend l'occultisme comme on apprend\à jouer du piano, mais ce n'est pas tout à fait comme ça, de toutes façons, que les choses se passent, parce qu'il s'agit d'un autre plan de conscience qui n'est pas matériel. En fait, ceux qui n'ont pas de dispositions spéciales pourraient lire tous les livres d'occultisme du monde, ils ne sauront jamais en faire. C'est une faculté spéciale.

Il est vrai que vous pouvez aussi lire tous les livres du monde sur la façon de jouer du piano, mais si vous n'en jouez pas, vous ne saurez jamais jouer. Il y a des musiciens-nés, des artistes-nés, et il y a des gens qui peuvent travailler toute leur vie et qui n'arriveront jamais à rien. C'est la même chose pour l'occultisme. Si vous voulez dire que quand on sera un être supramental, on aura le don de tout faire, c'est bien, mais il n'est pas dit que ce soit un don spontané. Il se peut qu'on soit potentiellement capable de tout faire, mais il n'est pas nécessaire qu'on fasse tout. Il y aura tout de même des différences et des classifications, des attributions spéciales suivant les gens et leurs goûts propres. Et je ne vois pas pourquoi vous priveriez le monde supramental de l'activité occulte, spécialement, plus que d'une autre.

Comment concevez-vous la vie supramentale? Comme un paradis où tout le monde fera la même chose, de la même manière ... la conception ancienne du paradis où tout le monde devenait des anges qui jouent de la harpe. Ce n'est pas tout à fait comme ça. Toutes les différences seront là, les différenciations et les différentes activités; mais au lieu d'agir avec l'ignorance humaine ordinaire, on agira avec la connaissance, c'est cela qui fera la différence.

automatically, something in you comes in contact with that person and if you add to your thought a will that the person should be like this or that, he should do this or that, understand this or that, indeed you are doing occultism.

Some people do it powerfully, and when they have a strong thought, that manifests and realises itself. In the case of some it is quite harmless and does not produce a big result. That depends upon the strength of your thought and also your power of concentration. It is an occultism that everybody does. The difference with one who truly does occultism is that he knows what he does and knows partially how he does it.

 

Will not every one do occultism consciously in the supramental world ?

 

There will always be different ways of approach to things. May be the occult power will become more general, but if you imagine a world in which everybody will equally have the same occult power, then there will exist no difference. People who have occult power act on those who do not have it, but if everyone has the power to an equal extent, then it will no longer be occultism.

I am convinced that even in the most perfect supramental realisation, there will always be difference in the capacities of people, and the functions given to each one, only instead of being or not being at his place, instead of doing or not doing what one should do, each one will be at his place—I hope always at his place—and will always do consciously what he should do. That is to say, instead of being there trying to know and groping in the dark, one will know what to do and will do it well, that is the whole difference. The differences will be there, each one will have his place, each one will have his activity. Do not believe that the whole world will begin to be alike and do the same thing in the same way,—that would be a frightful world.

We can explain in this way what will distinguish the supra- mental from the present world : what you do not know you will  

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Les Pouvoirs ne seront-ils pas plus grands dans la vie supramentale ?

 

Vous prenez l'occultisme au sens du pouvoir d'agir sur la vie et sur les choses, comme un procédé, mais ce n'est pas de l'occultisme, c'est de la magie.

L'occultisme, c'est un emploi spécial de la conscience. Pour le moment, tel qu'il est pratiqué parmi les êtres humains, c'est une perception directe et consciente des forces derrière les apparences et du jeu de ces forces; et parce qu'on en a la perception directe, on a le pouvoir d'agir sur elles et on fait intervenir une volonté plus ou moins supérieure dans le jeu des forces pour obtenir un résultat voulu.

 

N'aura-t-on pas ces pouvoirs spontanément, dans la vie supramentale ?

 

Spontanément !... Mais tout le monde fait de l'occultisme, sans le savoir. Tout le monde a ce pouvoir-là spontanément, mais ce peut être un tout petit pouvoir, comme une tête d'épingle, ou cela peut être vaste comme la terre et comme l'univers. Vous ne pouvez pas vivre sans faire de l'occultisme, seulement vous ne le savez pas. Quand on aura la conscience supramentale, on le saura, c'est la seule différence.

Je vous ai déjà expliqué très souvent que quand vous pensez, vous faites de l'occultisme. Quand vous pensez à quelqu'un, automatiquement, quelque chose de vous est en contact avec cette personne, et si à votre pensée s'ajoute une volonté que cette personne soit comme ceci ou comme cela, fasse ceci ou fasse cela, qu'elle comprenne ceci ou cela, eh bien vous faites de l'occultisme.

Certaines gens le font avec pouvoir, et quand ils ont une pensée forte, elle se manifeste et elle se réalise. Il y a des gens pour qui c'est très anodin et qui n'obtiennent pas grand résultat. Cela dépend des pouvoirs de votre pensée, et aussi de votre pouvoir de concentration. C'est un occultisme que tout le monde fait. La différence avec celui qui fait vraiment de l'occultisme, c'est qu'il sait ce qu'il fait, et en partie comment il le fait.

know, what you cannot do you will do, what you do not under- stand you will understand and of what you are unconscious, you will become conscious. That is the basis of the new creation : to replace ignorance by knowledge, unconsciousness by consciousness and powerlessness by power. But that does not mean that all things will be mixed up and become unrecognisable.

Sri Aurobindo has told us that in the supramental itself there are different planes of realisation and these planes will manifest successively in the same progressive movement that has always guided universal evolution. And that is simply because it has been till now a world closed to the majority of mankind or hardly half open to a few that it is difficult to conceive of a progress in the supramental life, but it will be there and since there is progress there is an ascent, a perfection that grows according to its own law, which unfolds gradually from the inconscient itself to a fully illumined consciousness and which works in the truth instead of working in the ignornace. The Unmanifest, which will use the supramental world for its manifestation and is not there wholly, totally, at one stroke, massively one might say, in the manifestation, but is progressive, will follow the same law of growth as the world we live in at present does, but instead of not knowing where we go, we shall know the way and follow it consciously. Instead of imagining, guessing or speculating on what should be, we shall see where we go and we shall know how to go. That will be the essential difference with our actual world. Certainly, it will not be a dull existence in which every- thing exists indefinitely and without changing.

I believe there is always in the human consciousness a tendency to arrive somewhere, sit down and regard it as final. "We have arrived, we settle down and move no more". That would be a poor supramental.

But this movement of ascent and progress towards a growing perfection will certainly be still more marked in the supramental world than in, our present world, and instead of unfolding in obscurity where everybody is blind and groping, it will unfold in the light and one will have the joy of knowing where one goes and how one goes there.  

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Dans le monde supramental, tout le monde ne fera-t-il pas de l'occultisme consciemment ?

 

Il y aura toujours des manières différentes d'aborder les choses. Peut-être le pouvoir occulte sera-t-il plus généralisé, mais si vous imaginez un monde où tout le monde aura également le même pouvoir occulte, cela ne fera plus aucune différence. Les gens qui ont le pouvoir occulte, agissent sur ceux qui ne l'ont pas, mais si tout le monde a ce pouvoir d'une façon égale, ce ne sera plus de l'occultisme.

Je suis convaincue que même dans la réalisation supramentale la plus parfaite, il y aura toujours une différenciation entre les capacités de chacun et les attributions de chacun, mais au lieu d'être ou de ne pas être à sa place, de faire inconsciemment ou de ne pas faire ce que l'on doit faire, on sera à sa place — j'espère toujours à sa place—et on fera toujours ce que l'on doit faire, consciemment. C'est-à-dire qu'au lieu d'être là à essayer de savoir et à tâtonner dans l'obscurité, on saura ce que l'on doit faire et on le fera bien, c'est toute la différence. Les différenciations seront là, chacun aura sa place, chacun aura son activité. Ne croyez pas que tout le monde va commencer à se ressembler et à faire la même chose de la même manière, — ce serait un monde terrible.

Nous pouvons exprimer ainsi ce qui distinguera le monde supramental du monde actuel : ce que vous ne savez pas, vous le saurez, ce que vous ne pouvez pas, vous le pourrez, ce que vous ne comprenez pas, vous le comprendrez, — et ce dont vous êtes inconscient, vous en deviendrez conscient. Telle est la base de la création nouvelle : remplacer l'ignorance par la connaissance, l'inconscience par la conscience et l'impuissance par la puissance. Mais cela ne veut pas dire que tout va se trouver mélangé au point d'être méconnaissable.

Sri Aurobindo nous a dit que dans le supramental lui-même il y a différents plans de réalisation et que ces plans se manifesteront successivement avec le même mouvement progressif que celui qui a toujours présidé au développement universel. Et c'est simplement parce que jusqu'à présent c'est un monde qui

You must not then come and ask : "Will there be this thing ?" or "Will not there be. that thing ?" There will be many more things than we have now. All the things that are possible will be there.

* *

 

"...whether the whole of humanity would be touched or only

a part of it ready for the change would depend on what was intended

or possible in the continued order of the universe.”

"The Supramental Manifestation", p. 103,

What does "what was intended or possible ” mean? Are the things different ?

 

It is the same thing. When you look at an object on a certain plane, you see it horizontally, and when you look at from another plane, you see it vertically. Now, if you look at it from above, you say "intended", and if you look at it from below, you say "possible". It is absolutely the same thing. Only the point of view is different.

If you are in a consciousness that has a mental working, even if this mental level is the highest, you have the notion there of an absolute determinism of cause and effect and that things are what they are, because they are what they are and cannot be otherwise. Only when you come completely out of the mental consciousness and enter into a higher sense of things, one may call it spiritual or divine, that you find yourself suddenly in a state of perfect freedom where everything is possible.

Those who have contacted that state or" have lived it—even if it be for an instant—try to describe it by the impression it leaves of the play of an absolute will operating, which for the human mentality gives at once the sense of something arbitrary. And it is because of this deformation that the idea was born, the traditional idea, I may call it, of an arbitrary supreme God, and to the enlightened minds, this is one of the most unacceptable  

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est fermé pour la majorité de l'humanité ou à peine entr'ouvert pour quelques-uns, qu'on a de la difficulté à concevoir ce progrès dans la vie supramentale, mais il existera, et du moment où il y a progrès, il y a ascension et il y a une perfection qui se développe selon une loi propre, qui se dévoile petit à. petit de l'inconscience même jusqu'à une conscience pleinement illuminée, et qui fonctionne dans la vérité au lieu de fonctionner dans l'ignorance. Le non-manifesté, ce qui va se servir du monde supramental pour se manifester et qui n'est pas là complètement, totalement d'un seul coup, massivement pourrait-on dire, dans la manifestation, mais qui est progressif, suivra une même loi de développement que le monde dans lequel nous vivons maintenant, mais au lieu de ne pas savoir où l'on va, eh bien on connaîtra le chemin et on le suivra consciemment. Au lieu d'être là à s'imaginer ou à deviner ou à spéculer au sujet de ce qui doit être, on verra où l'on va et l'on saura comment y aller. Telle sera la différence essentielle avec notre monde actuel. Certainement, ce ne sera pas une existence plate où tout est là indéfiniment et sans changement.

Je crois qu'il y a toujours une tendance dans la conscience humaine à vouloir arriver quelque part, s'asseoir et que ce soit fini. "Nous sommes arrivés, nous nous installons et nous ne bougeons plus." Ce serait un pauvre supramental.

Mais ce mouvement ascendant, progressif, vers une perfection croissante, sera certainement encore plus marqué dans le monde supramental que dans notre monde actuel, et au lieu de se dérouler dans une obscurité où tout le monde est aveugle et tâtonne, il se déroulera dans la lumière et on aura la joie de savoir où l'on va et comment on y va.

Alors il ne faut pas venir demander : "Est-ce qu'il y aura ceci ?" ou "est-ce qu'il n'y aura pas cela ?" Il y aura beaucoup plus de choses que nous n'en avons maintenant. Toutes les choses possibles seront là.

 

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ideas. I imagine it is this experience, badly expressed that was the origin of the idea. And in fact it is inaccurate to express that as an absolute will, it is very very different, quite another thing, because, what man understands by "will" is a decision taken and carried out, and we are obliged to use the word "will", but the will that operates in the universe, is not in its truth, the result of a choice or a decision taken. The expression that seems to me nearest to the reality is "vision".

Things are, because they are seen, spontaneously seen, not seen as we see with our eyes..,.Yet it is all the same what is nearest, it is a vision, a vision that unfolds itself. The universe objectivises itself as it is being seen, and that is why Sri Aurobindo has said "intended or possible". It is neither the one nor the other. All that one can say deforms it. The objectivisation, the universal objectivisation is something like a projection into space and time, as a living image of what is since all eternity, and as this image is projected on the screen of time and space it is objectified—the Supreme contemplates his own image.

* *

Why is it that at the very first sight one is attracted by certain persons, while for others one feels a repulsion?

 

Generally that is based on vital affinities, nothing else. There are vital vibrations that agree and there are vital vibrations that do not agree. It is generally this and nothing else. It is a vital chemistry.  

One must be in a much more profound and clear-seeing consciousness in order that the thing may be otherwise. There is an inner perception based on the psychic consciousness which makes you feel who are those that have the same aspiration, the same goal and who may be your companions on the way, and this perception makes you also see clearly as to those who follow  

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"Que l'humanité tout entière soit touchée (par l'influence supramentale) ou seulement la partie prête pour le changement, cela dépend de ce qui est voulu ou possible dans l'ordre continu de l'univers.”

 (Sri Aurobindo, "La Manifestation Supramentale")

Que veut aire "ce qui est voulu ou possible " ? Les deux choses sont-elles différentes ?

 

C'est la même chose. Quand vous regardez un objet sur un certain plan, vous le voyez horizontalement, et quand vous regardez le même objet d'un autre plan, vous le voyez verticalement. (La Mère présente la couverture et le dos de son livre). Alors, si on regarde d'en haut, on dit "voulu"...et si on regarde d'en bas, on dit "possible". Et c'est absolument la même chose. C'est seulement le point de vue qui est différent.

Si vous restez dans une conscience dont le fonctionnement est mental, même si ce mental est le plus élevé qui soit, vous avez la notion d'un déterminisme absolu des causes et des effets et que les choses sont ce qu'elles sont parce qu'elles sont ce qu'elles sont et qu'elles ne peuvent pas être autrement. Ce n'est que lorsque vous sortez complètement de la conscience mentale et que vous entrez dans un sens supérieur des choses, que l'on peut appeler spirituel ou divin, que vous vous trouvez tout d'un coup dans un état de parfaite liberté où tout est possible.

Ceux qui ont touché cet état-là, ou qui l'ont vécu, — ne serait ce qu'un instant, — essaient de le décrire par cette impression de volonté absolue qui s'exerce, ce qui, pour la mentalité humaine, donne immédiatement le sens de l'arbitraire. Et c'est à cause de cette déformation qu'est née cette notion, que je pourrais appeler traditionnelle, d'un Dieu suprême arbitraire — et c'est une des idées les plus inacceptables pour tout esprit éclairé. J'imagine que c'est cela, cette expérience mal exprimée, qui est à l'origine de cette notion. Et en fait, il est inexact d'exprimer cela comme une volonté absolue, c'est très très différent, c'est tout autre chose, parce que, ce que l'homme comprend par "volonté", c'est une décision qui est prise et qui est exécutée, et nous sommes obligés d'employer le mot "volonté", mais, dans sa vérité, la volonté qui s'exerce dans l'univers n'est pas le résultat d'un

a very different path or who have in them forces that are adverse to you and may do harm to your growth. But in order to arrive at this perception, one must be exclusively occupied with one's spiritual progress and one's integral realisation. And such is not often the case. Also generally when one attains this clear insight, it is not expressed by attraction or repulsion, but by a very objective knowledge, a kind of inner certitude which makes you act in a calm and thoughtful manner, not through attractions and repulsions.

Therefore it can be said in a general and almost absolute way that people who have very definite and impulsive sympathies and antipathies are those that live in a vital consciousness. Some affinities of the mental order may be mixed up with that, in other words there are minds that like to have activities in common, but they are people on a much higher level in the intellectual order and that is further expressed also by a feeling of ease in the relation, by something much more quiet and detached. There is a pleasure in talking to some people and others offer no attraction and one finds no profit from their conversation. It is a little  more distant and quiet, these relations belong furthermore to the world of reason. But sympathy and antipathy are clearly of the vital world.

There is a vital chemistry as there is a physical chemistry. There are bodies that repel and there are bodies that attract. There are substances that combine, there are others that explode. It is like that. There are vital vibrations that agree and agree so well that in 99 cases out of a hundred these sympathies are taken for what men call love : all on a sudden they feel, "Oh ! he, it is for him I was waiting. Oh ! she, it is her that I was looking for" and they precipitate upon each other, until they find that all that was superficial and that these things cannot last. That is why the first advice given to one who -wishes to do yoga is : "Rise above sympathies and antipathies". It is a thing that has no deep reality and may lead you, at the least, into difficulties that are sometimes rather insurmountable. With such things you can ruin your life. The best is not to take notice of them, to withdraw a little into yourself and ask for what reason—not   

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choix, ni une décision prise. Ce qui me semble l'expression la plus proche, c'est une "vision".

Les choses sont, parce qu'elles sont vues, et spontanément vues, — pas vues comme nous voyons avec nos yeux... et tout de même, c'est ce qui est le plus proche; c'est une vision, une vision qui se déroule. L'univers s'objective à mesure qu'il est vu, et c'est pour ça que Sri Aurobindo a dit "ou voulu ou possible". Ce n'est ni l'un ni l'autre. Tout ce qu'on peut dire déforme. L'objectivation, l'objectivation universelle, c'est quelque chose comme une projection dans l'espace et le temps, comme une image vivante de ce qui est, de toute éternité, et c'est à mesure que cette image est projetée sur l'écran du temps et de l'espace qu'elle s'objective, — le Suprême qui contemple son image.

 

Pourquoi, à première vue, se sent-on attiré par certaines personne tandis que pour d'autres on sent une répulsion ?

 

Généralement c'est basé sur des affinités vitales, pas autre chose. Il y a des vibrations vitales qui s'accordent et des vibrations vitales qui ne s'accordent pas. C'est généralement cela, rien d'autre. C'est de la chimie vitale.

Il faudrait être dans une conscience beaucoup plus profonde et clairvoyante pour que ça puisse être autre chose. Il existe une perception intérieure basée sur une conscience psychique qui vous fait sentir quels sont ceux qui ont une même aspiration, un même but et qui peuvent être des compagnons sur la route, et cette perception vous rend clairvoyant aussi pour ceux qui suivent un chemin très différent ou qui ont en eux des forces qui vous sont adverses et qui peuvent vous nuire dans votre développement. Mais pour arriver à une telle perception, il faudrait soi-même être exclusivement occupé de son progrès spirituel et de sa réalisation intégrale. Or ce n'est pas souvent le cas. Et généralement aussi, quand on est arrivé à cette clairvoyance intérieure,

very mysterious—you like to meet this person and do not like to meet the other.

When you are occupied exclusively with you sadhana, a moment comes when you can feel—but in a manner at once much more subtle and much more quiet—that this contact is favourable to the sadhana and that one is harmful. But that feeling takes always a very detached form and often it is even in contradiction with the so-called vital attractions and repulsions, very often the two have nothing in common.

The best then is to look at that from a little distance and to give a little sermon to yourself on the futility of these things.

Evidently there are natures thoroughly bad, beings that are born wicked and love to do harm ; and if you are in a natural and not perverted state like the animals,—for from that point of view animals are much superior to men, perversion begins with mankind—then logically you stand aloof as you would do from something thoroughly harmful. Fortunately such cases are not very frequent, what one meets generally in life is a very mixed nature in which good and bad somewhat balance each other and you can expect to have relations at once good and bad. There is no reason why you should feel a deep antipathy, because, you are yourself a mixed thing and similar meets the similar.

It is said also that there are some individuals that are like vampires and when they come near another individual they spontaneously suck up his vitality and energy and so one should be on one's guard as against a very grave danger. These things exist, but they too are not very frequent and, above all, not so total, that you need run away when you meet such a person.

So then in brief if you want to grow spiritually, the first thing to do is to overcome your antipathies—and your sympathies. Look at all that with a smile 

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cela ne se traduit pas par une attraction ou une répulsion, mais par une connaissance très objective, une sorte de certitude intérieure qui vous fait agir d'une façon calme et raisonnée, pas avec des attractions et des répulsions.

Par conséquent, on peut dire d'une façon générale et presque absolue, que ceux qui ont des sympathies et des antipathies très précises et impulsives, sont ceux qui vivent dans une conscience vitale. Il peut s'y mélanger des affinités d'ordre mental, c'est-à-dire qu'il y a des intelligences qui aiment à avoir des activités communes, mais ce sont les gens qui sont à un niveau beaucoup plus élevé dans l'ordre intellectuel et cela se traduit davantage aussi par un sentiment d'aise dans les relations, par quelque chose de beaucoup plus tranquille et détaché. On a plaisir à parler avec certaines personnes et d'autres n'offrent aucun attrait, on ne trouve aucun avantage à leur conversation. C'est un peu plus distant et tranquille. Ces relations appartiennent davantage au monde de la raison. Mais antipathie et sympathie, ça c'est clairement dans le monde vital.

Il y a une chimie vitale comme il y a une chimie physique. Il y a des corps qui se repoussent, il y a des corps qui s'attirent. Il y a des substances qui se combinent, il y en a d'autres qui font des explosions, c'est comme ça. Il y a des vibrations vitales qui s'accordent, et qui s'accordent si bien que quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent ces sympathies sont prises pour ce que les hommes appellent l'amour et que tout d'un coup ils sentent "Oh ! celui-là, c'est celui que j'attendais, oh ! celle-là, c'est celle que je cherchais" et ils se précipitent l'un sur l'autre, jusqu'à ce qu'ils s'aperçoivent que c'était très superficiel et que ce sont des choses qui ne peuvent pas durer. Alors le premier conseil que l'on donne à ceux qui veulent faire le yoga, c'est "élevez-vous au-dessus des sympathies et des antipathies". C'est une chose qui n'a pas de réalité profonde et qui peut, pour le moins, vous conduire vers des difficultés quelquefois assez insurmontables. Vous pouvez abîmer votre vie avec ces choses-là. Le mieux est de ne pas en tenir compte, et de se reculer un peu en soi-même, de se demander pour quelle raison — pas très mystérieuse — on aime à rencontrer celui-ci et on n'aime pas à rencontrer celui-là.

It seems the general consciousness has gone down since the Ashram began to grow in large proportions. What is the reason and how to raise the general level ?  

 

This is a thing somewhat complicated. I will try to explain it. For a long time the Ashram was only a gathering of individuals, each one representing something as an individual, but without any collective organisation. It was like isolated pawns on a chessboard and possessed only an apparent unity, there was rather the bare superficial fact of their living together at the same place and having some common habits, a few only, not many. Each one progressed—or did not progress—according to his own capacity and had a minimum relation with others. So in the measure of the individuals constituting this heterogeneous body, one could say there was a general value, but a very floating value with no collective reality. That lasted a very very long time.

It is only quite recently that the necessity of a collective reality began to appear, a collective reality not necessarily limited to the Ashram but embracing all who have declared themselves —I do not mean physically, I mean, in their consciousness—as disciples of Sri Aurobindo, and who have endeavoured to live his teaching. In all of them and more strongly since the manifestation of the supramental consciousness and force, the necessity of a true common existence has awakened, which is based not merely upon purely material circumstances, but represents a deeper truth, and which is the beginning of what Sri Aurobindo calls a supramental or gnostic community.

Naturally Sri Aurobindo has said that for this the individuals constituting the collectivity must themselves possess the supramental consciousness, but even before this perfection is attained individually, it has become necessary to make an inner effort to create this collective individuality, if one may say so. The need of a true union, a deeper bond is being felt and the effort has tended towards such a realisation. That has brought some trouble, because the tendency before was so much individualistic that certain habits have been upset, I do not mean physically, for things are not very different from what they were, but internally, in a

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Quand on est exclusivement occupé de sa sadhana, il y a un moment où l'on peut sentir, — mais d'une façon à la fois beaucoup plus subtile et beaucoup plus tranquille,—que tel contact est favorable à la sadhana et que tel autre contact est nuisible. Mais cela prend toujours une forme beaucoup plus détachée, et c'est souvent même en contradiction avec les soi-disant attractions et répulsions du vital, très souvent, cela n'a rien à voir ensemble.

Alors le mieux c'est de regarder cela d'un peu loin et de se sermonner un peu sur la futilité de ces choses.

Il existe évidemment des natures qui sont presque foncièrement mauvaises, des êtres qui sont nés méchants et qui aiment à faire du mal, et logiquement, si on est dans un état naturel, pas perverti, comme sont les animaux, — car à ce point de vue ils sont très supérieurs à l'homme; la perversion commence avec l'humanité, — alors, on se tient à l'écart, comme on se tiendrait à l'écart de quelque chose de foncièrement nuisible, mais ce sont heureusement des cas qui ne sont pas très fréquents et ce que l'on rencontre dans la vie, ce sont généralement des natures très mélangées où il y a une sorte d'équilibre entre le bon et le mauvais, et l'on peut s'attendre à avoir des relations à la fois bonnes et mauvaises. Il n'y a pas de raison de sentir une antipathie profonde parce que, comme on est soi-même mélangé, le semblable rencontre le semblable.

On dit aussi qu'il y a certains individus qui sont comme des vampires et qui, lorsqu'ils s'approchent d'un autre individu, pompent spontanément sa vitalité et son énergie, et qu'on doit s'en garder comme d'un danger très sérieux. Ces choses existent, mais elles ne sont pas si fréquentes et surtout pas si totales qu'il faille s'enfuir quand on rencontre une personne comme cela.

Alors, au fond, si oh veut se développer dans le sens spirituel, la première chose à faire, c'est de surmonter ses antipathies — et ses sympathies. Regarder tout cela avec un sourire.

 

 

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little deeper consciousness, and a certain interdependence has been created—I insist on this point above all—which has somewhat lowered the individual level except for those who had already arrived at an inner realisation strong enough to resist the levelling action.

It is this that gives the impression that the general level has come down which is not exact; the general level is on a higher plane than what was before, but the individual level has gone down in many cases, and individuals who were capable of one realisation or another have felt, without understanding it, weighed down under a load which they had not to carry before and which is due to this interdependence. But it is quite a temporary result and will finally end, on the contrary, in an amelioration, a very perceptible general progress. Naturally, if each individual were conscious, if, instead of yielding to this kind of levelling, he resisted in order to transform, transmute, sublimate the elements, the influences and the currents received from others, then the whole would rise to a higher consciousness, much in advance of what was before.

It was towards that that I was leading without explaining the thing in detail when I spoke of a more and more urgent necessity to make an effort and I meant precisely one day to explain to you that the individual effort you may put in, instead of being merely an individual progress will spread, so to say, and have very important collective results, but I said nothing for months, I wanted to prepare the consciousness of each individual so that they might admit, I should even say, recognise the necessity of a collective individuality.

It is that which has to be explained now. There is no other reason for this sort of apparent lowering, but it is not really so. It is the spiral movement of progress which necessarily implies that one should travel away from a certain realisation so that it may be made not only wider but also higher. If everyone collaborates consciously and with good will, it will be done more quickly. It was an imperative necessity if the life of the Ashram were to continue. A thing that does not progress, necessarily declines and perishes, and if the Ashram were to last, it had had  

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Il semble que la conscience générale s'est abaissée depuis que î'Ashram a commencé à se développer dans de larges proportions. Quelle en est la raison, et comment relever le niveau général ?

C'est une chose un peu compliquée. Je vais essayer de l'expliquer. Pendant très longtemps Î'Ashram n'était qu'une réunion d'individus, chacun représentant quelque chose mais en tant qu'individu et sans organisation collective. C'était comme des pions séparés sur un échiquier et qui n'avaient d'union qu'une apparence, ou plutôt le fait purement superficiel de vivre ensemble dans un même endroit et d'avoir quelques habitudes communes, même pas beaucoup, quelques-unes seulement. Chacun progressait — ou ne progressait pas — selon sa capacité propre et avec un minimum de relations avec les" autres. Alors, suivant la valeur des individus qui constituaient cet ensemble hétéroclite, on pouvait dire qu'il y avait une valeur générale mais qui était très flottante, sans réalité collective. Ceci a duré très très longtemps.

C'est seulement assez récemment qu'a commencé à se faire jour la nécessité d'une réalité collective, réalité collective qui ne se limite pas nécessairement à Î'Ashram, mais qui englobe tous ceux qui se sont déclarés — je ne veux pas dire matériellement, je veux dire dans leur conscience — les disciples de Sri Aurobindo, et qui ont essayé de vivre son enseignement. Parmi eux tous, et plus fortement ' depuis la manifestation de la conscience et de la force supramentales, s'est éveillée la nécessité d'une existence commune vraie, qui ne se base pas seulement sur des circonstances purement matérielles, mais qui représente une vérité plus profonde et qui est le commencement de ce que Sri Aurobindo appelle une communauté supramentale ou gnostique.

Sri Aurobindo a naturellement dit que pour cela, il fallait que les individus qui composent cette collectivité, aient eux-mêmes la conscience supramentale, mais même avant qu'une telle perfection soit atteinte individuellement, il est devenu nécessaire de faire un effort intérieur pour créer cette individualité collective, si l'on peut dire. Le besoin d'une union véritable, d'un lien plus profond s'est fait sentir, et l'effort a tendu vers

to make a progress in its consciousness and become a living entity. That is all. In the spiral of our progress we are a little away from the line of realisation that we were following for some years, but we shall come back to it on a higher level. That is the reason.

Apparently there may be movements seeming to contradict what I have just told you, but it is always so, for everytime you want to realise something the first difficulty that you meet is the opposition from all that was not active before and now awakes to offer resistance. All that does not want to acquiesce in this change, naturally wakes up and revolts, but that has no importance. It is the same thing as happens in the individual being. When you want to make a progress, the difficulty you wished to conquer increases tenfold in importance and intensity in your consciousness. You have only to persevere. That is all, it will pass away.  

 

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cette réalisation. Cela a causé quelques troubles, parce que la tendance était tellement individualiste auparavant, que certaines habitudes ont été dérangées, je ne veux pas dire matériellement, parce que les choses ne sont pas très différentes de ce qu'elles étaient, mais intérieurement, dans une conscience un petit peu plus profonde, et surtout, c'est le point sur lequel je veux insister, cela a créé une certaine interdépendance intérieure qui a fait naturellement baisser un peu le niveau individuel, sauf pour ceux qui étaient déjà arrivés à une réalisation intérieure suffisante pour pouvoir résister à cette action de nivellement.

C'est cela qui donne l'impression que le niveau général a baissé, ce qui est inexact, le niveau général est à un plan supérieur de ce qu'il était auparavant, mais le niveau individuel a baissé, dans beaucoup de cas, et des individus qui étaient capables d'une réalisation ou d'une autre, se sont sentis, sans l'avoir compris, alourdis par un poids qu'ils n'avaient pas à porter auparavant et qui provient de cette interdépendance. C'est un effet tout à fait temporaire, et qui aura pour aboutissement, au contraire, une amélioration, un progrès général très sensible. Naturellement, si chaque individu était conscient, si au lieu de se soumettre à cette espèce d'effet de nivellement, il résistait pour transformer, transmuer, surélever les éléments, les influences, les courants qu'il reçoit des autres, alors l'ensemble surgirait dans une conscience supérieure, très en progrès sur ce que l'on était auparavant.

C'est vers cela que j'ai tendu, sans vous expliquer la chose en détails, quand je vous ai parlé d'une nécessité de plus en plus urgente de faire un effort, et je tenais justement à vous expliquer un jour que l'effort que vous pourrez faire individuellement, au lieu d'être 'seulement un progrès individuel, se répandra pour ainsi dire, ou aura des effets collectifs très importants, mais je ne disais rien parce que pendant des mois j'ai voulu préparer les consciences individuelles à admettre, je devrais même dire à reconnaître, cette nécessité d'une individualité collective.

C'est cela qui maintenant doit être expliqué. Il n'y a pas

d'autre raison à cette sorte de descente apparente, qui n'en est pas une. C'est le mouvement en spirale du progrès et qui nécessite qu'on s'éloigne d'une certaine réalisation afin de rendre cette réalisation non seulement plus vaste, mais aussi plus haute. Si chacun y collabore consciemment et avec bonne volonté, cela ira beaucoup plus vite. C'était une nécessité impérative si on voulait que cette vie de l'Ashram soit viable. Toute chose qui ne progresse pas, nécessairement décline et périt, et pour que l'Ashram puisse être durable, il fallait qu'il fasse un progrès dans sa conscience et qu'il devienne une entité vivante. Voilà. Dans la spirale du progrès, nous sommes un peu loin de la ligne de réalisation que nous suivions il y a quelques années, mais on y reviendra à un niveau supérieur. C'est cela la raison.

Apparemment, il peut y avoir des mouvements qui semblent en contradiction avec ce que je viens de vous dire, mais il en est toujours ainsi, parce que chaque fois qu'on veut réaliser quelque chose, la première difficulté qu'on rencontre c'est l'opposition de tout ce qui n'était pas actif auparavant et qui s'éveille à la résistance. Tout ce qui ne veut pas admettre ce changement, naturellement se réveille et se révolte, mais cela n'a aucune importance. C'est la même chose que dans l'être individuel, quand vous voulez faire un progrès, la difficulté que vous voulez vaincre, décuple immédiatement d'importance et d'intensité dans votre conscience. Il n'y a qu'à persévérer. C'est tout, ça passera.

 

 

 

 

 

 

 

 

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Report on the Quarter

 

THIS quarter was our Athletics season and we had as in other  years competitions lasting nearly two months from the 1st July to the 1st of September. The season opened as usual with an impressive March Past and salute to the Mother by all the groups at the Sports Ground.

The number of entries for the Competition was lower than usual because we had increased the minimum standard required for each event. But nevertheless, the programme was a full one and naturally the overall quality of performance was better with the raised standards.

The Prize Distribution on the 1st September was preceded as in other years by Novelty Races for the little ones. We publish some pictures of these novelty races and the prize cards together with some views of the Sports Ground and some of the items there.

An important event this quarter was the Third Pondicherry International Salon of Photography which opened on the 15th August for one week. Entries were received from 36 countries and the Exhibition was a great success. The general standard of the exhibition was high, but there was no outstanding picture to which the prize could be given. A new feature of the exhibition was that entries were received for the first time from Russia and Poland showing the high development of photographic technique in these countries.

At the same time as this Salon, we had an exhibition of Paintings by our Ashram artists and students and some remarkable pictures were hung. Both the exhibitions were very well attended.

Now that we have a 35 mm Projector together with our 16 mm ones, we are able to arrange screenings about twice a month of

Rapport Trimestriel

 

CE trimestre a été marqué par notre saison d'athlétisme qui, comme les autres années, s'est étendue sur près de deux mois, du Ier Juillet au Ier Septembre. La saison s'est ouverte à notre stade par l'habituel défilé devant la Mère, auquel participèrent tous nos groupes.

Le nombre des inscriptions aux diverses épreuves fut inférieur à celui de l'année dernière car nous avions relevé le niveau des qualifications minima pour participer aux épreuves. Néanmoins, le programme fut très complet et la qualité d'ensemble des épreuves fut meilleure du fait du niveau plus élevé.

La distribution des prix sportifs eut lieu le Ier Septembre et comme d'habitude fut précédée de "courses de fantaisie" par les plus petits. Dans ce Bulletin nous publions quelques photos de ces courses et des diplômes sportifs distribués, ainsi que des photos du stade et de certaines épreuves de notre saison d'athlétisme.

Autre événement important de ce trimestre, le y salon international de photographie à Pondichéry, qui s'est ouvert le 15 Août et a duré une semaine. Trente-six pays avaient envoyé des photos. Cette exposition eut le plus grand succès. La qualité générale des photos exposées était bonne, mais aucune cependant ne se distinguait par sa valeur exceptionnelle si bien que le prix ne fut attribué à personne, fait nouveau dans cette exposition, la Russie et la Pologne avaient pour la première fois envoyé un ;certain nombre de photos qui révélaient le haut développement de .a technique photographique dans ces pays.

En même temps que le salon de photographie s'ouvrait une exposition de peinture où l'on pouvait voir les œuvres des artistes ;t étudiants de l'Ashram. Certaines de ces toiles furent fort appréciées

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various pictures, mostly documentaries and certain well-known feature films which are both beautiful and instructive.

The last illustration in this number is a beautiful picture of two little birds in front of their home.  

par les nombreux visiteurs qui défilèrent dans notre hall d'exposition.

Nous avons maintenant, outre nos appareils de i6mm, un appareil de projection de 35mm, ce qui nous permet, environ deux fois par mois, de projeter des films documentaires et parfois de grands films que nous choisissons pour leur beauté ou leur caractère instructif.

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Illustrations

Les cartes de prix

 

 

The prize cards

I


L'exposition de peinture

 

 

The painting exhibition

II


Ils regardent....

 

 

Spectators

III


Une vue du terrain de sport

Course de fond

 

 

A view of the Sports Ground

Long distance running

IV


La vue depuis les tribunes

View from the Gallery

 

 
 

 

Marche

Walking

V


Lancement du marteau

Hammer throw

 

 
 

 

Course de relais

Relay, changing zone

VI


Courses de fantaisie

 

 
 

 

Fancy races

VII


Chez

 

 

At home

VIII


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